"La Voix du Nord" harcelé par le FN : "La situation est devenue sidérante"

"La Voix du Nord" harcelé par le FN : "La situation est devenue sidérante"
"La Voix Du Nord" à l'épreuve du FN (LA VOIX DU NORD )

Dans un tweet adressé aux électeurs hésitants pour le second tour, Gabriel d'Harcourt dénonce ce que vivent les journalistes de "La Voix du Nord" à Hénin-Beaumont.

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En 2015, "La voix du Nord" prenait ouvertement position contre le parti de Marine Le Pen aux élections régionales avec une "Une" titrée : "Pourquoi une victoire du FN nous inquiète". Depuis, le quotidien est la cible du maire d’Henin-Beaumont, Steeve Briois, qui a choisi la stratégie du harcèlement et la guerre des droits de réponse. A l’heure où le Front national a remporté 31,03 %, des suffrages au premier tour de la Présidentielle dans les Hauts-de-France, devant Jean-Luc Mélenchon (19,59 %), Emmanuel Macron (19,50 %), François Fillon (16,13 %) et Benoît Hamon (5,15 %), Grégoire d’Harcourt, Directeur général délégué et directeur de la publication de la Voix du Nord a dénoncé l’attitude de ses élus dans un tweet, lançant : "A tous ceux qui hésitent pour le deuxième tour : sachez que ce que nos équipes vivent au quotidien à Hénin-Beaumont depuis ans est sidérant." Interview.

TéléObs. Pourquoi avez-vous posté ce tweet ?

Gabriel d'Harcourt.
Depuis la victoire du Front national aux dernières élections municipales et l'installation de Steeve Briois à la mairie de Hénin-Beaumont, la situation est devenue sidérante, et je pèse mes mots. Les relations avec le FN ont toujours été épouvantables mais dans l'exercice du métier de journaliste, c'est du jamais vu. Je suis dans la presse régionale depuis plus de 20 ans et donc bien placé pour savoir que les relations avec les politiques ne sont jamais simples. Ici, on est au-delà des difficultés relationnelles avec une personne, on est face à un bloc, un système qui entrave l'activité journalistique chaque jour et ne laisse aucune place à ce qui n'est pas la parole du maire et de son équipe.

 

Comment se traduit l'attitude des élus FN ?
C'est un véritable harcèlement judiciaire : depuis un an et demi, j'ai dû recevoir environ 35 droits de réponse de la part de Steeve Briois. Dès qu'on évoque le maire ou la mairie, même en termes neutres, ça atteint des proportions inimaginables. Les journalistes de "La Voix du Nord" sont soumis à des pressions constantes : ils ne sont pas admis dans les réunions publiques, ils sont interpellés de vive voix ou par mails dès qu'ils se font la voix d'autre chose que de la parole de l'équipe municipale. C'est très compliqué pour eux de travailler dans ces conditions. Chaque mois, ils sont caricaturés et insultés dans une page spéciale du journal municipal.

En 2015, au moment des élections régionales, la Voix du Nord avait mis en garde ses lecteurs contre la politique du Front National dans la région Nord-Pas de Calais...

Ce n'était pas une prise de position politique. Nous voulions surtout expliquer dans une démarche journalistique, que les propositions du Front national n'allaient pas dans l'intérêt de la région. Mais la situation actuelle n'est pas uniquement à mettre en relation avec notre prise de position de 2015. Ce qui pose problème, c'est la conception même que se font les représentants du Front National  du travail des journalistes. C'est leur conception de la liberté de la presse qui heurte l'un des points fondamentaux de notre démocratie.

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Envisagez-vous une démarche avant le second tour ?

Aucune. Nous n'avons pas vocation à être un journal "anti-FN" (encore une fois, nous ne sommes pas dans une démarche politique). Notre mise en garde de la dernière fois s'inscrivait dans un contexte très particulier de risque fort d'arrivée du FN à la tête de la région.

Propos recueillis par Anne Sogno

 

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