Critique : The Old guard

Adaptation du comic book éponyme de Greg Rucka, The Old Guard place Charlize Theron à la tête d’un groupuscule d’êtres immortels qui interviennent sur divers conflits au travers des âges. Entre cinéma d’action et fantastique, le film de Gina Prince-Bythewood aligne les arguments cool dans un mouvement progressiste mais il se cantonne hélas au rang de la série B souvent insipide, avec de cruels défauts artistiques.

Mercenaires séculaires

Tout débute comme un film de mercenaires classique. Andy (Charlize Theron) et ses hommes répondent présents à une mission pour sauver des enfants kidnappés au Soudan du Sud, mission qui est en réalité un guet-apens. Tous les membres de l’équipe finissent dans une mare de sang, criblés de balles. Et pourtant, l’impossible se produit : les blessures se résorbent, les balles s’extraient de la chair, l’iris d’Andy réagit. Voilà le commando sur pied et d’attaque, annihilant ceux qui les ont tués quelques instants auparavant. Tout ceci se déroule face à des caméras mettant en péril l’anonymat de ces immortels au naturel discret. Ce groupe intéresse fortement un jeune génie à la tête d’un groupe pharmaceutique, Merrick (Harry Melling), qui imagine bien trouver la clé de la vie éternelle si seulement ces êtres séculaires pouvaient passer sous son bistouri. Alors qu’ils s’apprêtent à quitter le continent africain, ces élus captent l’apparition d’une femme qui partage à son tour l’étrange goût de l’immortalité, Nile (Kiki Layne) une américaine tuée au combat en Afghanistan. Andy s’occupe d’intercepter la jeune femme dont le cas étrange intéresse l’armée et le groupe se retrouve à Goussainville, du côté de chez nous. Une planque fort intéressante puisque la ville, si près de l’aéroport de Roissy est quasiment déserte – la nuisance sonore est évidemment à relativiser en cas d’arrêt du trafic aérien pour des raisons que vous connaissez !

Sur sa première partie, The Old Guard déploie un étrange attirail. On y retrouve des acteurs de premiers choix, comme Charlize Theron, Matthias Schoenaerts ou encore Chiwetel Ejiofor, mais tous se montrent, généralement, en-dessous de leur niveau de jeu courant. Il faut avouer que certaines répliques seraient dissonantes dans n’importe quelle bouche et que la mise en scène ne les met jamais en valeur. Si les séquences d’actions se montrent toujours efficaces, c’est grâce à leurs chorégraphies et leur violence, et non aux choix en matière de cadres et de montage. Pourtant, en dehors de l’originalité contextuelle et du charisme des comédiens, tout le film repose sur elles. Ouvertement progressiste avec ses deux rôles féminins au premier plan – dont une Afro-américaine – et un couple d’homosexuels parmi ses rangs, The Old Guard semble simplement s’accorder à l’air du temps sans rien n’incarner avec conviction. Au fil du film, la psychologie des personnages devient de plus en plus improbable, et ce qui permet de préserver l’empathie réside dans leur terrible talon d’Achille, leur immortalité étant finalement relative.

La disparition récente d’Ennio Morricone a permis de redécouvrir certaines de ses interventions à la télévision. Le maestro déclarait dans l’une d’elles que dans la perception d’un film par le spectateur, la vue représente cinquante pour cent et l’ouïe l’autre moitié. Peut-être que le compositeur italien faisait preuve de modestie dans ce constat, peut-être que la musique joue finalement un rôle prépondérant sur l’image, car elle en change la couleur même. Une musique affecte tout un film, Stanley Kubrick le savait parfaitement en jetant tout le travail de son compositeur pour réorchestrer 2001 : l’odyssée de l’espace avec des morceaux existants. L’un des défauts rédhibitoires de The Old Guard réside dans sa bande originale sans saveur signée Volker Bertelmann et Dustin O’Halloran. Le manque d’âme est effroyable, et même les quelques morceaux additionnels réduisent aussi l’impact des scènes de combat, altérant leur dimension brutale. On arrive au bout de cette production avec le sentiment doux-amer d’avoir assisté à un divertissement qui aurait eu bien plus à offrir entre d’autres mains, et la perspective d’une suite ne peut que laisser perplexe tant les fondations s’avèrent fragiles. Mais pouvait-on espérer de l’avant-gardisme avec l’ancienne garde ?

2.5 étoiles

 

The Old guard

Film américain
Réalisatrice : Gina Prince-Bythewood
Avec : Charlize Theron, KiKi Layen, Matthias Schoenaerts, Marwan Kenzari, Luca Marinelli, Chiwetel Ejiofor, Harry Melling, Van Veronica Ngo
Scénario de : Greg Rucka, Leandro Fernandez
Durée : 125 min
Genre : Action, Fantastique
Date de sortie en France : 10 juillet 2020
Distributeur : Netflix France

 

Article rédigé par Dom

Partagez cet article avec vos amis ou votre communauté :

Twitter Facebook Google Plus

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Comments links could be nofollow free.

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Avant de publier un commentaire, vous devez lire et approuver notre politique de confidentialité.