The Thing, version 2011

Norvégiens glacés

Nicolas Winter
Juste un mot
Published in
4 min readOct 30, 2020

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Après le remake de Zombie (à savoir L’Armée des morts de Zach Snyder), les producteurs de celui-ci, Marc Abraham et Eric Newman, se penchent sur un autre film culte du genre horrifique : The Thing de John Carpenter.
Lucides quant aux possibilités de faire mieux que l’original (un peu comme c’était le cas d’ailleurs pour Zombie), les compères ont alors une idée intéressante : faire une préquel à The Thing !
Pour cela, c’est le néerlandais Matthijs van Heijningen Jr. qui prend le poste de réalisateur aidé par Eric Heisserer au script et par Marco Beltrami à la musique. Ajoutez à cela un casting qui intègre pas mal d’acteurs norvégien (dont Kristofer Hivju, le futur Tormund de Game of Thrones) et vous obtenez un projet multiculturel qui a une vraie carte à jouer.

En effet, contrairement au The Thing de Carpenter, cette version 2011 se lorgne bien moins sur la nouvelle originale de John W.Campbell que sur son illustre prédécesseur cinématographique. Le but ici n’est pas tant d’adapter à nouveau un récit déjà parfaitement adapté auparavant mais de trouver un compagnon de route qui viendrait combler les trous de l’histoire de McReady lorsque celui-ci découvre le camp norvégien dévasté.
Rappelons que ce sont les norvégiens qui trouvent en premier la Chose dans le film de John Carpenter et que les décombres du camp ne laissent qu’entrevoir la catastrophe qui s’y est déroulé. Matthijs van Heijningen Jr. et Eric Heisserer décident donc d’examiner dans les moindres recoins le camp (ou ce qu’il en reste) du précédent métrage pour construire une préquelle où une équipe de scientifiques se retrouvent confrontée au monstre.
Grosso modo, cette nouvelle version se sert, volontairement, d’une trame similaire à celle du Carpenter tout en respectant à la lettre les indices laissés par le film quant aux déroulements des évènements dramatiques.
Notons aussi quelques éléments importants dans cette mouture avec un personnage principal féminin qui n’a pas de trame amoureuse et qui permet d’éviter l’écueil cliché au possible de La Chose d’un autre monde tout en ne tombant pas dans l’absolu masculinité de The Thing. De même, il est important de noter qu’à l’instar de Ripley dans Alien, le personnage de Kate joué par l’excellente Mary Elizabeth Winstead sera le fer de lance de la résistance humaine et servira de guide dans ce récit horrifique.

Souvent dénigrée par la critique, cette version a pourtant pas mal de qualités à faire valoir, à commencer par cette envie de fidélité au film de John Carpenter et sa façon très intelligente au final de recycler les idées pour lui rentre hommage sans en faire quelque chose de vulgaire. En évitant le test sanguin et en pensant aux prothèses dentaires ou aux implants métalliques, The Thing apporte du neuf et fait en même temps un beau clin d’œil au spectateur. Bien évidemment, les effets spéciaux et les moyens ne sont ici pas les mêmes et l’on apprécie de voir la Chose d’une façon aussi détaillée et vive constatant au passage que l’animatronic du film de Carpenter garde encore une certaine supériorité sur le sentiment de malaise qu’il dégage, même 30 ans plus tard !
Pensée davantage comme un blockbuster horrifique, cette version laisse en sourdine le côté paranoïaque qui, de toute façon, n’aurait certainement jamais été aussi bon que celle de son prédécesseur. Mais là où le film perd en sentiment horrifique, il gagne en astuce pour venir s’imbriquer de façon quasi-parfaite avec le film de Carpenter, et c’est là tout l’intérêt de l’entreprise.
La fin notamment, montre à quel point le réalisateur et le scénariste admirent et veulent à tout prix honorer le bijou de Carpenter.
Cette entreprise de préquelle-remake n’a donc pas grand chose à apporter en soi mais constitue, pour le fan de la Chose, un élément indispensable dans cette mythologie science-fictive.

Forcément moins forte que la mouture de 1982, cette version de The Thing n’en reste pas moins un film d’horreur très correct et une œuvre respectueuse de l’original qui tente l’hommage-préquel plutôt que le remake redites.
Un très bon moment de divertissement et de fan-service minutieux à l’arrivée.

Note : 7.5/10

→ Critique de La Chose d’un autre monde

→ Critique de The Thing, version 1982

Texte original de John W. Campbell chez Le Bélial’ :

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