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ÉPOUSE-MOI MON POTE | Boudali et Lacheau épousent l’homophobie ordinaire

25 octobre 2017. Christine Boutin est tout juste retraitée. Pourtant la France persiste. Le Moyen Âge semble séduire. Après avoir projeté Marine au second tour, les français se ruent en salle pour voir la nouvelle infamie commise par le gang de Babysitting, Épouse-moi mon pote, probablement fortement pompée sur Quand Chuck rencontre Larry. Dans une période où les femmes s’efforcent de prendre la parole et de refuser le harcèlement des gros porcs, encouragées par le retentissement tardif de l’affaire Weinstein, d’autres discriminations ont la dent dure et restent solidement nourries par le cinéma lui-même.

La représentation des homos sur grand écran en fait partie. Sous couvert de « modernité », la bande à Fifi se défendra certainement d’avoir voulu stigmatiser une communauté. Pour autant, aucun coming-out final du personnage ne compensera le mal que ce genre de « comédies » peut causer sans même s’en rendre compte. Alors bien sûr, la caricature a bon dos – et les gays ne sont pas les seuls à en prendre plein la tronche (coucou la fonctionnaire vilaine et hargneuse).

Mais caricaturer, ce n’est pas singer. Caricaturer, ce n’est pas mettre les gens dans des cases parce que cela rassure. Caricaturer, ce n’est pas affubler ses personnages de tenues vestimentaires ridicules. Un homo, c’est un homme comme un autre, un monsieur tout-le-monde qui prend juste son pied à coucher avec d’autres hommes. Étant un homme, il ne pourra pas « tomber enceinte » quoiqu’on en pensent les bons petits homophobes qui gloussent de bon coeur avec des remarques du genre « à ton avis, qui est-ce qui fait la femme ? ». Il n’y a également pas de « tenue d’homo » au quotidien. Les homos fréquentent les mêmes boutiques que moi, hétérosexuel, ils achètent des jeans et des T-shirts similaires, confectionnés avec le même matériau de base. Incroyable non ? L’homosexualité ne serait donc qu’une question d’orientation sexuelle. L’homo ne baise pas forcément plus que l’hétéro. L’homo n’est pas plus addict du bondage que l’hétéro. L’homo ne tortille pas du cul de façon maniérée avec son toutou en laisse.

En voulant rendre « acceptable » le fait d’être homosexuel en France et d’avoir le voeu d’épouser l’être aimé, il y a quelque chose de gerbant. Car profondément hypocrite. L’utilisation de cet argument comme ressort comique aux gags les plus lourdingues nourrit au contraire l’homophobie ordinaire, renvoyant les gays à leur petit carcan, dans leur coin, avec leur petit mode de vie « pas comme nous ». Car dans Epouse-moi mon pote, on rit des homos comme on se moque des blondes, des roux et des Roms (coucou À bras ouverts). Ainsi, promener ses personnages dans le Marais avec une tenue identique et un petit chien (so gay !) ne suffit pas lorsque l’on se prétend scénariste.

Alibi pour la c*nnerie

« L’humour, c’est fait pour rassembler, pas pour diviser » se défend pourtant le réalisateur. Pourquoi ne pas avoir appliqué ce bel argument à sa nouvelle production ? Bien plus propice à rire de qu’à rire avec, la nouvelle purge de Boudali et Lacheau est un nouveau signe fort de paresse intellectuelle. Une paresse qui a décidément le vent en poupe lorsqu’il est question de comédie populaire. Les clichés ont de l’avenir mais ce genre cinématographique n’est-il pas en train de sombrer ? Cette soupe là n’est-elle pas en train d’empoisonner les cerveaux de la jeunesse, déjà biberonnée à TPMP ?

Ras-le-bol de cette comédie française qui s’esclaffe en discriminant.




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