C’est en toute discrétion que la Fondation Bettencourt-Schueller, aide depuis 1987 des centaines de chercheurs, d’étudiants ou d’enfants pauvres. Unique donatrice de cette fondation, Liliane Bettencourt, morte le 21 septembre à l’âge de 94 ans, l’a dotée de façon très importante, de 852 millions d’euros, dont une bonne partie (552 millions) avait été versée à la mi-février 2010, après la vente par la milliardaire d’actions qu’elle détenait dans L’Oréal. C’est devenu l’une des fondations les mieux dotées d’Europe et les intérêts de ces sommes ont permis de financer des centaines de projets.
Déjà 495 millions d’euros ont été redistribués. Cette manne a pour l’heure été affectée à 60 % à l’éducation scientifique et à l’aide aux chercheurs, 27 % aux causes humanitaires et sociales, et le reste à la culture et aux arts.
Chaque année, quatre prix scientifiques récompensent vingt lauréats à hauteur de 2 millions d’euros. La fondation a contribué massivement à l’émergence de la Fondation pour l’audition, dont le centre de recherche accueillera près de 150 chercheurs fin 2018, et à la création du centre de recherche interdisciplinaire. Ce cursus « LMD frontières du vivant et de l’apprendre » a déjà formé près de 500 étudiants spécialisés dans le croisement des disciplines (épistémologie, mathématiques, biologie, informatique…).
Il est prévu d’ouvrir un campus doté d’un « learning center », de laboratoires et d’un incubateur rue Charles V à Paris en 2018. Ces deux initiatives ont été financées chacune à hauteur de 100 millions d’euros.
Liliane Bettencourt fut aussi l’une des premières à financer une chaire de l’innovation technologique au Collège de France, institution dont elle est elle est devenue le premier mécène (30 millions d’euros environ) à travers le soutien au campus numérique et aux laboratoires de biologie.
Des financements dans la durée
« J’ai souhaité donner à la fondation la capacité de réaliser les projets qui me tiennent à cœur, sur une longue durée », avait précisé Liliane Bettencourt, qui voulait « accélérer les projets dans la recherche biomédicale et la formation des chercheurs », et créer « à Paris un centre spécifiquement dédié à ces activités ».
Depuis des années ont ainsi été financés des programmes de recherche pour un vaccin contre le sida, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, ou des traitements ambulatoires en Afrique. La fondation a aussi favorisé la chirurgie dans les cas de lourdes pathologies cardiaques chez les enfants au Cambodge.
Dans le domaine social, 132 M€ ont été attribués à des projets liés à l’éducation, l’insertion professionnelle, les fragilités et le lien social et structuration du secteur.
Les choix des projets aidés s’effectuent « en fonction de l’intérêt et de la gestion des projets, avec des financements dans la durée, en refusant les opérations de saupoudrage », explique-t-on à la fondation. C’est ainsi qu’ont été mis en chantier des programmes de relogement de plusieurs milliers de familles, de lutte contre l’illettrisme ou encore d’aide aux jeunes handicapés.
Habituellement discrète, Liliane Bettencourt participait souvent aux manifestations organisées par sa fondation. Elle était également l’une des rares à financer le chant choral ainsi que l’artisanat d’art, en attribuant chaque année le prix de « l’intelligence de la main » afin de mettre en lumière le travail de ceux qui perpétuent les métiers du patrimoine, comme l’ébénisterie, la facture instrumentale, la céramique… Doté de 550 000 euros par an, cette 17e édition fête cette année son centième lauréat. « L’argent, disait-elle, doit aider les gens qui ont du talent à entreprendre. »
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