LNH

Il était une fois... Michel Brière

Publié | Mis à jour

Quarante-cinq ans plus tôt, une tragédie frappait le monde du hockey.

Michel Brière, un jeune attaquant de 21 ans qui était promis à un brillant avenir dans la Ligue nationale de hockey, rendait l’âme après 11 longs mois dans le coma.

Quarante-cinq ans plus tôt, son Abitibi natale pleurait un jeune homme et un joueur au talent exceptionnel qui avait inspiré toute une population.

Le destin a décidé qu’il ne disputerait plus jamais une rencontre de hockey. Le destin a voulu que le 15 mai 1970, vers 21h, Brière soit impliqué dans un accident de voiture alors qu’il roulait sur la route 117 entre Malartic et Val-d'Or.

Victime d’un traumatisme crânien, le jeune joueur né à Malartic a été plongé dans un coma. Onze mois plus tard, le 13 avril 1971, son décès a été annoncé.

Il n’a jamais pu connaître la grande carrière de hockeyeur dont il semblait être destiné, ni avoir la chance de voir grandir son fils Martin, qui n’avait qu’un an lors de sa mort.

Alors non, Martin Brière n’a jamais connu son père Michel.

Il n’avait pas encore fêté son deuxième anniversaire lorsque son paternel est décédé tragiquement dans cet accident de voiture.

Son départ soudain à l’âge de 21 ans a laissé un grand vide dans sa vie.

Néanmoins, depuis 45 ans, Martin a de quoi remplir ce fossé puisqu’il est submergé de souvenirs. Bien des gens ont eu l’honneur de côtoyer celui qui a enfilé l’uniforme des Penguins de Pittsburgh lors de la saison 1969-1970.

Bien des anecdotes au sujet de son père lui ont été racontées, bien des événements marquants lui ont été confiés.

Tous ces souvenirs lui appartiennent, même s’il n’a pas eu la chance de les vivre. C’est pourquoi il a les yeux rougis lorsqu’il se remémore le moment où il a eu la chance de voir le premier but de son père dans la LNH.

«Quand il est décédé, j’avais un an et demi. Ça a pris un certain temps avant que je réalise que mon père était un joueur de hockey professionnel qui avait eu une carrière très importante, bien que courte, a raconté Brière lorsque rencontré par la chaîne TVA Sports.

«Quarante-cinq ans plus tard, je ne peux que le constater. Presque chaque année, je rencontre quelqu’un qui a connu mon père et qui m’en parle.

«Mes amis m’appellent souvent lorsqu’ils voient quelque chose à son sujet. D’ailleurs, le premier but de mon père dans la LNH, je l’ai vu sur internet en compagnie de mon fils. C’était quelque chose.»

Brière n’a pas été en mesure de poursuivre sa phrase outre mesure. Très émotif et les yeux humides, il s’est brièvement excusé pour le flot d’émotions qui l’envahissait.

«Ce sont des souvenirs qui se construisent, et chaque année j’en ai de nouveaux qui s’ajoutent», a-t-il tout de même renchéri.

Une marque indélébile

À sa seule et unique saison avec les Penguins, Brière a connu une campagne de 12 buts et 32 mentions d’aide en 76 rencontres.

Ses 44 points lui ont permis de se classer parmi les 60 meilleurs pointeurs de la saison 1969-1970. Une campagne où l’on retrouvait des Bobby Orr, Henri Richard, Jean Béliveau, Gordie Howe, pour ne nommer que ceux-là.

Celui qui a été repêché 26e au total à l’encan de 1969 avait aussi connu deux fracassantes saisons dans les rangs juniors avec les Bruins de Shawinigan.

Lors de la campagne 1968-1969, il a obtenu 161 points en 50 matchs, terminant ainsi au sommet des pointeurs la ligue. Guy Lafleur, avec les As de Québec, s’était classé au deuxième rang avec 110 points en 49 rencontres.

Ses accomplissements n’ont évidemment pas été ignorés. Le trophée Michel Brière est remis annuellement à la recrue de l’année dans la Ligue de hockey junior majeur de hockey.

Les Penguins ont par ailleurs retiré son numéro 21 le 5 janvier 2001. Seul le célèbre 66 de Mario Lemieux a aussi été immortalisé par l’organisation.

«C’était une grande surprise, et surtout, une soirée chargée en émotions. Un moment très positif. On a vécu une belle aventure à Pittsburgh. On a notamment eu l’occasion de rencontrer Mario Lemieux, s’est souvenu celui qui agit à titre d’adjoint à l’entraîneur pour l’équipe de son plus jeune fils.

«J’ai versé une larme au moment où le chandail s’est élevé dans l’amphithéâtre. J’étais littéralement rouge en raison des émotions qui m’envahissaient.

«C’est surprenant de constater à quel point le lien avec mon père est devenu fort même si je ne l’ai pas connu.»

Ce lien, il le chérit, même s’il ne peut qu’entretenir une relation avec les souvenirs de son père.

C’est aussi pourquoi il veut partager le plus de moments possible avec ses trois fils. Arnaud, 16 ans, Émile, 13 ans, et Loïc, 11 ans, sont tous les trois passionnés par le hockey.

Émile arbore d’ailleurs le numéro 21 de son grand-père.

«La relation que j’établis avec mes propres fils, pour moi, c’est super important. C’est quelque chose que je n’ai pas eu, a soutenu Martin en essuyant légèrement les quelques larmes qui se sont échappées de ses yeux.

«J’ai une chance extraordinaire. Je m’assure d’être présent dans leur vie. Je dirais que ne pas avoir eu cette relation avec mon père m’a poussé à faire ce choix d’accorder beaucoup de temps à mes enfants.»

Voyez le reportage de Mikaël Lalancette, avec l'aide d'Alexandre Régimbald, dans la vidéo ci-dessus.