mardi 15 avril 2014

Only Lovers Left Alive, ->"Vamp Ailleurs"

Poésie punk et spleen romantique sont au programme du dernier film en date du réalisateur Jim Jarmusch qui s'est un planté au box-office un peu partout dans le monde. Présenté en compétition au dernier Festival de Cannes, Only Lovers Left Alive est sorti tardivement en salle dans l'indifférence totale. Cinéaste underground new-yorkais originaire de l'Ohio, le travaille de Jarmusch est pratiquement composé de films devenu cultes au fil des années après des sorties fantomatiques. C'est à lui qu'on doit Ghost Dog, Broken Flowers, Down By Law et Dead Man. Cinéaste underground, on disait (voire même hipster), Jim Jarmusch a bâti sa carrière sur des choix et des motivations hétéroclites.Le budget de son tout premier film avait directement trouvé sa source dans la bourse d'études du réalisateur lorsqu'il était à la faculté de Cinéma de New-York. Bref, Only Lovers Left Alive est l'une des dernières victime la loi sans pitié du public, qui a complètement fait l'impasse sur ce film. Ce qui est vraiment dommage puisque, après toutes les relectures à l'eau de rose du genres, Jim Jarmush nous offrait un VRAI film de vampire, avec leur mal d'être quant à leur immortalité et leur tendance anthropophage. D'une  grande beauté esthétique et visuel, ce film dresse le portrait d'un couple de vampires en voie de disparition au 21ème siècle. Tout sonne à la fois drôle, décalé et dramatique. Une superbe composition de la part du réalisateur qui dresse également son amour pour les arts, de la musique à la littérature sur près de quatre siècles. Dans un rôle, dont le cinéaste affirme avoir écrit pour elle, Tilda Swinton donne la réplique à Tom Hiddleston, Anton Yelchin, Mia Wasikowska et John Hurt. Figurent également au casting Jeffrey Wright et Slimane Dazi.

À la fois poétique, onirique, glam, sombre et décalé, Only Lovers Left Alive s'inscris pleinement dans la filmographie de son réalisateur, ainsi que dans sa galerie de personnages: Blazés, stoïques, presque macabres. Les deux protagonistes vampires, Adam et Eve (oui c'est vrai, que Jarmusch aurait pu être plus inspiré pour leur prénoms), sont surement aussi vieux que le monde. Au XXIème siècle, ils sont un peu lessivés de l'existence qu'ils ont mené qui a toujours été imprégnée des arts au fil des siècles passées. Ayant côtoyé de grand noms, l'appartement d'Adam est rempli d'affaires que l'on aurait pu croire dans un musée, mais qu'ils ne sont en réalité que des souvenirs. Passionné de musique (rock et classique), ainsi que de littérature et de poésie, Adam ne vit plus que pour l'art qui a marqué ces deux millénaires d'existence. Se terrant dans son appartement aux allures de grotte, ne sortant que rarement et uniquement la nuit (évidemment), Adam méprise la présence des humains, rebaptisés "zombies" pour l'occasion, dont la conduite l'exaspère au plus haut point. Il tolère seulement la compagnie de Ian (Anton Yelchin, qui côtoie pour la deuxième fois avec des vampires après le remake Fright Night), avec qu'il partage la passion des instruments et de la musique rock, et qui lui dégote deux-trois trucs de temps à autres. Cloitré dans sa déprime, Adam reçoit la visite de son amour de toujours, Eve. Des millénaires d'existence vécus côte-à-côte et pourtant, à chaque retrouvailles, c'est une idylle qui redémarre. Eve va alors partager la vie éphémère que mène Adam...
Une fresque poétique, voilà comment on pourrait résumer l'atmosphère onirique du film. Un revival de l'histoire de l'art et de la musique aux côtés de ses vampires aux look définitivement grunge, avec leur crinières aux cheveux gras, leur fringues  et lunettes de soleil vintage. Adam est compositeur, et sa carrière est certainement aussi longue que sa vie puisque, en plus d'être un artiste rock, il a signé des compositions pour des musiciens du XVIIème siècle. Il en va de même pour son entourage, puisqu'en réalité John Hurt donne corps au tragédien Christopher Marlowe, soutenant la théorie quant à l'existence du nègre de Shakespeare. Le film joue sur plusieurs références et décalage des époques de ce style. Une vision toute particulière du cinéaste, dans laquelle on reconnait son propre amour pour l'art et la musique. Voilà donc l'image que Jim Jarmusch se fait des vampires: des êtres aussi mythiques que rock'n roll avec une mentalité rétro, mal de vie pour passer le XXIème siècle. Car oui, difficile de s'abreuver pour un vampire, de traquer ses proies, commettre des meurtre de nos jours. Allant puiser dans des réserves de poches pour transfusion, les protagonistes nocturnes luttent contre chaque jour (enfin, nuit) à jeun... Pleine de contraintes surgissent alors pour ces personnages pour perdurer au second millénaire, ce qui explique la voie d'extinction de l'espèce. Ancrés vers le passé, ses personnages, de plus en plus livides, déambulent dans une ville tout aussi funeste et mourante. Ancien paradis industriel, Detroit fait ici office de théâtre de ces évènements, tout en se distinguant comme un personnage à part entière. Le cinéaste dresse un tendre portrait de cette ville au passé et au sort du destin si singulier, que Jarmusch ne manque pas de cadrer de manière songeuse. Tout est aérien, beau, imaginatif et renversant.
Toute la créativité du film est renforcé par l'implication des acteurs. Mention spéciale à Tom Hiddleston qui vole la vedette à n'importe quel autre comédien du film. Funeste, intense, mélancolique et splendide à la fois, l'acteur sort vraiment du lot. Sa prestation est tellement remarquable qu'il crève l'écran et serait capable de porter le film à lui tout seul. Tout sonne juste chez lui, la mentalité de musicien, le mal aise de vampire et la précarité de son personnage sont interprété d'une grande force inventive. Une mutation vraiment bluffante du comédien anglais que l'on pourrait qualifier bien au delà de sa performance du personnage de Loki sous antidépresseurs.
Un portrait aussi visionnaire que singulier du cinéaste quant au mythe des créatures vampiriques. D'une poésie et d'un humour décalé rare, Only Lovers Left Alive se distingue vraiment par sa thématique, son exercice de style et l'inspiration du casting. Un film d'une grande classe qui ne démérite vraiment une deuxième vie en sortie DVD.

Note:4/5

jeudi 10 avril 2014

Aime, Boire et Chanter ->"Théâtre Filmé"

Le réalisateur Alain Resnais s'est éteint ce 1er mars 2014, il aurait été l'un des cinéaste incontournable du Cinéma français en 78 ans de carrière passée derrière la caméra. Sorti le 26 mars dernier, Aimer, Boire et Chanter aura été son film posthume, qui vient clôturer une filmographie bien riche, et incontournable pour les cinéphiles de la planète entière. On lui doit notamment Hiroshima, Mon Amour, Smoking/No Smoking, On Connaît la Chanson, Stavisky et dernièrement Vous n'Avez Encore Rien Vu. S'étant entouré d'une bande de comédiens habitués à son travail et récurrents au cours de sa filmographie (Sabine Azéma, André Dussolier, Pierre Arditi, Gérard Depardieu, Lambert Wilson, Michel Piccoli, Michel Vuillermoz...), Resnais aura fondé une grande famille de cinéma. Également scénariste et monteur, Le réalisateur de Nuits et Brouillards aura marqué une page du cinéma qui, aujourd'hui, se tourne après la disparition de ce dernier. Passionné par les arts, dont la peinture, la photographie, la littérature et le théâtre qui ont nourri son oeuvre. Son dernier film fait l'objet de l'adaptation de la pièce anglaise Life of Riley de Alan Ayckbourn, déjà deux fois adapté par le cinéaste. Comme à son habitude, le réalisateurs s'est entouré de quelques uns de ses habitués. Ainsi, dans Aimer, Boire et Chanter, Sabine Azéma donne la réplique à Michel Vuillermoz, Hippolyte Girardot et André Dussolier. Deux nouvelles s'ajoutent au casting: Sandrine Kimberlain et Caroline Sihol qui viennent donc prendre part à cette comédie de moeurs dans la campagne anglaise du Yorkshire.

Trois couples d'amis sont rongés par le sort de leurs ami en commun, George Riley. ce dernier est atteints d'un cancer. Pour soutenir leur ami dans cette épreuve, ils décident de monter une pièce de théâtre. L'heure est alors à la réanimation des vieilles querelles de ces dames qui vont faire jaser leurs époux. George devient alors pour chacun d'eux l'ami à la fois fidèle et exaspérant par son grand pouvoir de charme auprès de la gente féminine...
On aime ces personnages aux théâtre, leurs manières pleine de défauts, derrière un voile de conduite morale démagogue. À huis-clos, la pièce sonne le coup des règlements de comptes des écarts de chacun. Rancune de camaraderie, de jalousie ou de couple tout y passe et se marie extrêmement bien avec le contexte de la pièce. L'oeuvre originale devrait être extrêmement savoureuse. Dommage que ce que l'adaptation du réalisateur lui réserve soit si pauvre... On pense bien que la croisée des arts scéniques avec ceux de l'image soit chère à Resnais. Toutefois cette mise en abîmes du théâtre au cinéma n'est pas très novateur. "Théâtre filmé", c'est le terme qui convient le mieux pour décrire l'esthétique du film. Quelques prises de vue réelles par ci par là, qui viennent faire la liaison entre les différentes scènes et actes du scénario de la pièce porté à l'écran. Le reste se déroule dans des décors bien artistiques et manuels, propres aux planches de théâtre. Même si c'est cocasse un moment, l'ensemble des décors devient vite banal. Ce sont pleins d'exemples de ce détail là qui nuisent à l'originalité du travail d'adaptation de l'oeuvre original: Des codes du langage théâtral mal retranscris au cinéma, qui finissent pas excéder les spectateurs. Il y a une vraie prise de liberté risquée quant aux effets de style qui ne paye pas vraiment. Resnais se contente de prendre des plans d'ensemble pour cadrer tout l'espace de la scène, et d'un seul coup, il passe en plan rapproché avec une effet visuel sur fond vert mal incrusté...
Bref la séparation entre les deux arts reste trop flou, même si la mise en abîmes de ces derniers est clairement voulue par le metteur en scène, qui se cantonne à placer deux trois allusions au 7ème art dans son dernier long-métrage. Ça fait quand même sourire, mais on ne tarde pas à trouver cela un peu dénué de sens. On a même droit aux fameux animal des films de Resnais qui vient s'incruster au milieu des personnages, une (fausse) taupe qui sort du sol. L'autre inconvénient majeur de cet exercice de "théâtre-filmé" réside dans la direction des acteurs qui sonnent un peu (trop) comme sur scène, à pousser la voix dans l'exagération. Si Bertrand Blier en a fait son style de mise en scène pour ses comédies noires, ici, ça n'arrange pas la cohérence du film. Exception faite pour trois des comédiens: Sandrine Kimberlain, André Dussolier et Michel Vuillermoz qui s'en sortent à merveille malgré la contrainte.
Toutefois, il ne peut s'agir que de petits détails sur lesquels, on peut chercher à tergiverser, l'essentiel de l'esprit de la pièce étant préserver, notamment autour de la présence du personnage de George à travers l'ouvrage, qui est bien au centre des discussions et des discordes sans apparaître une seule fois à l'écran. Il y'a quand même, il faut le souligner, un plaisir communicatif de la part des acteurs et de l'équipe technique à s'investir et concrétiser  ce dernier film de Resnais, puisque que le projet Arrivée et Départ, avec Azéma, Sihol et François Damiens est désormais orphelin.

Note: 3/5

mercredi 9 avril 2014

Captain America, Le Soldat de l'Hiver ->"The Star-Splangled Soldier"

ATTENTION: SPOILERS
Nouvel opus des aventures du tout premier héros de Marvel, Steve Rogers, paré pour ses missions 2.0 après Avengers, ressort la combi de Captain America pour affronter un organisme qui gangrène le S.H.I.E.L.D, l'occasion pour creuser les personnages de Nick Fury et de Black Widow, afin d'en savoir plus sur la Phase 2 des studios Marvel. Réalisateurs fanboys du comic-book original, les frères Anthony et Joe Russo sont aux commandes de ce deuxième volet qui était sensé combler les fans du plus patriotique des super-héros et les nostalgiques des thrillers politiques des années 70's, d'où la présence de Robert Redford au casting. Car à l'aube de ce deuxième volet, il y avait la volonté du patron des studios Marvel de rendre hommage à ces films en bâtissant Le Soldat de l'Hiver sur le même modèle, tout en préparant le terrain pour la suite (dantesque) de la Phase 2 de l'univers Marvel... Bref, un film prétendant tenir à de nombreuses promesses en 128 minutes, mission un peu plus risquer que celle de Captain America qui revient distribuer des mandales dans le but de démanteler un réseaux de corruption au sein de son agence.

Il y a là un vrai pari de la part des studios, non seulement vis-à-vis des fans mais aussi vis-à-vis d'eux même. Depuis 2011, la franchise Captain America reste un peu le terrain glissant. Bien que le personnage soit une icône emblématique sur le sol américain, peu de personne ont été clientes des premières aventures de Steve Rodgers. Captain America: First Avenger avait amassé une rentabilité correcte au box-office, mais bien en dessous des attentes. Pourquoi ça? Surement parce que outre-Atlantique, les spectateurs s'ont un peu étrangers à la genèse du mythe (ou au mythe de la génèse) de Captain America. À croire qu'une force herculéenne, un bouclier-projectile et un mental de stratège brave et de leader ne rivalisent pas avec une armure volante ou un marteau foudroyant. Et pourtant, Captain America est peut-être le personnage le plus clef de la franchise Avengers. Comme pour le précédent volet, c'est lui qui est indispensable pour ouvrir sur les Avengers, et ce rien que par ces qualités. Élément-phare à la construction pharaonique de l'oeuvre de Marvel au cinéma, le deuxième film mettant en scène Steve Rogers solo était donc inévitable. Faute n'est pas d'avoir essayer de la part des studios de Feige d'avoir rendu le film attrayant avec les enjeux annoncés précédemment. Toutefois, le résultat final est bien loin de ressembler à ce que l'on pouvait s'attendre. Le côté thriller politique a clairement été laissé de côté pour faire place un film d'action standards (avec des scènes et cascades bien stylés, il faut le reconnaître) afin de rassasier le public mainstream client des blockbusters. D'un autre côté, l'aspect de creuser le passé de Fury et de Black Widow est aussi complètement aseptisé, on reste gravement sur notre faim au vu de ce que la promo du film semblait annoncé. Ah si, Natasha Romanoff et Steve Rogers en pincent l'un pour l'autre mais apparament le public et le seul à l'avoir remarquer...
Cependant, Captain America, Le Soldat de l'Hiver est bien loin d'être dénué de tout intérêt. À défaut d'être un film d'action standard sans vraiment de style novateur. Le film est peut-être l'un des meilleurs à s'être pleinement ancré dans la saga Marvel. Sans faire dans le fan-service, Le Soldat de l'Hiver fait (ré)apparaître des personnages bien cools (excepté le bad guy joué par Redford, tellement réchauffé qu'il en devient exaspérant), et qui participe à donner un avant-gout aux futurs opus de l'écurie Marvel. Par conséquent, malgré les 70 ans qui séparaient les deux films, le pont entre le premier et deuxième volet est parfaitement
établi. En plus de revoir Bucky Barnes, laissé pour mort à la fin du premier Captain America et devenu le fameux Soldat de l'Hiver (un personnage important pour ce qui est à venir puisque l'acteur, Sebastian Stan a signé pour 9 films avec Marvel, alors que le contrat de Chris Evans devrait se terminer avec Captain America 3, qui devrait arrivé après le deuxième Avengers), on retrouve l'Agent Maria Hill, jouée par Cobie Smulders. Après de brèves apparitions aux côtés de l'Agent Coulson dans le premier Avengers, le personnage de Hill passe enfin à l'action lors du dernier acte du film. De plus, ce film contient la première apparition du Faucon (joué par Anthony Mackie). Du beau monde qui s'affiche donc, ce qui convient parfaitement aux critères que Marvel à décider de remplir avec ce film, à savoir, mettre en lumière la suite de la Phase 2. Le tout d'un esprit kitsch propre au comic-book. La patte de Joss Whedon se fait clairement ressentir, lui qui avait contribué à rendre Thor: Le Monde des Ténèbres bien plus fun que le premier. En tout cas, cette recette semble avoir bien fonctionné puisque Captain America a explosé son record d'entrées et même devancé le premier Thor.
L'atout principal de Captain America, Le Soldat de l'Hiver réside vraiment sur ces derniers points: Renouer avec l'esprit du comic et se dévoiler comme un grandiose prequel de la suite de la Phase 2, notamment à travers les scènes post-génériques. Car les liens avec Avengers: Age of Ultron ont été fait. Puisque Von Strucker (l'un des bad guys du deuxième volet) a été montré aux côtés de Quicksilver et de Scarlett Witch. Faut-il même y voir une connexion avec les X-Men? Probablement... Car les connexions entre les Avengers et les Gardiens de la Galaxie sont déjà connu depuis la fin du deuxième volet de Thor et du lien entre le personnage de Gamora (Zoe Saldana) et Thanos (grand méchant du premier Avengers). De même que le Doctor Strange est également mentionné pour la première fois (film pour lequel Marvel aimerait bien voir Johnny Depp dans le rôle-titre). Quoiqu'il en soit la suite des évènements chez Marvel Studios va devenir sacrément mouvementé et prendre des proportions inattendues... Le meilleur reste avenir!

Note: 3,5/5

The Canyons, ->"American Rigolo"

Paul Schrader peut être considéré comme un vétéran du Cinéma. il entame sa carrière au côtés des cinéastes du Nouvel-Hollywood, il collabore notamment avec Sidney Pollack et Martin Scorsese (dont il signe les scénarios de Taxi Driver et de La dernière Tentation du Christ), il passe à la réalisation, en 1978, avec Blue Collar, un drame avec Harvey Keitel. Par la suite, il réalisera des films cultes comme American Gigolo et Mishima. Plus ou moins controversé au long de sa carrière, Schrader, aujourd'hui, peine à faire distribuer ses films (son film de guerre, Adam Resurrected, est prévu pour finir en direct to dvd un peu partout sur la planète). 2014 voit son retour avec un film terminé l'année précédente, The Canyons. Pour l'occasion, Schrader s'est associé avec Bret Easton Ellis, écrivain tout aussi controversé, notamment pour son roman American Psycho. Remarqué à son passage à Venise l'an dernier. La production et la distribution de The Canyons sont assez symptomatiques du cas de Paul Schrader sur ces dernières années de sa carrière. Avec un budget d'un quart de million de dollars, le réalisateur s'est retrouvé contraint à lancer un crowdfunding, récupérant à peine plus de la moitié de la somme accordé par les studios. Ainsi, les costumes, accessoires et décors mobiliers du film appartenaient aux membres de l'équipe du film. Un récit de fabrication tumultueux et deux noms qui aiment faire dans l'incovenance étaient à l'affiche de ce film qui semblait alors annoncer du lourd, en perspective...

Au programme de The Canyons, adultère, obsession, ego, paranoïa, ivresse, sexe et règlements de comptes, le tout dans un milieu hollywoodien tapageur. Des couples qui ont tous un pied dans le cinéma se déchirent mutuellement pour cause de l'ego, et de la passion de chacun. La psychose des personnages est facilement abordable puisqu'elle a déjà été vu plusieurs fois au cinéma. Ce qui intéressait ici, était plus la collaboration entre Ellis et Schrader, censé livrer un film des plus sulfureux...
Soit, un jeune producteur épris de sa copine actrice, amoureuse d'un acteur amateur, qui lui simule une relation avec l'assistante du producteur même. Tromperie, supercherie, trahisons et une bonne dose de cul font le théâtre de The Canyons. Chacun se lance dans le jeu pervers (dans tout les sens imaginables du terme) de l'autre. Rapidement, l'ensemble du délire des protagonistes va déraper... Ok, on a compris le message mais à l'arrivée que reste-t-il? Et bien une véritable déception. Malgrès les deux noms rattachés à l'affiche le résultat de leur complicité le résultat n'est pas vraiment celui attendu. Bien que les personnages sombrent dans l'aliénation et la violence, le film sonnerait presque trop... gentil. On repassera pour le côté méphistophélique de la chose, rien de vraiment visionnaire  ou virtuose dans la réalisation, et rien de bien neuf au niveau de l'écriture. De plus, le réalisateur s'essaie même à des trucs qui n'ont pas vraiment de sens. En effet, deux regards-caméra de la part des comédiens semblent vraiment wtf? et n'ont pas vraiment d'impact sur le film. Rien de vraiment risible mais  plutôt clairement prévisible. On avoue regretter de ne pas avoir été plus surpris, choqués ou dérangés par les mêmes plumes qui ont donné naissance à Travis Bickle et Patrick Bateman. À la fin de la projection, il y a clairement la frustration d'avoir le ressenti d'être passé à côté de ce qui aurai pu être le "nouveau Mulholland Drive", comme le clamait le journal The Examiner.
Toutefois, le film n'est pas détestable pour autant, en réalité il s'agit d'un thriller plutôt correcte avec des éléments à conserver. Dans un premier temps, les acteurs sont assez bon. Lindsey Lohan, à des années lumières de ses rôles Disney, reste convaincante et la prestation de James Deen se révèle intense, sans être exceptionnelle. mais surtout, c'est la thématique que le cinéaste rattache à son film qui est captivante. Schrader opère une mise en abîme du 7ème Art, d'abord parce qu'il est question de fabrication d'un film au sein d'un univers hollywoodien mondain tapageur, mais surtout parce qu'il fait la métaphore d'un art qui se meure. Plusieurs salles de cinéma en ruine laissées à l'abandon sont filmé pendant la séquence d'ouverture. La cinématographie s'éteint comme pour la pellicule, qui se fait ronger par les innovations technologiques (le numérique) qui accaparent déjà tous les protagonistes au fil des scènes, dont la première, dans un resto, ou deux des personnages sont rivés sur leurs smartphones pendant la discussion. Cet mise en abîme donne de l'ampleur  et une dimension ouverte au film. un point fort que Gus Van Sant vient renforcer le temps d'une apparition dans une scène où il joue un psy.
Somme toute, The Canyons est victime de son affiche trop clinquante pour ce qu'est le film au final. Sans être une masse de temps perdu, le film détient quelques arguments savoureux qui peuvent valoir les cents minutes de visionnage.

Note: 3/5

mardi 8 avril 2014

Her, ->"Romance 2.0 +"

Après 3 ans d'absence, Spike Jonze revient au long métrage avec cette romance originale. Une comédie dramatique donc, inscrite dans l'ère du temps... futur. Her serait presque un film de SF, dans une période proche, pour tout dire. Dans cet univers de Spike Jonze, le hardware est plus que présent dans notre quotidien, elle semble être de plus en plus interactive, voire même humaine... Meilleure scénario aux Golden Globes et aux Oscars et prix d'interprétation féminine au Festival de Rome pour Scarlett Johansson, Her s'est déjà fait remarqué comme un des films incontournables de l'année. Et pour cause? Voilà un curieux objet de cinéma, dont le pitch semble abracadabrant et pourtant tellement ancré dans l'ère du temps. Au casting, on retrouve Joaquin Phoenix dans le rôle principal, Amy Adams, Rooney Marra, Olivia Wilde, Chris Pratt et donc Scarlett Johansson qui signe une performance vocale... ahurissante.

Dans la vie Theodore (Phoenix), angelin déprimé au coeur sensible, tout semble rose. Les décors sont superbement mis en lumière par le chef op' Hoyte Van Hoytema qui donne presque un reflet de bonbon à l'image. La cosmogonie du film mélange agréablement des éléments rétro (comme les fringues) avec des éléments plus futuristes. Jonze fait partie, comme Michel Gondry, de ces cinéastes "bricolos" qui
retravaillent décors et accessoires de façon à offrir une "réalité" plus fantaisiste, ce qui donne plus de charme à leurs long-métrages. Toutefois son personnage se tapi dans sa tristesse suite à un divorce dont il ne se remet pas. C'est alors qu'il se procure un système informatique ultra moderne, qui ferait passer Siri pour un logiciel archaïque, qui s'accompagne de Samantha, une I.A très performante qui s'accorde avec la personnalité de Theodore. Les deux protagonistes deviennent rapidement complice te entame alors une idylle dont l'adjectif n'est pas encore inscrite dans le dico. Mais a raison de son intelligence presque (sur)humaine, les besoins et désirs de Samantha vont prendre des proportions inattendues...
J'ai beaucoup aimé Her pour plusieurs raisons. La première pour son esthétique et son ambiance. Ancré le spleen d'un personnage dans un univers aux images superbement léchées fait ressurgir une profonde mélancolie. La deuxième est pour le fait sociologue dont le film peut être sujet. Her souligne notre rapport à l'amour, au désir, au corps, à la place de la technologie dans nos vie et notre rapport aux autres. Le film pose un regard singulier sur tous ces aspect sans jamais prétendre en faire un brûlot. Tout est judicieusement montré et interprété. L'intelligence et l'originalité du scénario sont extrêmement séduisantes également. Dans son dernier acte, le film se conclu et s'ouvre à la fois sur une nouvel vision de cette romance si singulière. On ne peut pas parler proprement de "twist" mais ça reste une prouesse magistrale d'avoir osé une fin (ouverte) sur ce point. Il est difficile d'en dire plus sans rien spoiler.
Encore une fois, tout a été maîtrisé sur Her, à l'exemple même des acteurs, aussi investis que géniaux. Mention spéciale à Joaquin Phoenix dans un rôle qu'on aurait pu croire taillé sur mesure. Mais la prestation la plus essentiel de ce film reste celle de Scarlett Johansson. "Privée de son corps", l'actrice a certainement délivrée ici sa meilleure performance de sa carrière, tellement elle sonne juste et rend le film plus que cohérent par son investissement.

Bref un curieux objet de cinéma qui, j'insiste vaut parfaitement le détour, rien que pour comprendre toutes ces qualités qui restent difficile à exprimer une fois sorti de la salle.

Note: 4/5

True Detective, saison 1 ->"Deux Flics Ami-Ami"

HBO a fait une rentrée 2014 fracassante avec l'une de ses nouvelles création. Soit une mini-série (très) cinéphile. True Detective raconte la thème traque d'un serial ciller sur une période de près de 20 ans. Pour l'occasion, la chaîne du câble a réuni de grosse tête d'affiche: Woody Harrelson et Matthew McConaughey. Les deux acteurs texans sont les stars de ce polar qui se déroule en Louisiane  Au commandes de ce programme-choc, on retrouve le réalisateur de Sin Nombre, Cary Joji Fukanaga et le créateur Nic Pizzolatto qui avait déjà travaillé sur la version US de The Killing. Captivant, envoûtant et saisissant, True Detective ne démérite pas le succès qui lui est accordé depuis sa première diffusion, en janvier dernier. Retour sur une série brillante qui est parti pour marquer l'histoire du petit écran, qu'elle aura rendu grand...

Dans un tout premier temps, True Detective marque par l'intelligence et l'originalité de son récit. Même si le cadre dans lequel se déroule l'histoire a peut-être déjà été vu, les multiples ressorts du scénarios n'ont surement rien eu de comparable. Soit deux ex-inspecteurs de police qui sont appelé à témoigné d'une enquête qui a eu lieu 20 ans au paravant. Ce contexte de de refaire (re)surgir le passé a certainement donné son charme a la série. Au programme une alternance du récit entre deux époques, de longues séquences de flash-backs qui nous replonge dans cette enquête si particulière. Ambiance poissarde sous un soleil de plomb et des nuits aussi chaudes que le sang des protagonistes sont donc à l'ordre du jour. Pizzolatto a réussi a développé un style nerveux malgré l'énorme côté
onirique de la tournure dont prenne les épisodes. Un énorme facteur séducteur et attrayant se dégage de ces 8 heures de programme. Rien que par l'esthétique de son génériques d'ouverture, True Detective clouerait n'importe qui dans un fauteuil, les yeux rivés sur l'écran.
En bref, une vraie atmosphère de cinéma plane sur True Detective, et pourtant c'est un style bien particulier qui est développé ici, aucune influence peut être clairement relevée, même parmis les cinéaste-piliers du genre. David Fincher? Non, on est presque à l'opposé de son côté claustrophobe. Kim Jee-Woon? Toujours pas... De son sens du suspense, de l'évolution de l'intrigue et des personnages ou de ses coups de théâtre, True Detective fascine par ce qui fait son essence même.  Voilà une série qui risque de vous provoquer le plaisir pervers de re-regarder les 15 denières secondes de chaque épisodes... Palpitant(es.
En plus d'avoir comme point fort le suivi de cette enquête raconté au passé, La dynamique de la série peut se vanter de ses deux protagonistes policiers haut en couleurs, à la fois menaçants et auto-destrucifs. À travers un McConaughey macabre et un Harrelson, capable d'utiliser un gag de bib-bib et coyote comme métaphore funeste de ses états d'âme, True Detective opère une sorte de mise en abîmes de l'enquêtes à travers la psychologie tourmentée de ses personnages. Une double dynamique ultra-efficace donc, qui ne laissera aucun personnages et spectateurs indemnes.  
De plus, une réalisation très travaillée vient renforcé la richesse du scripte. De longs-plans séquences, un rythme presque lancinant font partie du style de Fukanaga. Et pourtant, le récit demeure haletant.
True Detective avait don déjà tout pour séduire, rien que dans sa première partie... Car en effet, un superbe rebondissement vient changer la donne à la fin de l'épisode 5. L'intéret de raconter cette enquête au passé prend tout son sens avec ce nouvel acte où la réalité est bien différente de ce qui est raconté. Enquête dans l'enquête, quelles sont les motivations de ce tandem de flics, qui vont au-delà de leur devoir d'inspecteur. Surprenant, éblouissant, cauchemardesque, rien ne surpasse le niveau de création et d'originalité dans l'écriture et le style de la série. Un jeux de piste aux proportions lugubres et néfastes. Le tout à découvrir avec ce duo de flic à la relation presque lunatique, au sein de laquelle un doigt d'honneur devient une marque de respect mutuelle.
Aussi inhabituel qu'attrayant, la série de Nic Pizzolatto aura moucher plus d'un spectateur. Une première saison qui s'est conclu avec brio, et qui ne peut annoncer que de bons mauvais présages pour la suite, dans laquelle on suivra une nouvelle enquête avec de nouveaux personnages. Les futures saisons annoncent un changement de formules (comme à la manière d' American Horror Story) pour au final marquer l'histoire du petit écran de son style singulier.

Note: 5/5

mercredi 19 mars 2014

Monuments Men, -> "Les 7 Salopards"

Cinquième réalisation et première incursion dans le film de guerre pour George Clooney. Après Les Marches du Pouvoir, l'acteur repasse derrière la caméra pour Monuments Men, l'histoire de sept non-soldats qui se lance dans une grande chasse au trésor à travers l'Europe en pleine Seconde Guerre Mondiale, à la recherche d'oeuvres d'arts volées par les Nazis. Pour l'occasion Clooney à réuni sa bande de pote (Matt Damon, John Goodman, Bill Murray, Cate Blanchett et Jean Dujardin). Un casting all-star pour la nouvelle réalisation de l'égérie de Nespresso.

Au départ de Monuments Men il y a clairement la liberté de renouer avec le film de guerre d'antan, ceux dont Lee Marvin ou Steve McQueen en était les star, les chef-d'oeuvres du genre qui prenait un ton comique, comme les La Grande Évasion ou Les 12 Salopards. Ainsi, pendant la première partie du film, l'esprit "film de potes" n'a rien de déplaisant et fonctionne plutôt bien. Entre alchimie et blagues multiples (allant de la farce à la private-joke), le facteur humoristique de Monuments Men fait mouche, Dujardin cabotine, Damon se fait brancher sur son niveau de français et Bill Murray fait... du Bill Murray. Sur son premier point, Clooney n'a pas défailli. Toutefois, il s'engage dans la deuxième partie de son récit vers une lourdeur qui plombe un peu l'ambiance rétro et plaisante qu'il avait réussi a instauré dans la première. Effectivement, il s'engage plus sur l'apologie de la préservation du devoir de mémoire -d'où la nécessité de récupéré les objet d'arts dérobés par les Nazis- ce qui est plus que louable, mais c'est à partir de cet instant que l'acteur-réalisateur ne trouve plus un ton adéquat à son film.
À vrai dire c'est le seul point peut être dérangeant du film. D'autre part le film se révèle plus que prenant, le récit est dynamique, la mise en scène bien rythmée. Le contrat est bien rempli par l'équipe du film, quant Monuments Men veut être drôle, il l'est. Quant il cherche des arguments de valeurs en faveur de la préservation de son patrimoine et du devoir de mémoire, il les trouve. Monuments Men n'a rien qui peut laisser dubitatif. De la bande-originale très revival d'Alexandre Desplat, de l'implication sincère du casting dans le film, les aventures de ces Monuments Men reste convaincant. De plus, Ce film est la preuve que Clooney développe un style singulier de cinéma optimiste, jovial et cordial, en qui certains voient déjà un héritier de Capra.
Un bon moment à passer en salle en compagnie de ces acteurs. Du cinéma pas trop prise de tête, mais qui donne quand même matière à réflexion sur sa thématique.

Note: 3,5/5