À l’heure de la commémoration du déclenchement de la Première Guerre mondiale, le pape François a repris – et cité – son lointain prédécesseur Benoît XV, pontife durant cette période dramatique, dans un message adressé aux représentants des diverses religions réunis à Anvers par la communauté Sant’Egidio.

« La guerre n’est jamais un moyen satisfaisant pour réparer les injustices et atteindre des solutions équilibrées aux désaccords politiques et sociaux », écrit le pape dans ce message destiné à l’évêque d’Anvers, Mgr Johan Bonny, qui accueille cette rencontre annuelle de la communauté fondée par Andrea Riccardi.

« La guerre entraîne les peuples dans une spirale de violence qui s’avère difficile à contrôler par la suite », écrit le pape dans ce message transmis en ouverture de la rencontre dans la soirée du 7 septembre : « Elle démolit ce que des générations ont pris peine à construire et prépare la route à des injustices et à des conflits qui sont encore pires ». « La guerre n’est jamais nécessaire, ni inévitable », conclut-il.

« Massacres inutiles »

« En définitive toute guerre, comme l’affirma le pape Benoît XV en 1917, est un "massacre inutile" », poursuit le pape, citant son prédécesseur dont cette année marque aussi le centenaire de l’élection au tout début du premier conflit mondial.

Le pape François estime toujours actuelle cette approche, relevant aujourd’hui « tant de "massacres inutiles" » à propos des « innombrables conflits et guerres, déclarées et non déclarées, qui affligent aujourd’hui la famille humaine ». Après la prière de l’Angélus le même jour, le pape a évoqué en particulier la situation en Ukraine, au Lesotho et en Irak.

« Aujourd’hui, nous sommes dans un monde en guerre, partout !, avait estimé le pape dans sa conférence de presse dans le vol retour de Séoul le 18 août, reprenant l’expression de « troisième guerre mondiale, mais "disséminée" ». Il devrait revenir sur ce thème des guerres le 13 septembre à l’occasion d’une visite au grand cimetière militaire italien dans le nord-est de la Péninsule, à Redipuglia.

« L’esprit d’Assise »

Le pape conclut son message aux participants de la rencontre de Sant’Egidio par un rappel de la contribution à la paix que peuvent apporter les différentes religions. Son texte fait directement référence à « l’esprit d’Assise », en référence au rassemblement interreligieux pour la paix convoqué par le pape Jean-Paul II dans la cité du poverello en 1986 et à la suite duquel s’inscrivent ces rencontres annuelles.

Contre la guerre, le pape qui avait convoqué il y a tout juste un an une veillée de prière pour la Syrie place Saint-Pierre puis une « invocation pour la paix » au Vatican en juin, insiste sur « la force de la prière ». Il mise sur aussi sur la collaboration entre dirigeants religieux : « L’heure est venue pour les chefs religieux de coopérer efficacement à l’œuvre de guérison des blessures, de résolution des conflits et de recherche de la paix », écrit-il, sans énumérer d’exemples actuels.

« Nos communautés doivent être des écoles de respect et de dialogue avec celles d’autres groupes ethniques ou religieux », affirme encore celui qui a inspiré le 1er septembre à Rome un match de football « interreligieux pour la paix ».

« Arrêter l’agresseur injuste »

Ce message à portée générale ne contredit pas la réponse précise formulée par le pape François dans sa conférence de presse du 18 août à propos des frappes américaines en Irak contre le terrorisme : « Dans ces cas où il y a une agression injuste, je peux seulement dire qu’il est licite d’arrêter l’agresseur injuste. Je souligne le verbe : arrêter. Je ne dis pas bombarder, faire la guerre, mais l’arrêter. Les moyens par lesquels on peut arrêter, devront être évalués. »