Terrestrial Digital
Multimedia Broadcasting (T-DMB), littéralement Diffusion Multimédia Numérique
Terrestre. Voilà la norme choisie par la France pour la diffusion de la radio
numérique. L’autre solution était le DAB+ (Digital Audio Broadcasting), validé
par l’ensemble de nos voisins européens. Les deux standards sont similaires, à
quelques différences près.
Jérôme Hirigoyen,
directeur de projet Radio Numérique à TDF : « Il y a une seule famille
de normes : Euréka 147. Elle a d’abord donné lieu au DAB, déployé à la fin des
années 90. La France avait démarré des émissions en DAB mais ce fût un échec
commercial. Le T-DMB est une évolution du DAB qui offre des capacités multimédia
(NDLR : comme des animations sur écran, la possibilité de naviguer sur un
semblant de site web). En revanche, le T-DMB permet de diffuser moins de
radios que le DAB, il est plus gourmand en bande passante. »
En Europe,
il n’y a que la France qui ait opté pour le T-DMB. D’autres pays l’utilisent
néanmoins, comme la Corée du Sud, la Chine ou l’Inde. Certains acteurs dénoncent
ce choix « franco-français ». Selon eux il est l’œuvre d’un lobbying important
des grands groupes de radios « en 3 lettres » (RTL, NRJ). Ces réseaux, membres
du GRN (Groupement pour la Radio Numérique), se sont explicitement prononcés
pour le choix du T-DMB et ce choix les arrange, en quelque sorte : moins de
place = moins de nouveaux concurrents potentiels. Cependant, le nombre de radios
augmentera, y compris dans les plus grandes villes, et surtout dans les plus
petites. Dans ces zones, les groupes « en 3 lettres » seront bien obligés
d’accepter cette nouvelle concurrence. Pour peu qu’elle existe, certains en
doutent.
Denis Péchon, directeur
d’antenne de Coloriage, responsable de la commission RNT à la FERAROCK :
«Au
lieu de profiter du numérique pour restructurer le paysage radiophonique, on se
contente de reproduire un champ existant avec un nombre d’opérateurs à peine
modifié. Dans le meilleur des cas, on aura une stabilisation de la situation en
région parisienne, tout le monde aura une pleine fréquence. On n’en profite pas
pour faire quelque chose de réellement modifié : la télé numérique c’est plein
de nouveaux programmes.
Il y aura quand même de
nouvelles radios ?
Dans la théorie oui, dans la
pratique on ne peut pas dire. Sur la plupart des zones, le nombre d’opérateurs
acceptables dans un premier temps c’est 5 ou 6 radios en plus maximum. »
Un récepteur
de radio numérique Samsung vendu en Corée du Sud.
En effet, après l’examen des
dossiers de candidature, le CSA n’a pas autorisé un grand nombre de nouvelles
radios.
Un des avantages de cette
norme T-DMB : elle facilite la mise à disposition pour l’auditeur de données
associées au programme qu’il écoute. Le DAB permet d’afficher des images, le
T-DMB va plus loin avec des animations, des liens hypertexte pour consulter, la
grille des programmes ou regarder de petites vidéos en qualité réduite : une
image toutes les deux secondes contre 24 images par seconde au cinéma.
Du point de vue opposé, de
très nombreuses voix se sont élevées contre le T-DMB. Sur son coût d’une part :
très élevé dans un premier temps, avec la double diffusion analogique/numérique.
Selon certains spécialistes, la facture devrait être divisée par deux ou par
trois au bout d’un certain temps, une hypothèse réfutée par les petites radios.
Autre inconvénient : le T-DMB ne permettrait pas une diffusion au-delà de 10km
de l’émetteur et ne serait pas adapté aux zones rurales. Il est vrai que cette
norme est très gourmande en bande passante (elle a été conçue pour la
télévision). Cependant, avec des installations d’antennes suffisantes (plusieurs
centaines dans toutes la France) le problème pourrait être résolu mais pour
certaines radios locales de proximité, 10 ou 20km de couverture c’est la zone
qu’elles couvrent déjà aujourd’hui. De plus, dans la région lyonnaise par
exemple, les tests en cours permettent une diffusion continue sur 150km. Quand
aux éventuels risques des antennes pour la santé : « Nous respectons les
normes en vigueur pour les citoyens comme pour les équipes d’intervention »
assure Jérôme Hirigoyen de TDF.
Dans tous les cas, avant de
porter une conclusion définitive il faudra voir à l’usage, dans les premières
années de l’entrée en vigueur de la radio numérique. Attendons donc encore un
peu…