Si elle a systématiquement refusé de répondre à Capital depuis le début de notre enquête, Michèle Rubirola s’est en revanche largement exprimée auprès de nos confrères et plus longuement encore dans un communiqué publié sur son compte Twitter. Dans un texte adressé à Martine Vassal, sa rivale LR qu’elle accuse de “récupérer” nos révélations, la candidate de la gauche phocéenne déroule la chronologie des faits pour se défendre, prenant au passage la liberté de détailler la nature des ses soucis de santé, ce que nous n’avions pas fait. Sauf qu’en voulant rentrer dans le détail, la conseillère départementale se discrédite. Pour rappel, Capital a prouvé documents à l’appui que la candidate avait été en arrêt maladie du 20 octobre au 21 janvier et qu’elle avait fait campagne durant cette période : d’abord comme l’une des leader de la coalition de gauche locale puis comme candidate officielle du Printemps marseillais à partir de sa désignation le 8 janvier. Bref, trois mois de campagne aux frais de la Sécu quand les autres candidats piochent dans leurs congés payés ou en posent des sans solde.

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“Oui, j’ai été en arrêt maladie à la fin de l’année 2019 suite à la pose d’une prothèse totale de mon genou gauche, écrit-elle dans sa lettre ouverte à Martine Vassal. J’ai subi de longues séances de rééducation obligatoires pour mon rétablissement jusqu’à mi-février 2020. J’ai respecté scrupuleusement les horaires de sortie qui m’étaient imposées durant cette période. J’étais tous les jours de la semaine immobilisée de 8h à 12h et de 14h à 16h.”

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En tant que médecin de profession, Michèle Rubirola devrait pourtant savoir que l’article L323-6 du Code de la Sécurité du code la Sécurité sociale subordonne le service de l’indemnité journalière à plusieurs obligations dont celle “de s’abstenir de toute activité non autorisée”. La Cour d’appel de Paris, dans son jugement du 8 septembre 2016, a rappelé que “‘une activité non autorisée doit donc s’entendre comme toute activité, même non rémunérée, qui n’a pas fait l’objet d’une autorisation expresse préalable par la Caisse et le médecin”. Il n’est ici aucunement question d’horaires. Quand bien même ses médecins auraient coché la case “sorties autorisées sans restriction d’horaire” sur l’arrêt, la candidate de la gauche n’était évidemment pas libre d’avoir des activités physiques, notamment celles qu’exige une campagne électorale. Que ce soit le mardi matin ou le samedi soir. “Les sorties autorisées sont prévues pour les besoins essentiels à la vie, rappelle Eric Rocheblave, avocat spécialiste en droit de la Sécurité sociale. C’est à dire aller chez son médecin, à la pharmacie, à l’épicerie... Pour avoir vraiment le droit de faire campagne, il aurait fallu que son médecin le mentionne clairement sur le certificat d’arrêt maladie et que l’Assurance maladie l’accepte.” Selon nos informations, cette autorisation expresse du médecin ne figure absolument pas sur ses arrêts maladie. Ce qui n’a pas empêché Michèle Rubirola de multiplier les réunions publiques tout au long de l’automne, comme nous l’avons détaillé. Le 16 novembre ou le 20 décembre par exemple.

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On le voit, les réseaux sociaux de la candidate témoignent précisément de son intense activité sur le terrain. Le 19 janvier, la page Facebook du Printemps marseillais publiait même (voire ci-dessous) une vidéo où on l’observait déambuler sur le marché du Prado. Investie depuis dix jours, elle était pourtant encore en arrêt maladie. A nos confrères de la Provence, elle déclarait pourtant ce mercredi : “Je le répète : du 10 janvier au 21 janvier, je n'ai pas fait campagne. Connaissant la rigueur du directeur de la CPAM et sa volonté de lutter contre la fraude, vous pensez qu'il ne m'aurait pas alertée ?" Un oubli sans doute.

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