LA BELLE SAISON
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LA BELLE SAISON – Critique

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Catherine Corsini nous parle dans LA BELLE SAISON, d’une époque ou les idéaux étaient à la fois vivaces, et pas encore désillusionnés (1971). Elle nous parle de féminité, de féminisme, de force de caractère, de soumission, de liberté, d’identité (sexuelle, sociale et personnelle), de combat, d’égoïsme, d’amour… Trop pour un seul film ?

Pas forcément : c’est précisément dans le dosage de ces nombreux éléments que le film trouve son ton, sa force. Aucun d’eux n’est traité pleinement ; tout fusionne en quelque sorte, sans que rien ne prenne le pas. Au final, LA BELLE SAISON laisse autant une impression mitigée que celle d’un film qui touche juste.

Le pitch : Delphine est encore jeune. Delphine aide son père et sa mère à la ferme. Delphine aime une fille. Mais celle-ci, évidemment, décide de se marier. Delphine partira donc pour la ville, pour changer d’air. Elle y rencontrera Carole… Début d’une petite-grande histoire d’amour.


La Belle Saison 2

La reconstitution historique, celle d’un Paris fraîchement soixante-huitard est très légère. Plus que les décors et costumes, ce sont les idées qui restent. Ou plutôt un souvenir lointain d’idées révolutionnaires, qui maintenant n’ont plus vraiment de force. Pas que les choses aient vraiment changé : la situation et l’image des femmes peut encore progresser, la vision de l’homosexualité également. Le problème vient plutôt du ressassement de ces sempiternelles revendications, devenues bien moins efficaces que le passage à l’action, que proposer des solutions. C’est le premier exemple de l’ambivalence de LA BELLE SAISON, puisque le film en soi est une prise de position, malgré son discours peu original ou convaincant.

LA BELLE SAISON laisse autant une impression mitigée que celle d’un film qui touche juste…

Puis vient la mécanique du film, elle aussi faisant preuve d’un manque flagrant de prise de risques. Tout est cliché, attendu. La rencontre surprise/coup de foudre unilatéral, l’apprivoisement, l’amour fou, le drame qui redéfinit tout, une seconde partie où les rôles s’inversent, etc.
Pourtant, force est de constater que cela fonctionne. Car le déroulement du film décrit ci dessus passe bien souvent au second plan : Catherine Corsini prend souvent le temps de filmer les choses. Une session du MLF ou une action anti-anti-avortement par ci, un moment intime ou une vie solitaire parisienne par là, des interactions fortuites, des sentiments naissants. Détails ni particulièrement bien filmés, ni spectaculaires ou ennuyeux, ni exagérément politiques, ni poétiques, ni réalistes, ni sensibles… mais un peu tout ça à la fois. Leur addition façonne ainsi le rythme impeccable du film, et en filigrane les deux personnages féminins.
En parlant des personnages, l’interprétation est peut-être le seul point homogène et impeccable du film. Chaque actrice propose un jeu ultra-précis qui apporte un réel supplément d’âme à des personnages académiquement écrits. Actrices, mais aussi acteurs, Kevin AzaïsBenjamin Bellecour, et Jean-Henri Compère, évidemment très en en retrait mais excellents. Un casting complémentaire se rajoutant au background susmentionné pour permettre aux deux beaux rôles de Carole et Delphine de devenir de plus en plus palpables, et d’exister.

La Belle Saison
Leur relation homosexuelle, un peu survendue par la comm’ du film, fait place comme prévu aux sentiments amoureux contrariés. Cela n’empêche pas cette histoire de finir par être particulièrement touchante, même si sans une interprétation sans failles comme celle d’Izia Higelin (au rôle ingrat d’égoïste introvertie, mais parfaitement tenu) et l’ultra expressive Cecile deFrance, on a du mal à percevoir comment aurait fonctionné ce scénario.
Dernier point bizarre : malgré la profusion de scènes de nu et/ou de sexe, aucune émotion, aucune sensibilité n’en émane. Comme si ces deux femmes ne faisaient qu’expérimenter leur relation,  sans s’autoriser à la vivre et à la ressentir pleinement – ce qui est parallèlement, le sujet du film. Cette froideur à travers l’explicite est-elle voulue ? Je ne sais honnêtement pas, mais cela reste troublant.

Au final, il y a un peu de ce feeling qu’on ressentait à la vision des premiers Campion, Sweetie, ou Un ange à ma table : une impression d’incomplet et de froideur, mais aussi une véritable énergie, des thèmes puissants évoqués, une émotion indéfinissable.

LA BELLE SAISON@Georgeslechamea

Mise en scène
Scénario
Casting
Photographie
Reconstitution / ambiance
Émotion
Note des lecteurs6 Notes
3.2

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