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Vincent Lagaf’ (Fort Boyard 2019) : « Avec Mégagaf, l’idée était d’avoir un antihéros »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 29/06/2019 à 18:48 Mis à jour le 14/08/2019 à 11:03

Ce samedi 29 juin, Vincent Lagaf’ reprendra les traits de Mégagaf pour le deuxième numéro de la saison 30 de Fort Boyard sur France 2. L’animateur se confie sur son arrivée dans le célèbre jeu estival et revient sur l’échec de Strike sur C8. Tout en évoquant de ses projets, il fait part de son envie de relancer Le Bigdil, jeu qui a fait les belles heures de l’access prime time de TF1 entre 1998 et 2004.

Benoît Mandin : Comment êtes-vous arrivé dans Fort Boyard ?

Vincent Lagaf’ : Je suis très copain avec Alexia Laroche-Joubert (productrice de Fort Boyard, ndlr) depuis l’époque du Bidgil. Elle fait partie des gens avec qui on s’appelle pour parler autre chose que du métier. Un jour, elle m’a téléphoné en me disant : « Est-ce que tu pourrais nous faire un jeu autour du flyboard ? ». J’étais dans une émission qu’elle produisait où je faisais la promotion du Championnat du monde de flyboard que j’organisais à Cavalaire. J’ai contacté Mégagaf et il est heureux de l’avoir fait.

Par quoi avez-vous été séduit ?

Fort Boyard représente ma jeunesse et mes vacances. Je suis rentré dans le Fort il y a quarante-cinq ans. Mes parents m’emmenaient en vacances à l’Île d’Oléron et on louait des petits dériveurs pour tourner autour de Fort Boyard. Quand la mer était calme, on descendait sur les marches et on allait visiter le Fort qui était rempli de mouettes, goélands… Je l’ai fait pendant huit, dix ans. J’ai ensuite disputé six fois le championnat du monde de jet-ski où on tournait autour de Fort Boyard. C’était presque une histoire d’amour. Quand on m’a proposé d’aller faire un jeu dans un lieu que j’aime beaucoup et qui consistait à exercer ma passion, je n’ai pas hésité une seconde.

Comment avez-vous imaginé Mégagaf ?

Je pensais à tous ces gens qui parlent d’eux à la troisième personne. Ils sont souvent incompris. Quand Alain Delon le fait, il y a deux entités. Mon fils le disait aussi très bien : « J’ai deux papas : celui à la maison et celui du public ». Parfois, les animateurs et les artistes parlent en leurs noms de la personne qu’ils incarnent. Quand je fais Lagaf’, je joue un personnage et cela n’a rien de prétentieux. Mégagaf, j’avais envie d’en faire un personnage hautain, un peu ringard et sûr de lui alors qu’il est maladroit. L’idée était d’avoir un antihéros. Je m’amuse beaucoup à interpréter Mégagaf.

N’est-il pas difficile de mettre en place une importante mécanique autour du flyboard dans un jeu tel que Fort Boyard ?

C’est dix jours qui ressemblent à un marathon épouvantable de stress. Quand on fait du flyboard, on le pratique avec trois, quatre mètres de fond or à Fort Boyard, on a à peine deux mètres, deux mètres cinquante. On doit être à trois cents mètres de tout objet dangereux alors que là on est à vingt-cinq, trente mètres du Fort. Avec le flyboard, il y a un mec en l’air et un jet-ski. Là, on a le Fort, le jet-ski, mon fils qui est cadreur en flyboard, le ponton où le candidat attend et des câbles pour les jeux de tyrolienne. On a quand même la vie d’une personne au bout de la gâchette… En plus, on n’a pas réellement le temps de leur apprendre. Si on le fait, il n’y a pas de chute et plus de côté spectaculaire. Les candidats reçoivent juste les bases essentielles verbalement et on les lâche dans l’eau. Pour moi, en tant que moniteur fédéral, c’est très tendu.

« Danse avec les stars m’amuserait »

Avez-vous rencontré des difficultés ?

À partir du moment où on fait un jeu qui défend des facteurs humains, mécaniques et météorologiques, on a peu de chance d’avoir les trois réunis en même temps. Cette saison, cela a été le cas. Lors du tournage, Jérémy Ferrari a eu le droit à une météo épouvantable : 80 km/h de vent et une déferlante qui faisait de l’eau blanche. On a eu aussi un problème mécanique. Et pourtant, « Show must go on », il faut y aller et on réussit grâce à un esprit d’équipe.

Quel candidat vous a le plus surpris ?

L’année dernière, Marine Lorphelin. Je l’ai briefée en trois minutes. Elle a fait un essai de trente secondes et a brillé tout de suite. Cette année, Romain Grosjean m’a impressionné par son aisance. Vu la carrière mécanique qu’il a entre les mains, ce n’est pas très étonnant.

La saison 30 de Fort Boyard a été lancée le samedi 22 juin. Votre personnage Mégagaf a été renouvelé. À quelle nouveauté les téléspectateurs peuvent-ils s’attendre ?

On voulait apporter des nouveautés avec un overboard qui ressemble aux snowboard et skateboard, et le flyride qui est comme un scooter. Mais en raison de la météo, c’était vraiment trop dangereux et je ne voulais pas prendre de risque. On a quand même réussi à avoir des images drôles que les téléspectateurs vont pouvoir découvrir.

Lors de la promotion de L’aventure Robinson (diffusée en décembre 2018 sur TF1, ndlr), vous avez confié à Toutelatélé développer un jeu autour du sport mécanique. Où en est ce projet ?

Il est développé, mais je ne suis pas suffisamment sur Paris et je ne prends pas le temps pour aller voir des gens pour leur proposer. J’en ai déjà beaucoup parlé donc je me dis qu’à un moment s’ils ont envie de me faire bosser ils m’appelleront. Je vais arrêter de courir après les moulins.

Comment se profile votre rentrée ?

Ce n’est pas parce que je participe à six émissions de Fort Boyard qu’on peut appeler ça une rentrée télévisuelle. Pour moi, ce serait une hebdomadaire, une mensuelle ou un rendez-vous qui reviendrait de manière permanente. Là, c’est juste une saison estivale où je fais une émission sur deux.

« Si TF1 m’appelle pour refaire Le Bigdil, j’arrête tout et je fonce »

Quelle serait votre envie aujourd’hui ?

L’émission que j’ai écrite et qui s’appelle La piste des braves. C’est une émission d’aventure qui se situe à mi-chemin entre Top Gear et Rendez-vous en terre inconnue. On amène une personnalité pas vraiment habituée au rallye-raid tout en transportant des marchandises absolument nécessaires et vitales dans des contrées reculées et très peu connues.

Pourriez-vous participer à Je suis une célébrité : sortez-moi de là, relancé cet été sur TF1 ?

À l’époque, on m’avait demandé si ça m’amuserait de faire l’émission. Je n’en ai pas vraiment ni envie ni besoin. Danse avec les stars m’amuserait. Il y a deux ans, je n’avais pas du tout envie de le faire, mais après avoir vu Vincent Moscato, je me dis que ça peut être drôle. Pour Je suis une célébrité : sortez-moi de là, je ne me suis pas posé la question.

Lors de la saison 2018/2019, vous avez rejoint C8 pour animer Strike. Le jeu, produit par Cyril Hanouna, a été arrêté faute d’audience. Estimez-vous que la page est tournée ?

Je suis vraiment passé à autre chose. La vie n’est pas la télévision, ni C8 ni Strike. C’est ce que je suis en train de vivre en ce moment avec des périodes parfois difficiles. Des facteurs humains et des choses très importantes. La télé est totalement secondaire donc je n’ai pas envie de m’étendre sur Strike.

Entre 1998 et 2004, Le Bidgil a marqué toute une génération. Un retour est-il encore envisageable ?

Une émission spéciale du Bidgil, je ne suis pas forcément pour. Reprendre Le Bidgil en quotidienne me plairait beaucoup. Je suis convaincu qu’il a sa place. On manque de folie, de politiquement incorrect, de jeux généreux, de candidats totalement lambda et d’animateurs complètement barrés. Le Bigdil manque et le public ne cesse de le dire. Sur la page Facebook « Team Lagaf », j’ai cinquante personnes tous les jours qui me disent : « Alors quand revenez-vous pour nous refaire le Bigdil ? ». Demain, TF1 m’appelle pour refaire Le Bidgil même en hebdomadaire, j’arrête tout et je fonce.

« Strike n’a pas pas marché pour les mêmes raisons que Boom sur TF1 »

Comment expliquez-vous que cette émission ait pu autant marquer les téléspectateurs ?

Le fait de ne pas faire une télévision aseptisée y a contribué. Je n’ai jamais été assis sur une croix à regarder la caméra qu’on m’indiquait. Je vivais sur le plateau. J’étais un électron libre lâché sans aucune répétition. Le réalisateur Gabriel Cotto avait compris qu’il ne fallait pas m’attraper, mais m’encadrer. Il y avait un sentiment de liberté et d’improvisation qui a été en grande partie le succès du Bidgil. L’équipe technique préparait énormément l’émission. Moi, j’arrivais à midi pour 12h30. Je prenais un malin plaisir à ne pas retourner quand c’était une erreur. J’essayais de faire une télévision vraie. L’objectif était que les téléspectateurs se disent : « C’est vivant et réel ».

Accepteriez-vous de relancer Le Bidgil sur la TNT pour une diffusion en prime time ?

Le Bidgil est un jeu populaire fait pour ne pas durer plus de quarante minutes. Si on en fait deux heures, je crains de tomber dans des choses trop travaillées et peaufinées. Il faut une part d’improvisation et que ça part en sucette. Les gens veulent qu’on arrête de leur dire : « Regarde là, pense comme ça, paye ça et achète ça ». Ils souhaitent un peu de folie. Le Bigdil la donnait. C’est trop long deux heures ! Strike n’a pas marché pour les mêmes raisons que Boom sur TF1. Il y a des gens à qui tu expliques pourquoi ça ne marchera pas et tu te les mets à dos. Tu arrêtes et tu fais ce qu’on te dit… Tu obéis aux gens et quand ça se casse la « gueule », tu dis : « Est-ce que je ne vous avais pas prévenu ? ». Le Bidgil était composé d’épreuves qui revenaient au minimum toutes les cinq semaines.

Cela peut-il justifier l’échec de Strike ?

Quand on faisait un jeu de bowling dans Le Bigdil, il durait quatre minutes et revenait toutes les cinq semaines. Or dans Strike, c’était toujours le même jeu pendant deux heures et demie. Au bout d’un moment, on pouvait mettre n’importe quel animateur, ça n’aurait rien changé. Pour Boom, c’était la même chose tous les soirs pendant quarante-cinq minutes. Malgré mes requêtes, les dirigeants me disaient : « Fais-nous confiance, on sait faire ». Le problème c’est qu’au final c’est souvent l’animateur qui en pâtit. On dit : « Vous avez eu un échec ». Mais ça n’a pas été le cas puisque le public a dit : « On est content de retrouver Vincent Lagaf’ ». C’est un échec de production. Artistiquement, je me sens fier et propre de ceux que j’ai faits. Si TF1 ou la TNT me proposent de reprendre Le Bidgil avec les moyens nécessaires, je vais, je fonce et je vole.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la bataille de l’access prime time ?

En dehors du fait qu’il y a vingt-huit chaînes au lieu de six à l’époque, c’est toujours la même bataille. Je me souviens que sur France 2, c’était une bataille permanente. On était que deux chaînes à proposer des programmes relativement similaires. Sur la Trois, c’était le journal télévisé pendant que la Cinq et la Six étaient sur une offre différente. Entre la Une et la Deux, c’était vraiment une grosse bataille. Si Le Bigdil revenait, il y aurait sa place.