Il aura fallu 10 ans à Zach Braff pour revenir derrière la caméra, 10 ans c'est très long surtout lorsque l'on signe un premier film aussi brillant, qui était personnel mais qui arrivait néanmoins à trouver un écho universelle pour devenir un film culte générationnel. Son génial Garden State a donc marqué son époque et encore maintenant c'est un film qui fait encore parler de lui, il est donc clair que Zach Braff était attendu au tournant avec son deuxième film surtout que celui-ci à connu de gros problèmes de financement à tel point qu'il a dû faire appel au crowdfunding, ce qui a été grandement désapprouvé par certains. Mais l'appel aux fans fut un véritable succès et le film fut financer en 48 heures et au final Braff a fait un film financé par ses fans et pour ses fans.
Alors si vous êtes allergique à la touche Braff ou si vous vous attendez à un film radicalement différent de Garden State passez votre chemin car vous allez être déçu. Le scénario est écrit par Zach Braff et son frère Adam, ils signent un film personnel et presque autobiographique ( comme Zach l'avait fait avec Garden State ) dans la pure veine de ce qu'était le premier film du réalisateur. Alors oui son nouveau film n'aura pas le statut culte qu'à pu avoir Garden State mais le film n'en est pas moins réussi surtout qu'ici il est bien plus maîtrisé dans sa construction, plus abouti et aussi plus mature. Néanmoins le charme initiale de Garden State était aussi dans ses maladresses qui ont disparu ici mais on ne peut en tout cas pas reproché au film de réutiliser les mêmes thèmes que son aîné car Braff est un auteur qui réutilise ses thèmes pour les explorer différemment et leurs donner un nouveau point de vue, ce n'est en aucun cas un plagiat de son précédent travail, c'est juste une preuve qu'il dispose d'une vision d'auteur, il confirme son talent et ce n'est pas le premier à réemployé ses thèmes et ce ne sera pas le dernier.
Après Braff ré explore ses thèmes de manière autobiographique mais en 10 ans il à néanmoins de nouvelle chose à raconter. On suit toujours le parcours d'un acteur raté comme si il était le prolongement naturel du personnage de Garden State, sauf qu'ici on parle du passage de la quarantaine plus que de la trentaine et surtout on s'intéresse de prêt aux rapports parents-enfants. L'héritage et la transmission seront alors au centre du récit avec ce père qui est contraint de faire l'éducation de ses enfants, ce qui permettra d'avoir une ou deux belles leçons de vie qui souligne bien le côté feel good movie de l'ensemble même si tout cela est plutôt appuyé notamment avec les quelques poèmes réciter en voix off. Mais cela ne sera pas vraiment dérangeant surtout que ça permet d'avoir une jolie touche de poésie mais le film trouvera son intérêt dans ses questionnements avec son rapport à la religion. En ça le système éducatif juif en prend vraiment pour son grade tout comme la religion ( le rabbin déjanté qui est hilarant ), d'ailleurs Braff expose un avis très pertinent sur dieu et la foi qui évite au film d'être pro-juif et qui ne laisse pas le spectateur lambda sur le bas côté ( dieu n'est pas quelque chose de concret c'est juste l'expression de notre subconscient, de nos rêves et de nos fantasmes, il n'est pas le même pour tous le monde ). Tout comme ça façon de détourné la religion pour parler des choses vraiment importante ( la religion n'est que contrainte et elle ne compte pas, on peut faire ce que l'on veut et on ne peut pas la laisser contrôlé nos vies, l'important c'est la famille ) en soit le dialogue entre Braff et un de ses amis rabbin est très bien écrit tout comme le parcours psychologiques de sa fille. En plus de ça on retrouve les thèmes chers à Braff avec la relation père-fils qui est souvent conflictuelles ou encore le deuil ( ici il est confronté à la mort prochaine de son père alors que dans le premier film il est confronté à celle de ça mère ) ainsi que la rêverie ( les scènes de SF ) et la culture geek ( les nombreuses références qui sont parfois difficile à saisir pour les novices, ce qui sera d'ailleurs un des rares défauts du film ). Sinon Braff écrit aussi une chronique familiale drôle et touchante, d'ailleurs il excelle dans ce mélange de ton qui ici ce montre habile voir brillant arrivant à nous faire passer du rire aux larmes au sein d'une même scène. Cela est permis grâce à des personnages écrit avec beaucoup de soin et d'authenticité, que ce soit le frère qui se montre plus complexe qu'il ne le laisse paraître, les enfants qui sont hilarants et très attachants, la femme qui est à la fois forte et fragile et sans doute un des plus beaux personnages féminins qu'on nous ait offert dans ce genre de film, ce qui montre que Braff excelle vraiment dans l'écriture des ses personnages et des liens qui les unissent. En ça son personnage sera vraiment attachant et on connecte très vite avec lui par ses questionnements sur la vie et son coté rêveur et il compose aussi une figure paternelle, qui ce montre à la fois autoritaire et aimante, bouleversante notamment lorsque celle-ci dépérit suite à la maladie. C'est donc vraiment un mélange d'émotions qui traverse le film véhiculé par des personnages authentiques et attachants ainsi que par des dialogues excellemment écrit et percutant, que ce soit dans le sens de la réplique qui permet quelques bonnes trouvailles humoristiques ou lorsque que le film se confronte aux regrets et aux adieux et qu'il en devient poignant. Le film est donc rarement pris en défauts même si on regrette qu'il soit un peu trop référencé ou appuyé dans ses propos tout comme sa façon de multiplier les intrigues mais ce n'est pas vraiment dommageable car le film est très bien tenu. Braff cède aussi à l'appel d'un final facile et expédié mais il l'avait aussi fait pour son précédent film mais ça atténue en rien l'excellence du film car Braff est intelligent et il le sait mais il n'a jamais la prétention d'être plus intelligent que son spectateur, ce qui fait que son film sera très respectueux de son public et qu'il est fait avec du cœur, de la conviction et de l'intelligence.
C'est quelque chose que l'on retrouve dans le casting, chaque acteurs est très impliqué dans le projet et ils y prennent beaucoup de plaisir. Ils sont d'ailleurs tous excellent, que ce soit un Josh Gad touchant et drôle, Joey King qui confirme que c'est une actrice à suivre de près tout comme Pierce Gagnon car ils sont tous deux brillants. Sinon pour les petits rôles clin d’œil des habitués de Braff, on à les hilarants Jim Parsons et Donald Faison qui semble beaucoup s'amusé ainsi que le très bon Alexander Chaplin. Mais au sommet de ce très bon casting on a un Mandy Patinkin en état de grâce qui fait de l'ombre à quasiment tous les autres hormis peut être Kate Hudson avec qui il partage une scène brillante et sensible, elle signe d'ailleurs ici son meilleur rôle, elle est juste fantastique tandis que Zach Braff confirme son statut de petit génie indispensable au cinéma tellement son naturel et sa justesse de jeu font plaisir à voir. Il est hautement sympathique et totalement attachant.
Pour ce qui est de la réalisation, la photographie est magnifique, le montage est habile permettant un rythme soutenu et un équilibre parfait entre drame et humour tandis que la B.O est juste exceptionnel comme elle l'a été pour Garden State. Sinon la mise en scène de Zach Braff ce montre plus aboutie et ambitieuse mais paradoxalement moins inventive, Garden State étant très inventif dans sa mise en scène ici Braff se montre plus classique. Pourtant chaque plans contient une bonne idée, ce qui confirme le talent de Braff dans la construction de plans et dans le cadrage, ce qui montre une mise en scène ingénieuse et dynamique. D'ailleurs Braff s'essaye à la SF lors de quelques passages de rêveries avec succès, ses scènes sont très mystiques en jouant fortement sur le symbolise et Braff arrive à faire monter un souffle presque épique lors de certains passages comme cette scène d'intro très réussi.
En conclusion Wish I Was Here est une petite claque, le digne successeur de Garden State, une oeuvre, une vraie, qui est à la fois touchante, sensible, drôle et poétique. Zach Braff est clairement un auteur qui me parle, il fait ses films avec du cœur et se compose un cinéma singulier qui n'appartient qu'à lui en étant plus accessible que Woody Allen et plus optimiste que les Coen, des cinéastes qui l'inspire très clairement. Pour moi ce film est un coup de cœur, beau et vrai, et comme son premier film je suis totalement conquis par son savoir faire. A ne surtout pas manquer !

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le 16 août 2014

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Flaw 70

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