De Strasbourg au Havre, les radiés des listes électorales tentent de se mobiliser

Dimanche, des milliers d'électeurs ont appris leur radiation des listes électorales en se rendant dans leur bureau de vote. Certains se mobilisent afin de pouvoir voter dans 10 jours.

Près de 47 millions d'électeurs sont appelés à voter au premier tour le 23 avril, puis au second tour le 7 mai, pour élire le nouveau président de la République
Près de 47 millions d'électeurs sont appelés à voter au premier tour le 23 avril, puis au second tour le 7 mai, pour élire le nouveau président de la République (AFP/PHILIPPE HUGUEN)

    Au Havre, à Nice, à Strasbourg ou encore à Asnières... Partout en France des électeurs ont découvert, le jour du premier tour, leur radiation des listes électorales. Dès dimanche, certains se sont immédiatement tournés vers les tribunaux pour régulariser leur situation afin de pouvoir voter, ou à défaut, déposer un recours en vue du second tour. Sans grande chance de succès puisque les électeurs radiés auraient dû se réinscrire avant le 31 décembre 2016 sur les listes électorales...

    Plus de 250 000 électeurs radiés par les communes

    A chaque révision électorale, les communes procèdent à la radiation d'un certain nombre d'électeurs. D'après l'Insee, 738 000 électeurs ont été radiés à l'occasion de la révision électorale 2016-2017. Parmi eux, 28 000 ont perdu leur droit de vote (suite à une décision de justice), 456 000 sont décédés et 254 000 ont été radiés à l'initiative des communes, «qui constatent que l'électeur n'a plus d'attache avec la commune», selon l'Insee. Un chiffre en augmentation de 28% par rapport à la révision précédente, détaille l'institut.

    Si les mairies sont tenues d'informer les électeurs de leur radiation, certains affirment n'avoir rien reçu. D'autres avaient pu voter en 2015 alors qu'ils avaient déjà déménagé. Ainsi, l'hiver dernier, la ville de Clichy (Hauts-de-Seine) a mis à jour son fichier électoral pour la première fois depuis 10 ans, avec à la clé 3800 radiations d'office (sur 50000 habitants). Certains, qui avaient déménagé dans la même commune, ont pu être «récupérés» grâce au croisement avec le fichier des impôts, mais essentiellement des hommes puisqu'en France l'administration fiscale s'adresse au mari...

    LIRE AUSSI
    > Radiés et non-inscrits : ce qui s'est passé dimanche à Asnières et Clichy

    Pêle-mêle, 500 électeurs ont également été radiés à La-Queue-en-Brie (Val-de-Marne), un millier à Bondy (Seine-Saint-Denis), 500 à Margny-les-Compiègne (Oise), 3 600 à Nancy... A Strasbourg, 16 000 personnes ont vu leur présence supprimée des listes électorales, plus de 7 000 sont dans cette même situation à Nice. Parmi eux, quelques dizaines ont, dans chaque ville, porté leur cas devant les tribunaux. Une carte participative (ci-dessous) recense les cas de radiation.

    Une vingtaine de recours au Havre

    Sur les 5 000 personnes radiées des listes électorales du Havre, «22 m'ont présenté une demande de recours» assure un greffier du Tribunal d'instance de la ville, interrogé par Le Parisien. Sur ces 22 électeurs privés de vote, «un tiers concernait des ommissions», détaille le greffier. Elles correspondent à «un bug informatique, un courrier non traité, une mauvaise communication avec l'Insee». Dans ces cas «la contestation est valable».

    Dans d'autres cas, il explique que la mairie a aussi pris la décision de radier des électeurs «après le retour des documents de propagande sur trois scrutins». Pour prévenir le citoyen, la mairie envoie «une notification à la dernière adresse connue au service élection de la mairie». Si un électeur décide déposer un recours dans ce cas de figure, le tribunal d'instance «demande à la mairie qu'elle donne les éléments de la notification et si on constate qu'elle a été faite dans les délais à la dernière adresse donnée à la mairie, le recours n'est pas recevable», tranche le juriste.

    «N'habite pas à l'adresse indiquée»

    A Nice, sur les 7000 radiations, une cinquantaine de citoyens privés d'élection ont contesté leur situation. D'après nos confrères de « Nice-Matin », cinq réinscriptions ont été accordées dimanche.

    A Strasbourg, sur les 16 000 radiés, une trentaine se sont rassemblés, mardi, devant le tribunal d'instance de la ville alsacienne pour contester leur statut. Certains ont créé une page Facebook pour rassembler les témoignages de radiés. Mercredi, «des personnes de Paris, Marseille, Toulon et Rouen nous ont contacté», assure Laure Huber, une des administratrices de la page.

    Selon elle, «dans la plupart des cas le motif de radiation est le même : n'habite pas à l'adresse indiquée». Elle même a changé de quartier à Strasbourg, il y a 14 ans. Depuis «j'ai continué à voter dans mon ancien bureau de vote, y compris en mai 2016 pour des législatives partielles», détaille-t-elle. La mairie a bien envoyé des courriers ainsi qu'un avis de radiation mais à son ancienne adresse. En septembre dernier, une dernière lettre a été envoyée, toujours à son ancien domicile, lui indiquant qu'elle devait se réinscrire sur les listes électorales avant le 31 décembre. Le groupe de radiés strasbourgeois, «d'une cinquantaine de personnes» environ compte se pourvoir en cassation. Laure espère pouvoir voter au second tour de la présidentielle et aux législatives. Sans grand espoir.