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France Télévisions joue la carte de la fiction

La présidente du groupe, Delphine Ernotte, doit présenter, lundi, un plan « création », qui vise à produire 50 % de fictions en plus d’ici à 2020.

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Publié le 09 janvier 2017 à 06h48, modifié le 09 janvier 2017 à 11h10

Temps de Lecture 4 min.

Lors du tournage de la série diffusée sur France 3 « Plus belle la vie », à Marseille, en 2012

« Il faut produire davantage et de façon plus diversifiée. » C’est le mot d’ordre de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, pour le plan « création » qu’elle devait annoncer lundi 9 janvier. S’il porte aussi sur l’animation et le documentaire, l’effort doit particulièrement bénéficier à la fiction, estime le groupe.

France Télévisions se fixe comme objectif de produire environ six cents heures de ce genre en 2020, soit une augmentation de 50 % par rapport à aujourd’hui. Atteindre ce niveau est un défi, au regard de la production de l’ensemble des chaînes françaises : sept cent cinquante heures de séries et de téléfilms en 2015.

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« Renforcer la fiction est important, car la France, qui a un cinéma et un spectacle vivant forts, reste assez faible dans l’audiovisuel par rapport à ses voisins européens », plaide Mme Ernotte. Cette dernière est prise de « l’angoisse » qu’en l’absence de réaction, un jour les antennes françaises soient dominées par la fiction américaine et européenne.

Comment augmenter la production ? France Télévisions veut valoriser la hausse de son budget de création, qui va augmenter de 20 millions d’euros pour atteindre 420 millions d’euros par an à partir de 2017, comme le prévoit le contrat d’objectifs et de moyens signé fin 2016 avec l’Etat pour la période 2016-2020. Sur ce montant, environ 260 millions sont consacrés à la fiction. La hausse est limitée en proportion, soulignent certains connaisseurs du secteur, mais elle est significative, selon la direction de France Télévisions.

Coupes budgétaires

L’entreprise rappelle que les investissements dans la fiction ont, ces dernières années, été victimes des coupes budgétaires entreprises dans les chaînes. Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) souligne que le total des sommes dépensées chaque année en séries et en téléfilms a baissé de 111 millions entre 2011 et 2015, pour s’établir à 640 millions d’euros.

De plus, affirme la direction, France Télévisions va pouvoir s’appuyer sur l’effet économique du crédit d’impôt voté fin 2015 pour les tournages audiovisuels réalisés en France et estimé à 30 millions d’euros en tout. Surtout, en « diversifiant » les types de productions, l’entreprise espère créer davantage d’heures de fiction à budget égal.

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Concrètement, à l’antenne, le groupe va ouvrir une nouvelle case de « prime time » pour installer davantage de séries et de téléfilms en début de soirée. Mais elle envisage aussi un espace en seconde partie de soirée, qui permet, en principe, de diffuser des œuvres moins grand public et plus audacieuses. De même, un créneau va être ouvert le week-end pour accueillir des comédies familiales. Ce choix de genre se veut une ouverture par rapport aux domaines les plus classiques comme la série policière. « Nous voulons investir d’autres terrains », assure Mme Ernotte. Il est notamment question de refaire des fictions historiques.

Un nouveau feuilleton quotidien

La direction rêve aussi de se rapprocher d’un public plus jeune, avec un projet ancré dans l’actualité : un nouveau feuilleton quotidien, pour France 2, diffusé en fin d’après midi, « après l’école », à compter de janvier 2018. Un moment où adultes et jeunes regardent parfois l’émission de Cyril Hanouna sur D8 ou des programmes de télé-réalité.

Le projet fait inévitablement penser au canon du genre, « Plus belle la vie », qui rythme les débuts de soirée de France 3. Il y a des similitudes : cette nouvelle série ne sera pas tournée à Marseille, mais à Montpellier. A la différence de « Plus belle la vie », elle ne sera pas réalisée par un producteur extérieur. Le feuilleton sera produit en interne, par la filiale maison MFP.

Le projet est très ambitieux et exigeant, car le succès de ce type de séries quotidiennes est rare. Et le coût est très important : 35 millions d’euros par an pour « Plus belle la vie ». Toutefois, MFP promet d’être en deçà de ce prix. Malgré le risque, France Télévisions voit dans ce feuilleton un projet susceptible de fédérer les énergies en interne, à l’image de la chaîne d’information lancée à l’automne 2016.

La série quotidienne symbolise aussi la diversification des modes de production : grâce à elle, le groupe devrait atteindre les 12,5 % de production interne pure auquel il a droit, depuis l’accord signé avec les producteurs, fin 2015. Jusqu’ici, l’entreprise ne pouvait dépasser 5 %, mais ne réalisait en fait que 2,5 % de ses programmes sans avoir recours à des sociétés extérieures.

Une coproduction internationale par an

Par ailleurs, l’entreprise publique veut réaliser chaque année une série en coproduction internationale, un schéma qui permet d’augmenter le budget et, en principe, la qualité des œuvres. La direction précise que cette production devra être d’« origine France ». Ce qui signifie qu’elle est cofinancée par des partenaires étrangers, mais écrite par des Français, précise la direction. Une nuance par rapport au grand projet « The Collection », une série consacrée à la mode dans l’après-guerre, à Paris : lancée par la BBC et scénarisée par les Britanniques, elle a été gratifiée d’audiences mitigées sur France 2.

Enfin, la direction promet de poursuivre son effort de « nouvelles écritures », notamment sur Internet, en consacrant 10 millions d’euros par an à la création numérique. Il s’agit jusqu’ici de formats innovants, par leur narration et par l’utilisation de données ou d’infographies… Ils ont surtout été diffusés sur la nouvelle chaîne d’information et sur France 4, depuis réorientée vers la jeunesse.

Afin de mieux « exposer » la création, France Télévisions va compléter l’ouverture de nouvelles cases à l’antenne par un travail sur ses plates-formes de vidéo à la demande : l’application et le site de télévision de rattrapage Pluzz, qui permet de revoir un programme sous sept jours, vont être renouvelés et rebaptisés, le 2 mai. Il en ira de même pour Pluzz VAD, qui permet d’acheter un programme à l’unité. Dans un second temps, à l’automne, Delphine Ernotte espère ajouter un second étage à cette plate-forme, avec un service de vidéo à la demande par abonnement comme Netflix et Canalplay. Mais il reste à convaincre des producteurs français de s’associer au projet.

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