Photographie du "Mur des cons", dans les locaux du Syndicat de la magistrature.

mur des cons

L'Express

Le Syndicat de la magistrature (gauche) a retiré le fameux "mur des cons" situé dans son local privé. La garde des Sceaux Christiane Taubira a jugé utile d'exprimer "sa consternation face à ce comportement à tout le moins déplacé de la part d'une organisation syndicale de magistrats" et de saisir le Conseil supérieur de la magistrature pour avis. Dans les tribunaux, on estime surtout que d'avoir fait de ce quasi non-évènement une affaire politique de premier plan est aussi consternant que déplacé. Cet affichage syndical privé est né après l'arrivée de Nicolas Sarkozy à L'Elysée, celui qui qualifia les magistrats de "petits pois" et ne manqua jamais une occasion de s'en prendre aux juges. Publiquement.

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Le buzz médiatique aux frontières de l'hystérie a manifestement trouvé une matière jouissive avec ce "mur des cons". Une montée en épingle artificielle qui fonctionne à merveille, puisque la plupart des commentateurs oublient de préciser qu'il s'agit d'un affichage satirique dans un local privé. Si l'on commence à créer des affaires d'Etat avec tout ce qui s'affiche au siège des organisations syndicales, les journaux ne pourront plus parler que de cela.

Il y a aussi cette polémique dans la polémique, puisque le site Atlantico (marqué à droite), à l'origine de l'affaire, affirme que la vidéo pirate a été réalisée par "un juge non syndiqué et apolitique", sans préciser comment il a pu pénétrer au siège national du SM et filmer librement. La présidente du Syndicat, Françoise Martres, se dit pourtant "certaine à 100% que la vidéo a été faite par un journaliste". Mais est-ce bien essentiel de savoir qui a jugé utile de filmer un local privé afin de le rendre public?

A qui profite le "mur des cons"?

Le but de cette manoeuvre orchestrée est, lui, parfaitement limpide: déstabiliser le Syndicat de la Magistrature, deuxième organisation avec 30% des voix, et à travers lui la garde des Sceaux Christiane Taubira, réputée proche de ses positions. Qui aime bien châtie bien: lors de son dernier congrès, le SM a envoyé à la figure de la ministre de la Justice un discours critique d'une grande virulence. Mais, cela, tout le monde l'ignore ou presque, d'où la ferme prise de distance publique de Taubira avec le SM.

Certains des épinglés veulent tenter de nourrir cette affaire montée de toutes pièces en portant plainte. Encore faudrait-il que l'injure non-publique soit réellement constituée et non-prescrite, ce qui ne semble pas être le cas selon plusieurs spécialistes. A défaut, il s'agit d'une contravention de 1ère classe (38¤ maximum).

Plutôt que de retirer son "mur des cons", le SM, qui ne signifie pas sado-maso, aurait peut-être mieux fait d'y rajouter au centre... le SM lui-même. A titre d'autodérision potache. A la manière de Coluche dans son sketch sur la misère: "Moi je suis con, hein, mais putain j'aime ça!"

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