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HALLOWEEN

La nuit d’Halloween 1963. Le jeune Michael Myers se précipite dans la chambre de sa soeur aînée et la poignarde sauvagement. Après son geste, Michael se mure dans le silence et est interné dans un asile psychiatrique. Quinze ans plus tard, il s’échappe de l’hôpital et retourne sur les lieux de son crime. Il s’en prend alors aux adolescents de la ville.

Le monstre derrière le masque

Mis en scène par John Carpenter, Halloween : La nuit des masques a lancé la carrière de Jamie Lee Curtis qui incarne, dans ce film devenu culte, la jeune étudiante Laurie Strode. En rentrant de la fac et avant de passer sa soirée d’Halloween à faire du babysitting, elle croise la route de Michael Myers, fraîchement échappé de son hôpital psychiatrique. Alors que la saga va bientôt voir un nouveau (et énième) volet débarquer en salle, il était intéressant de s’interroger : le film originel a-t-il bien vieilli et peut-il encore faire frissonner les spectateurs quarante ans plus tard ?

Dès les premières minutes, Carpenter réussit idéalement sa mise en place et immerge le spectateur dans son ambiance inquiétante, grâce (notamment) à un prologue inoubliable détaillant le premier écart sanglant de Myers. Quittant ensuite le point de vue du psychopathe obsessionnel, le film se focalise alors sur le sort de Laurie et de ses copines de fac le jour des célébrations du 31 octobre. Il fort à parier que les plus impatients trouveront le temps un peu long alors que défile la routine quotidienne – guère palpitante – de la jeune femme. C’est alors que le Halloween de Carpenter peut s’appuyer sur ses éléments iconiques, son mixage sonore et son thème musical ainsi que les apparitions discrètes de Myers, pour entretenir le suspens tel un slow-burner qui prend son temps.

Il convient cependant de rester lucide si l’on souhaite répondre à la question initiale : le segment central peine parfois à maintenir cette tension, alors que Myers joue au chat et à la souris avec ses proies en devenir. Guère spectaculaire pour une paire d’yeux née au 21e siècle, et potentiellement déceptif pour qui le découvrirait en 2018, le final de Carpenter est pourtant passionnant dans sa conception, et admirable dans sa mise en scène, avec ses jeux d’ombres et de lumière, et sa gestion de l’espace – les scènes de la buanderie, du salon et de la penderie feront figure d’exemples évidents.

Partageant quelques gènes avec le Psycho d’Hitchcock, qui prend plaisir à rendre sa violence implicite plutôt que graphique, s’amusant des points de vue lors des instants clés et forçant son audience à remplir les blancs, Halloween créé l’effroi à partir de monstres appartenant au monde réel. Myers n’est pas un esprit malin, et nulle entité diabolique ne le possède pour justifier son déchaînement de violence. C’est ce qui rend Norman Bates plus terrifiant, c’est aussi ce qui fait de Michael Myers un prédateur d’autant plus authentique et terrifiant.

Tant de choses ont été dites sur Halloween : La nuit des masques de Carpenter, souvent considéré comme la porte d’entrée vers le slasher, genre que maitrise parfaitement John Carpenter. À une époque où le film d’horreur attire davantage les producteurs pour son extraordinaire rentabilité, il est bon de revenir à la source pour se rappeler comment façonner un morceau d’horreur sans trop en faire. Less is more.


Halloween sequel

Mercredi, quarante ans après la naissance d’un mythe, David Gordon Green va donner une suite au film culte de Carpenter (avec Jamie Lee Curtis !), ignorant les nombreux sequels apparus entre temps. Parviendra-t-il, comme Denis Villeneuve avec Blade Runner, à respecter l’aura de son illustre aîné tout en offrant la relecture moderne qu’il mérite ?


Pour les curieux, en parallèle de la sortie de Halloween de David Gordon Green, Splendor Films ressort le film de John Carpenter dans quelques salles françaises.



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