Pourquoi aime-t-on Star Wars ?

La galaxie est en émoi : la bande-annonce de Star Wars : Episode VII – Le Réveil de la Force  a été dévoilé le 28 novembre 2014, plus d'un an avant sa sortie dans les salles obscures. Chacun y va de sa petite remarque, coutumier ou non de l'univers créé par George Lucas. Pas de doute, plus qu'un événement de cinéma, c'est bien d'un des poids lourds de la culture pop dont il s'agit. Vous restez de marbre devant toute cette fureur ? Vous ne comprenez pas bien ce que ces films ont de si exceptionnels ? Cette article va tenter de répondre à vos questions en quelques points.

Donc je repose la question, pourquoi aime-t-on tant Star Wars ?

- Pour la success-story que cette entreprise représente dans l'Histoire du cinéma. L'inconscient collectif a tendance à l'oublier mais Star Wars a, à l'origine, l'ambition d'une série B. La timidité et les maladresses de George Lucas lui valent les moqueries de son équipe, qui n'a pas grande foi dans le projet. Personne ne semble comprendre ce que Lucas a en tête. Pourtant, une magie opéra et cette série B apparu au public si bien produite qu'elle redéfinit les canons des productions grand public.
On retrouve ce côté série B dans l'esthétique pulp : les transitions en volet sont à prendre comme des références aux épisodes de séries TV de science-fiction comme Flash Gordon. D'ailleurs, George Lucas voulait d'abord adapter les aventures de ce personnage avant d'écrire sa propre version de space opera, bloqué par des problèmes de droits. Certains aspects cheap de l’Épisode IV (le stormtrooper se cognant la tête, le mort tombant en se protégeant la tête) confirment la modestie sympathique du projet et lui confèrent un charme et une sincérité que peu de productions grand public ont désormais. En tous cas, la fascination pour Star Wars va au-delà du contenu des films, c'est aussi une des plus incroyables succes-story du cinéma, de celles qui projettent leur créateur incompris en visionnaire adulé.

- Pour sa dimension mythologique. Non, Star Wars ne se passe pas dans le futur. On a toujours tendance à le croire, malgré le très célèbre carton d'ouverture « A long time ago in a galaxy far, far away ». En fait, Star Wars mélange futur et passé pour livrer une histoire sans date, qui atteint la pureté d'un mythe. Les racines mythologiques du récit lui donnent l'évidence et la limpidité nécessaire à un classique (Le Seigneur des Anneaux, Harry Potter). En regardant Star Wars on est convaincu que les proportions du récit nous dépasse, influencé par l'intervention d'une conscience transcendante, la Force, qui conduit les personnages à réaliser leur destin, dans la pure tradition mythologique.
Les proportions mythologiques n'empêchent pas aux films de s'inscrire dans leur époque, George Lucas faisant beaucoup référence à l'histoire du XX° siècle. Par son emprunt stylistique à Leni Rifenstahl, par les allusions nazi des costumes impériaux et en racontant le renversement d'une République dans la prélogie (les épisodes I, II, III), Lucas fait côtoyer son récit avec celui de l'Histoire. Difficile de ne pas voir dans le découpage manichéen du monde, justifié par le postulat mythologique, une allusion à la Guerre Froide où l'opposition entre bloc américain et soviétique prenait les mêmes allures de lutte entre le Bien et le Mal 

- Pour son identité formelle. Le carton d'ouverture, le générique déroulant sur la musique étincelante de John Williams, les transitions en volet... Star Wars fait partie de ces films qui ont une identité formelle incroyablement forte, une grammaire débordante de créativité. De celle qui donne à chacun envie de réaliser sa propre version.
On est désormais immunisé, mais force est de reconnaître que Star Wars se présentait aux spectateurs avec une direction artistique ébouriffante. Des monstres, des robots, des vaisseaux tous plus intéressants visuellement les uns que les autres. Un audacieux débordement d'imagination qui présentait au public tout plein de codes nouveaux : un méchant sans visage au souffle pénible, des combats avec des épées laser, une station spatiale en forme de planète... Véritable pot-pourri d'inspirations et d'idées, Star Wars imposait son univers avec l'effronterie d'un classique instantané.
Le savant mélange de passé et de futur amena la direction artistique vers une approche désormais mainte fois réutilisée : celle d'un futur usé. En montrant le décor comme ayant déjà vécu, l'univers de Star Wars devenait plus crédible et influença la représentation de classiques de la SF comme Blade Runner, Alien ou Brazil.
- Pour sa post-production salvatrice. Sans l'apport des bruitages, des effets-spéciaux et du score grandiose de John Wiliams, il est fort à parier que le Star Wars de 1977 n'ait pas autant marqué les spectateurs. Star Wars marque le grand retour du symphonisme dans les bandes-originales, en pleine mode des synthés. John Williams réalise une composition indémodable, articulée par leitmotiv, à la manière d'un opéra; et inspire à jamais le reste des soundtracks de blockbusters. Pour réaliser les effets-spéciaux, Lucas fonde ILM, qui deviendra la référence en matière d'effets-spéciaux, maintenant partagée avec Weta. Des effets-spéciaux d'aussi bonne facture étaient déjà visible dans le 2001 de Kubrick, environ dix ans plus tôt, mais ils sont ici au service d'un furieux spectacle visuel. Cette fois, le divertissement prime. ILM remporta l'Oscar des meilleurs effets spéciaux. Enfin Star Wars serait bien peu sans ses bruitages, inventés par Ben Burtt parfois de bien curieuses manières (un micro passé devant un écran TV pour le bruit des sabres-laser en mouvement). Avec des bruitages jamais entendus, il contribua à faire de Star Wars une expérience sensorielle à part. Le montage maîtrisé, tendu, sans temps morts joua aussi un rôle dans la constitution de Star Wars en modèle de divertissement. 

- Pour la richesse de son univers dépaysant. Se plonger dans Star Wars c'est entrer dans un monde d'une richesse étourdissante. Le moindre robot croisé deux secondes, le moindre monstre entraperçu a une fiche technique complète. Cet exhaustivité de détails rend réel le monde de Star Wars, à la manière d'Harry Potter raconté avec tant d'acuité et de sincérité par J.K Rowling qu'il semble exister. Ces deux franchises représentent chacune des fantasmes geek, permettant une évasion complète dans un monde intarissable en informations. Cependant, Star Wars se distingue des autres objets cultes de la pop culture dans le fait qu'il a cherché à s'étendre au-delà de ses histoires originelles. Romans, comics, séries TV, jeux-vidéos composent l'expanded universe (ou "univers étendu") et repoussent les frontières de Star Wars, espace de création sans limite. 

- Pour son lot de polémiques. On ne peut pas parler de Star Wars sans évoquer ses fans. La moindre info relative à l'univers est capable de provoquer un torrent inépuisable de réactions. Les fans ont réellement constitué une histoire évoluant en parallèle des films de la saga : il existe une chronologie de la vie d'un fan de Star Wars, chacun ayant à se définir selon ces dates. Certains thèmes sont toujours très clivants et s'inscrivent dans des débats qui ont déchaîné les passions. En réalité, une vraie relation amour-haine unit les fans à cette saga, et en particulier à son créateur.
Lucas représente en effet le côté obscur de Star Wars qu'il a commencé à instauré en 1997, en décidant de retravailler ses films. La légitimité de ces changements a été grandement contesté et certains furent considérés comme des trahisons du matériau originel ou comme d'horribles fautes de goût. Les fans ont aussi été très déçu par une prélogie qui ne tint pas ses promesses et qui écorcha durablement l'image de Lucas, encore plus égratignée (à jamais ?) par l'abandon de son bébé aux mains de l'empire Disney. 
Etant parsemé d'une suite de modifications, Star Wars comporte un lot passionnant de questions sur la création artistique : quand est-ce que restauration rime avec trahison ? un créateur peut-il mettre en danger sa création ? a-t-il tous les droits sur son oeuvre ou appartient-elle au public une fois diffusée ? Ainsi, en ne cessant de modifier son oeuvre, mettant de côté cohérence visuelle et éthique artistique, George Lucas a quand même contribué à rendre sa saga vivante, à jamais riche en polémiques, détournements, parodies...
Rien qu'à voir les réactions devant le teaser de l'Episode VII, on est persuadé que Star Wars, grâce à sa relation unique en son genre avec les fans, s'assure de faire couler de l'encre pendant fort, fort longtemps. Pour preuve la préparation du second volet de The People vs George Lucas, documentaire centré sur la relation entre Star Wars et ses fans.

Valou 

Vidéo : François Damiens réagit à la bande-annonce de Star Wars VII

Commentaires

  1. Personnellement, j'aime l'univers de "Star Wars" pour toutes les références mythologiques et éthnologiques cachées ici et là

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    1. C'est une saga mythique qui m'accompagne depuis mon enfance. J'ai tous les dvds et j'ai vu les deux séries Clone Wars et The Clone Wars. Et je suis allé à l'exposition Star Wars Identités, quelle claque de voir les costumes, les vaisseaux et le pod-racer d'Anakin. Tout simplement magique.

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    2. Personnellement j'ai toujours adoré Star Wars mais je me demande pourquoi ! J'aurais pu ne pas l'aimer parce que ça ne ressemble pas à la vie dans lequel je vis et de loin. Je n'explique pas bien le succès de chaque épisode sur Allocine. Alors autant dire ne pas comprendre. C'est beau visuellement. La musique est magistrale dans l'ensemble. J'aime bien les histoires et les personnages. Laurent Klemenci

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