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Christoblog

Trois souvenirs de ma jeunesse

Il y a de plus en plus un air de Truffaut dans le cinéma de Desplechin. 

Je ne parle pas seulement de ce qui a été si souvent signalé : l'identification entre Desplechin / son personnage récurrent Paul Dedalus / son alter ego Mathieu Amalric, qui ressemble par bien des aspects au trio Truffaut / Antoine Doinel / Jean Pierre Léaud.

Je veux plutôt évoquer cette façon de faire du cinéma qui m'apparaissait souvent chez Truffaut comme anti-moderne. Alors que bien des cinéastes expérimentaient des formes plastiques radicalement modernes, Truffaut filmait tranquillement des histoires à l'ancienne, alternant simplement les sujets et les styles. 

Desplechin fait la même chose : après un épisode américain sur un sujet très spécifique (Jimmy P.), le voici de retour dans un genre qui lui colle à la peau, le drame romantique au long cours. Il y a dans Trois souvenirs de la jeunesse des afféteries passéistes qui se moquent de la modernité en souhaitant probablement nous replonger dans l'époque (ce split screen 70's, ces fermetures et ouvertures à l'iris entre les plans).

Et puis, Desplechin comme Truffaut, s'avèrent être avant tout des cinéastes de l'Amour. Si le premier et le deuxième souvenirs de ce film sont agréables à regarder (mais somme toute anecdotiques), c'est bien dans le troisième et long volet que Desplechin trouve à exprimer son souffle dramatique et romantique. 

Il faut le dire : le personnage joué par Lou Roy Lecollinet est un magnifique personnage de cinéma. D'abord sirène hyper sexuée dominant une tribu de petits cons qui paraissent avoir 10 ans de moins qu'elle, elle devient progressiment une amoureuse transie, puis une provinciale délaissée par un jeune homme qui fait son chemin intellectuellement. Ce n'est d'ailleurs pas le moindre mérite du film de donner à voir le temps qui passe, les trahisons, déceptions et tromperies qui y sont associées.

Le film de Desplechin est comme une sorte de point médian dans le cinéma français actuel : l'égocentrisme d'Assayas, un substrat générationnel qui rappelle Klapisch, et l'ombre tutélaire de Truffaut qui plane.

C'est très réussi, à défaut d'être absolument génial.

Arnaud Desplechin sur Christoblog :  Un conte de Noël (****) / Jimmy P. (**) 

 

3e

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I
Je l'ai vu hier mais je découvre seulement maintenant qu'il y avait un lien avec un film précédent !! J'ai été étonnée qu'on ne creuse pas plus la partie avec Amalric et l'histoire d'espion. C'est peut-être pour ça alors que ça m'a un peu déroutée... Finalement je n'ai pas très bien vu pourquoi le film partait un peu dans tous les sens alors que l'histoire d'amour du Paul jeune phagocyte tout au bout d'un moment (effectivement, les chapitres précédents sont anecdotiques). Je me suis tout de même laissée prendre par cette belle histoire, justement, notamment grâce à Quentin Dolmaire, grande révélation pour moi, dont je suis sûre qu'on n'a pas fini d'entendre parler !
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C
Tu as raison. Les similitudes entre la diction de Quentin Dolmaire et celle de Mathieu Almaric sont de plus incroyables...
M
j'avoue que je n'ai pas été convaincu par l'actrice. Si je la compare à Emmanuelle Devos, le compte n'y est pas. En tout cas, je remercie A Desplechin de ne pas avoir pris Vincent Lacoste pour le rôle principal, ni pour un autre rôle d'ailleurs.
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