• [Critique] Les Boxtrolls

    [Critique] Les Boxtrolls

    Inspiré par Les Chroniques de Pont-aux-Rats d'Alan Snow, Les Boxtrolls représente le troisième long-métrage d'animation des studios indépendants Laïka. Spécialisé dans le stop-motion, Laïka opte une nouvelle fois pour ce choix artistique après ses deux premiers essais : Coraline de Henry Selick, un petit chef d'oeuvre, et L’Étrange pouvoir de Norman, un échec au box-office mais une vraie réussite cinématographique. Après Sam Fell et Chris Butler, c'est au tour d'Anthony Stacchi (Les Rebelles de la Forêt) et Graham Annable de prendre la caméra pour plonger dans l'univers atypique des Boxtrolls. Même si l'on devine immédiatement que des concessions ont du être faites pour plaire au grand public et éviter un nouveau four au box-office, le long-métrage reste tout de même une bouffée d'air frais dans le paysage de l'animation moderne.

    Cheesebridge est la capitale du fromage. Tout dans la ville tourne autour de sa fleurissante industrie du fromage sur laquelle règne les fameux chapeaux blancs. Seulement voilà, sous ses rues pavées et entre ses maisons aux allures victoriennes, Cheesbridge abrite de petites bestioles peu communes : des boxtrolls. Pour débarrasser de cette vermine qui a, dit-on, kidnappé un bébé humain, Archibald Trappenard propose à Lord Belle-Raclette, le plus grand des chapeaux blancs, de débarrasser la ville de ces infâmes créatures. En échange, il ne demande qu'un simple ticket d'entrée dans les plus hautes sphères de la ville : son propre chapeau blanc. Mais loin des regards, les Boxtrolls s'avèrent beaucoup plus humains que leur réputation ne le laisse entendre. Au sein de leur décharge souterraine, Poisson, Roulettes, Bassine et les autres élèvent le petit Oeuf, ce jeune garçon humain que le destin a placé entre leurs mains. Désormais, pour empêcher l'extermination des Boxtrolls, Oeuf doit unir ses forces avec Winnie, une jeune noble de la surface.

    Ce qui réjouit à chaque fois avec les productions Laïka, c'est ce refus systématique de tomber dans la 3D devenue monnaie courante chez (presque) tous les autres. Quand les studios Ghibli tentent désespérément de garder vivant la splendeur du dessin-animé en 2D, Laïka offre une alternative plus atypique au "tout-synthèse". Les Boxtrolls ne font pas exception à la règle, on retrouve instantanément cette patte artistique léchée et étrange qu'on avait déjà dans Coraline et Paranorman. Intégralement en stop-motion, magnifiquement pensé sur le plan du character-design avec ses personnages cradingues et filiformes, le long-métrage flatte l’œil du spectateur tout en permettant de s'immerger dans un univers plein de caractère. La réussite est d'autant plus grande que l'on se hisse au niveau de Coraline au niveau de l'atmosphère crasseuse et très victorienne (CheeseBridge est une ville victorienne jusqu'au bout de ses égouts) et de cette espèce d'ambiance steampunk-light des machines conçues par Archibald. Définitivement, sur le plan visuel autant que sur celui de l'univers représenté en général dans le film, Les Boxtrolls est une éclatante réussite qui ravira petits et grands.

    Penchons-nous donc sur le reste, c'est à dire l'histoire et ses protagonistes. Même si cette fois le long-métrage fait appel à certains ressorts dramatiques plus grand public, il n'en reste pas moins fabuleux, notamment dans sa première partie où l'on dresse un portrait absurde mais délicieux d'une ville où le fromage fait loi, pour ainsi dire. Cependant, les vrais héros de ce long-métrage, ce sont forcément les boxtrolls eux-mêmes. Incompréhensibles avec leur langage fait de grognements et de grincements, les petites créatures font des étincelles dès les premières minutes du long-métrage. Cela grâce à une succession de séquences sans dialogues intelligibles entre Poisson et Oeuf, le petit humain. Carrément touchées par la grâce, celles-ci renvoient aux passages muets de Wall-E ou Là-Haut avec une tendresse et une humanité étonnantes. La relation qui se tisse entre les boxtrolls, le spectateur et Oeuf procure un plaisir de plus en plus intense au fur et à mesure que l'histoire avance et que les réalisateurs profitent des possibilités offertes par des personnages aussi hauts en couleur et atypiques. En s'attardant sur des thèmes aussi fédérateurs que l'amour au-delà des différences, le besoin de reconnaissance ou simplement la relation père-enfant, les Boxtrolls trouve un certain équilibre délicat entre orientation grand public et petites surprises audacieuses. Pour cela, le film peut remercier ses personnages, notamment son méchant aussi drôle que repoussant, qui n'hésite pas à se travestir en diva douteuse ou à employer des hommes de mains truculents pour arriver à ses fins. Mentionnons d'ailleurs que parmi ceux-ci, Mr Poireau et Mr Truite vous tireront quelques sourires dans leur questionnement sur le bien et le mal qui semble en total décalage avec le reste du métrage.

    Ce troisième film est une nouvelle réussite pour les studio Laïka.
    En conservant le charme visuel atypique et l'ambiance si particulière des précédents, tout en s'ouvrant un peu plus traditionnellement au niveau de ses péripéties, Les Boxtrolls procure une histoire dépaysante et des personnages succulents.
    Vous n'avez plus aucune raison de le rater !

    Note : 8,5/10 


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  • Commentaires

    1
    Samedi 22 Novembre 2014 à 09:52
    Gromovar

    Voui. Tout d'accord.

    2
    Samedi 22 Novembre 2014 à 11:24

    Gromovar Approved quoi !

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