Inquiets par l'arrivée de Trump, les scientifiques américains protègent des données sur le climat

La politique de Donald Trump inquiète la communauté scientifique.
La politique de Donald Trump inquiète la communauté scientifique. © AFP
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C.O.
Depuis décembre, les scientifiques américains collectent le plus de données gouvernementales possibles sur le climat pour éviter qu'elles ne disparaissent totalement de la toile.

A peine investi à la tête des États-Unis, Donald Trump a démontré qu'il n'avait que faire du réchauffement climatique. Mardi, le président américain a signé plusieurs décrets afin de redonner vie au projet du gigantesque oléoduc Keystone XL reliant le Canada aux États-Unis, dont la construction avait été bloquée par Barack Obama au nom de la lutte contre le changement climatique. Les références au réchauffement climatique ont également été retirées du site de la Maison-Blanche au moment même de la prise de fonctions du magnat de l'immobilier. Donald Trump a aussi promis de mettre fin à "la guerre contre le charbon" et a nommé un climato-sceptique, Scott Pruitt, à la tête de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA).

DataRefuge. De quoi inquiéter sérieusement les scientifiques américains. Depuis l'élection du milliardaire, le 9 novembre, des chercheurs anticipent sa politique en matière de climat. Il y a quelques semaines, ils ont lancé une opération de collecte de données. L'opération, baptisée "Data Refuge", a permis de stocker des données gouvernementales sur le climat sur des serveurs indépendants. De cette façon, ils souhaitent éviter que des études scientifiques et des données sur l'environnement ne s'évaporent dans les méandres d'Internet, et notamment celles apportant la preuve d'un réchauffement climatique.

Universitaires, libraires, informaticiens ont participé à cette collecte gigantesque, en copiant des documents appartenant notamment aux agences fédérales environnementales. Et le projet "Data Refuge" ambitionne aussi de sensibiliser la population à l'importance de conserver ces données.

Des matériaux "vulnérables". Car selon les chercheurs, ces données disponibles sur Internet sont "vulnérables par nature". "Les liens hypertextes vers des études scientifiques peuvent facilement être brisés," explique Bethany Wiggin, directrice d'un laboratoire scientifique de l'université de Pennsylvanie, à l'origine du programme "DataRefuge", interrogée vendredi par le site Reporterre. Il y a de multiples agences publiques et ministères dont les données sur le climat sont menacées.  Nous avons toutes les chances de croire que les données contenues sur le site web de l’Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) seront encore plus vulnérables", avec la nomination de Scott Pruitt. (N.D.L.R. Il est actuellement auditionné par le Congrès qui doit valider sa nomination à la tête de l'EPA).

Des précédents. Ce n'est pas la première fois que les scientifiques s'inquiètent de la disparition potentielle de données sur le climat. En 2004, lors de la réélection de George W. Bush à la présidence des États-Unis, la communauté scientifique avait accusé son administration d'avoir supprimé les références au réchauffement climatique de plusieurs rapports d'experts.

"En Australie, sous la bannière de Tony Abbott, le financement de la science a été considérablement réduit, certains programmes ont été éliminés complètement et le poste du ministre des Sciences a été aboli", rappelle également Margaret Janz, chargé des données de l'université de Pennsylvanie, contactée par Sciences et Avenir.