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4 novembre 2011 5 04 /11 /novembre /2011 07:49

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l-exercice-de-l-etat-2011-3-g.jpg

 

 

Une carrière politique ascendante, les compromissions entre les idéaux et la dure réalité du terrain, le rôle des communicants et des spins-doctors : deux films abordaient de front le monde politique cette semaine. Cet Exercice de l’état, donc, petit film français discret et  Les marches du Pouvoir de Georges Clooney, gros film américain à casting clinquant et revenant du festival de Venise. La comparaison est inévitable et elle n’est – ô surprise- pas à l’avantage du VRP de café en capsules. Là où Clonney était pataud, clicheteux, ennuyeux et sans envergure, ce film est incroyablement fin, précis, passionnant et plein de surprises


Dès la première scène onirique, le réalisateur combine avec une habileté diabolique son cocktail, entre prise forte sur le réel, et ce qui semble parfois n’être qu’un grand cauchemar à rallonge, manière de souligner l’artificialité et l’éloignement de ces vies, bien loin de toute forme de réalité quotidienne.

 

Un des grands mérites du film, c’est son refus du simplisme. Aucun de ses hommes politiques n’est un salaud fini, chacun semble se battre à la fois pour sa place, mais aussi parfois pour ce qu’il croit. Plutôt que de tous les jeter dans le même sac, Pierre Scholeller décortique, analyse les jeux de pouvoirs, les relations de Palais, le rôle de spin doctors, ces hauts fonctionnaires  qui changent de champions et de ministères. Le réalisateur ne condamne pas, il questionne, observe, intègre les cercles de décision. C’est rafraichissant, stimulant, et porté avec toute la finesse et la hargne nécessaire par Olivier Gourmet et Michel Blanc.  

 

Car la compromission est ici finement amenée, progressive, presque implacable. Doucement, l’étau se resserre autour d’un ministre qui va devoir petit à petit prendre sur lui malgré ses éclats ou ses coups de gueule. On apprécie la précision du montage dans la reconstitution de journées marathon, pendant lesquelles on voit passer des images qui ne sont que trop familières. Monsieur le ministre sur les lieux du drame. Monsieur le Ministre fait ses communiqués. Monsieur le Ministre attend l’arbitrage de Matignon après s’être écorché avec son collègue du budget par radio interposée.

 

Ce jeu d’acteur qui se transforme en jeu de massacre nous amène presque dans le polar, voire dans le film fantastique. Chaque fois que le ministre « sort », c’est l’occasion d’une scène incroyable, inattendue, que ce soit sur cette autoroute déserte, ce dramatique accident de car dans la neige ou encore cette mémorable cuite dans la caravane de son chauffeur.

 

Un film admirable, intelligent, percutant et brillant. Une vraie fierté nationale. 

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commentaires

T
Bonjour.<br /> Je réagis sur votre analyse que L'Exercice de l'Etat a le mérite du refus du simplisme, et notamment que, je cite "aucun de ses hommes politiques n’est un salaud fini" (etc.). Mais... Où<br /> mettez-vous le curseur? Certes, ils ne semblent pas tuer père et mère au sens propre devant nous, ni penser uniquement à faire rentrer des sous (même pas au motif de financer une campagne<br /> électorale). Mais le reniement de la parole donnée (les promesses n'engageant que ceux qui les écoutent/les entendent/les croient) et l'application des rapports de force purs et durs vont bon train<br /> (comme dans la vie, me direz-vous?). En tout cas, il ne me semble pas évident que, à l'exception de Gourmet qui est le centre du film, les autres hommes politiques esquissés soient à créditer de<br /> convictions solides liées à ce qu'on appelle l'intérêt général et le sens de l'Etat - soient à créditer d'autre chose que la seule envie de durer à leur poste.<br /> Si pour ma part j'ai vraiment bien aimé ce film, c'est davantage pour les "comment" qu'il montre au spectateur que pour les "pourquoi" (qui ne me paraissent pas évidents...).<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez Dasola
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D
<br /> <br /> C'est vrai qu'à part Gourmet, les autres ne sont pas spécialement brillants. Mais le film est quand même centré sur Gourmet, Blanc et Breitman, et ces trois là font preuve de beaucoup de nuance.<br /> En tous cas, beaucoup plus que dans la plupart des films politique,s il n'y a qu'à voir celui de Clooney sorti au même moment...<br /> <br /> <br /> <br />
C
Les soeurs, ah non tiens je ne l'ai pas lu celui ci. Celui que je t'ai recommandé c'est Legendes, son bouquin suivant La Compagnie.<br /> <br /> De ses plus vieux romans je n'ai lu que Le fil rouge, que j'avais moins apprécié. Apres, y'a pas à dire, c'est sans doute le meilleur écrivain d'espionage du moment mais à trop en lire, on perd un<br /> peu l'excitation.<br /> <br /> Ceci dit, Legendes vaut le detour, et en particulier pour une scene que je ne peux te decrire mais qui est vraiment exceptionnelle.
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C
Je reposte ici ma petite critique que j'ai partagé avec un ami (à qui j'ai d'ailleurs fait découvrir ton blog).<br /> <br /> <br /> J’y allais donc en ayant lu beaucoup de bien à son sujet, dans l’esprit de cette « surprise contrôlée » qui m’est chère, une non-surprise donc, ou alors une surprise qui n’offre que de l’upside aux<br /> films potentiellement « moyens » (Tintin) et du downside aux films vraiment bons. L’Exercice de l’Etat entre clairement dans cette seconde catégorie.<br /> <br /> C’est un film intelligent, bien écrit, souvent habile dans la nuance, des personnages bien écrits et formidablement interprétés (Olivier Gourmet et Michel Blanc sont formidables), j’imagine<br /> crédible et fidèle à une certaine réalité. Quelques morceaux de bravoure (Michel Blanc déclamant du Malraux,…), quelques tirades et formules chocs (« 50 sur une tête d’épingle ») sont très bien<br /> amenés et font passer le message du film dans la subtilité. Le montage et la lumière très froide donne un côté souvent glacial au film, qui le rend sans doute difficile d’accès mais lui confère une<br /> vrai personnalité.<br /> <br /> La petite déception vient peut être de ces quelques scènes longues et différentes, qui cassent le rythme, en particulier la très longue scène de l’accident, trop chargée dans la symbolique ? Au<br /> final, je suis donc sorti de la salle vaguement déçu mais avec le sentiment que le film mérite vraiment qu’on s’y attarde.
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D
<br /> <br /> Moi, je trouve que ces scènes donnent de l'intérêt au film, en le faisant sortir du cadre pour aller vers quelque chose de quasi onirique. C'est très dur à faire, et pour le coup, très<br /> réussi. <br /> <br /> <br /> Du beau boulot<br /> <br /> <br /> Et sur un tout autre sujet, il me semble que c'est tpoi qui m'avait conseillé "Les soeurs" de Robert Littel... merci du conseil, je viens de le finir, et c'est effectivement brillant. Y a un film<br /> à faire ! <br /> <br /> <br /> <br />
C
Miracle trop rare, joie à partager: l'Exercice de l'Etat passe ce vendredi dans le cadre d'un festival du film francais, en présence de Zabou Breitman.<br /> Verdict samedi donc (j'y vais bien sur déjà conquis).
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D
<br /> <br /> Je suis à peu près sur que ça te plaira. Cela dit, le film ne fait pas l'unanimité non plus, donc wait and see (Charly, par exemple, a vraiment pas aimé...)<br /> <br /> <br /> <br />