Harcèlement sexuel : une enquête visant Jean-Marc Morandini relancée

Une juge d’instruction parisienne a été désignée fin juillet pour enquêter sur des soupçons de harcèlement sexuel visant l’animateur dans l’affaire des castings dénudés. Une première enquête avait été classée sans suite en janvier 2017.

 Jean-Marc Morandini est dans le viseur de la justice pour des castings avec des scènes dénudées.
Jean-Marc Morandini est dans le viseur de la justice pour des castings avec des scènes dénudées. LP/Guillaume Georges

    Deux ans après les premières plaintes déposées par trois jeunes comédiens, l'affaire des castings douteux organisés par Jean-Marc Morandini est relancée. Selon nos informations, la juge Céline Gaudillère, du tribunal de grande instance de Paris, a été désignée à la fin du mois de juillet pour instruire l'information judiciaire pour « harcèlement sexuel » et « travail dissimulé » visant l'animateur de 53 ans, qui officie sur CNews. Cette magistrate est notamment connue pour diriger l'enquête sur le meurtre de Mireille Knoll, retraitée juive retrouvée morte à Paris en mars dernier.

    Dans cette affaire, Jean-Marc Morandini est soupçonné d'avoir poussé de jeunes acteurs amateurs -ils sont aujourd'hui âgés de 21 à 27 ans- à s'exhiber nus et à tourner des scènes de masturbation pour le tournage de sa websérie, intitulée « les Faucons », fin 2015. Celle-ci était censée raconter la vie intime et sans tabou d'une équipe de football de région parisienne.

    Les jeunes comédiens affirment avoir été manipulés par l'animateur et producteur pour satisfaire ses fantasmes sexuels. « Pour la deuxième (scène), c'est parfait aussi et vous proposez de parvenir à l'érection avec masturbation je suppose. Je n'ai pas compris si vous alliez jusqu'à l'éjaculation ? » est-il écrit dans un mail transmis par la mystérieuse production de Jean-Marc Morandini à l'un des acteurs.

    «Un système de prédateur sexuel»

    Après cinq plaintes déposées, une première enquête avait été ouverte à l'été 2016, puis classée sans suites par le parquet de Paris en janvier 2017 pour « infractions insuffisamment caractérisées ». Selon le parquet, les victimes n'ont pas subi « de contrainte, pression ou de menaces » pour participer aux castings dénudés.

    Une analyse contestée par l'avocat de trois des acteurs, Me Thierry Vallat, pour qui les castings n'étaient qu'un prétexte pour dissimuler « le système d'un prédateur sexuel ». Le conseil avait donc redéposé plainte le même mois avec, cette fois-ci, constitution de partie civile pour obtenir la désignation d'un juge d'instruction. Il aura fallu donc attendre près d'un an et demi pour que le magistrat soit nommé et que les investigations reprennent.

    La faute, explique Me Vallat, aux exigences de la justice, qui avait demandé 4 000 euros de consignation par partie civile pour l'ouverture de l'information judiciaire. L'avocat a obtenu que cette somme soit réduite à 500 euros, en raison des faibles moyens financiers des victimes. Le parquet de Paris a rédigé le 28 juillet dernier un réquisitoire introductif, ouvrant la voie à l'information judiciaire.

    L'animateur avait rejeté les accusations

    « Maintenant qu'une juge a été désignée, je vais pouvoir formuler des demandes d'actes, ce que je ne pouvais pas lors de l'enquête qui a été classée par le parquet de Paris, réagit Me Vallat. Il y aura, bien sûr, la confrontation entre M. Morandini et mes clients mais aussi des expertises informatiques à mener, notamment pour savoir qui se cachait derrière la fameuse Catherine Leclerc, la directrice de casting à l'identité usurpée. Ce point n'a jamais été vérifié. »

    Entendu lors d'une audition libre à la suite des premières plaintes, l'animateur avait rejeté les accusations. Contactés ce jour, ses avocats n'étaient pas joignables dans l'immédiat.

    Jean-Marc Morandini reste par ailleurs mis en examen dans une autre enquête pour « corruption de mineur aggravée », soupçonné d'avoir formulé des propositions sexuelles à des adolescents sur Internet.