Un Français sur deux pour l’interdiction du droit de grève chez les fonctionnaires

Selon un récent sondage, 50 % des Français souhaite interdire le droit de grève aux fonctionnaires. Mais les salariés du secteur public sont opposés à cette interdiction à 74 %.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un Français sur deux pour l’interdiction du droit de grève chez les fonctionnaires

Publié le 11 janvier 2012
- A +

Selon un sondage exclusif Ifop pour Le Cri du Contribuable et l’Observatoire de la fiscalité et des finances publiques, un Français sur deux souhaite interdire le droit de grève aux fonctionnaires. Mais les salariés du secteur public sont opposés à cette interdiction à 74 %.

Par Michel Brulé
Article publié en collaboration avec le Cri du Contribuable

Comment comprendre la disparité que l’on observe en France entre le recours si fréquent à la grève de la part des agents publics, fonctionnaires ou salariés des grandes entreprises publiques, et l’usage bien plus modéré qu’en font les salariés du secteur privé ?

Les premiers s’en servent comme d’un levier banal pour faire aboutir leurs revendications et le maintien de leurs avantages acquis quand les seconds font surtout grève lorsque leur emploi, leur établissement ou leur entreprise sont directement menacés.

Différence des statuts

Une première explication tient à la différence des statuts entre salariés du public et du privé. Assurés de la sécurité de leur emploi, les agents publics n’ont pas à redouter que l’usage répété des arrêts de travail n’aboutisse à le leur faire perdre.

81 % des Français établissent un lien entre cette garantie et la propension des agents publics à recourir fréquemment à la grève.

Ajoutons que la situation de monopole des organisations qui les emploient et l’assurance que ces dernières ne feront pas faillite, quels que soient les déficits de leurs comptes, sont aussi de puissantes incitations à utiliser une arme dont les périls pour le salarié sont ainsi minimisés.

Si aucun concurrent ne peut se substituer à votre entreprise pendant que vous cessez le travail et quel que soit le coût de vos revendications, il n’entraînera pas de dépôt de bilan, on comprend qu’on hésite moins à recourir à la grève à répétition.

Strictement partagés en deux

Est-ce à dire qu’il faut supprimer le droit de grève aux salariés ainsi protégés par leur statut, comme le font par exemple les Allemands ? Face à cette mesure, les Français sont strictement partagés en deux, 50 % pour et 50 % contre.

Les réponses varient naturellement beaucoup avec le statut professionnel de l’interviewé : cette perspective est rejetée par les trois-quarts des agents publics, alors qu’elle divise les salariés du privé et les travailleurs indépendants.

On retrouve un fort clivage politique dans les réponses : les trois-quarts des électeurs de droite sont favorables à un alignement sur la législation allemande qui ne reconnaît pas le droit de grève aux fonctionnaires bénéficiant d’un statut, mais les trois-qaurts des électeurs de gauche s’y opposent. Ceux du MoDem se prononcent plutôt en faveur d’une telle mesure.

Les agents publics sont bien plus représentés dans les partis de gauche

Si on entre dans les cas concrets et qu’on envisage la suppression du droit de grève dans différents organismes publics, étant entendu que des modalités de résolution des conflits sociaux seraient mises en place, on observe que c’est surtout les transports publics – SNCF, RATP – pour lesquels une telle mesure serait souhaitée par 60% des Français.

On note que, contrairement à la question générale d’un éventuel alignement sur le modèle allemand, dans l’examen au cas par cas, on enregistre une majorité favorable au remplacement du droit de grève par d’autres modalités de règlement des conflits sociaux pour chacun des six organismes retenus. Ces majorités oscillent entre 20 points (60/40) et dix points (55/45).

On retrouve ici les positions antinomiques des électeurs de gauche et de droite, les premiers se prononçant contre la mesure proposée et les seconds pour, quel que soit l’organisme envisagé (transports, énergie, ministères, police). Ces positions opposées s’expliquent en partie par les différences sociologiques des électorats, les agents publics étant bien plus représentés dans les partis de gauche.

——

Résultats du sondage (extraits)

Question 1 : En France, les jours de grève sont en général plus nombreux dans le secteur public que dans le secteur privé. Pensez-vous que cette situation s’explique par la sécurité de l’emploi dont bénéficient les agents publics ?

Total Oui :

  • ensemble des Français :  81 %
  • salariés du secteur privé : 86 %
  • salariés du secteur public : 68 %

Total Non :

  • ensemble des Français :  19 %
  • salariés du secteur privé : 14 %
  • salariés du secteur public : 32 %

Question 2 : En Allemagne, les fonctionnaires disposant d’un statut n’ont pas le droit de faire grève. Souhaiteriez-vous qu’il en aille de même en France ?

Total Oui :

  • ensemble des Français :  50 %
  • salariés du secteur privé : 52 %
  • salariés du secteur public : 26 %

Total Non :

  • ensemble des Français :  50 %
  • salariés du secteur privé : 48 %
  • salariés du secteur public : 74 %

Question 3 : Pour chacun des secteurs ou entreprises suivants, seriez-vous favorable ou opposé à ce qu’on y interdise la grève tout en y mettant en place des procédures particulières de règlement des conflits sociaux ?

La RATP :

  • favorable : 61 %
  • opposé : 39 %

La SNCF

  • favorable : 60 %
  • opposé : 40 %

La police

  • favorable : 58 %
  • opposé : 42 %

L’EDF

  • favorable : 57 %
  • opposé : 43 %

L’Éducation nationale

  • favorable : 55 %
  • opposé : 45 %

Le ministère des Finances

  • favorable : 55 %
  • opposé : 45 %

Étude réalisée par l’Ifop pour l’Observatoire de la Fiscalité et des Finances publiques sur un échantillon de 1008 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’interviewé(e) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI – Computer Assisted Web Interviewing) du 13 au 15 décembre 2011.

Télécharger les résultats du sondage dans son intégralité.

—-
Sur le web

Voir les commentaires (11)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • Le droit de grêve n’a pas à être limité ou interdit, quand nous somems pour la Liberté.

    Le fait que les grévistes soient en majorité fonctionnaire n’est pas non plus un argument suffisant (sureté de l’emploi = pas de droti de grêve).

    Non, c’est bien au nom de la Liberté qu’il faut interdire le droit de grêve dans certaines circonstances, et ces circonstances sont …. LE MONOPOLE !!!

    Car avant d’atteindre à la liberté des grévistes, il y a eu une atteinte préalable à la liberté de choix du consommateur.

    Il faut donc libérer cette première liberté bafouée, plutôt que de limiter le droit de grêve des fonctionnaires.

    Tous le monde y gagnerait, en premier lieu les consommateurs et les entrerprises (privées) concurrentes de ces services « publics »…

    • La défense de la liberté conduit à défendre le droit absolu de démissionner, certainement pas le faux droit de grève. Dès lors que le droit de démissionner est respecté, la grève, comme toute forme de violence, quelles que soient les circonstances, est contraire à la liberté d’autrui.

    • (Je suis désolé pour la répétition mais mon dernière commentaire devait apparaître en réponse à ce commentaire 🙂 ) . – Il ne s’agit pas d’empêcher la liberté en interdisant un supposé « droit de grêve ». Il s’agit d’éliminer une erreur de concept qui avant tout, ne devrait pas être là. Déjà droit de grêve ou droit « social », constitue une distorsion dans le mot DROIT. Le droit comme étant un système de normes qui surgissent de façon évolutive à partir des contrats volontairement faits par les individus sur leur propriété, d’où apparaissent DROITS et OBLIGATIONS. Lorsque l’état s’autoproclame fournisseur de droits, il peut donner des droits à tout et n’importe quoi. C’est pareil avec le « Droit au logement », comment il fait l’état ou le gouvernement pour garantir le « droit au logement » donné arbitrairement à quelqu’un? sachant que les logements n’apparaissent par magie? Il doit obliger aux autres à payer lesdites logements.

  • « 1 Français sur 2 pour l’interdiction du droit de grève chez les fonctionnaires »

    Et l’autre Français sur deux est un fonctionnaire…

  • La question du droit de grève prend de telles proportions chez nous parce qu’il est abusif. La risée du monde entier.
    Que penser des cheminots qui arrêtent de bosser (droit de « retrait ») parce qu’un des leurs s’est fait agresser ? Que ce soit sur la ligne concernée, passe encore, mais non, ils trouvent le moyen d’empêcher les gens de travailler au niveau d’une ville entière. De mettre le job de ceux du secteur non-protégé en péril en se fichant pas mal du coût.
    Que penser des grèves au moment des vacances où ils empêchent les congés payés, pourtant un zaki ?
    Que penser des syndicalistes qui font pression sur leurs collègues pour des arrêts de travail politiques, même pas catégoriels, pour menacer Sarkozy et montrer que la gauche existe, caciques du PS en tête des manifs ?
    Que pensez des télés qui ne tendent leurs micros qu’à des usagers absolument ravis et solidaires ?
    Le seul droit de grève que je leur concèderais volontiers, c’est la grève du zèle. Mais le mot zèle ne fait guère partie du lexique du fonctionnaire. Ou encore, faciliter le travail de ceux du secteur exposé : trouver les portillons du métro ouverts, ça c’est bien comme grève.

  • Il ne s’agit pas d’empêcher la liberté en interdisant un supposé « droit de grêve ». Il s’agit d’éliminer une erreur de concept qui avant tout, ne devrait pas être là. Déjà droit de grêve ou droit « social », constitue une distorsion dans le mot DROIT. Le droit comme étant un système de normes qui surgissent de façon évolutive à partir des contrats volontairement faits par les individus sur leur propriété, d’où apparaissent DROITS et OBLIGATIONS. Lorsque l’état s’autoproclame fournisseur de droits, il peut donner des droits à tout et n’importe quoi. C’est pareil avec le « Droit au logement », comment il fait l’état ou le gouvernement pour garantir le « droit au logement » donné arbitrairement à quelqu’un? sachant que les logements n’apparaissent par magie? Il doit obliger aux autres à payer lesdites logements.

  • Non mais qu’est ce que le droit de greve? En Gros, c’est le droit de ne pas perdre son boulot quand on fait greve. C’est une espece de titre de propriete du poste de travail aquis au nom de la menace de faire plein de degats.
    Le droit de greve n’est JAMAIS justifiable parce que c’est pas un droit: C’est un privilege. C’est un privilege qui permet a ses depositaires de s’approprier le capital. En effet, les actionnaires n’ayant pas le droit de remplacer les grevistes meme si les machines leur appartiennent, cela revient a deposseder les proprietaire de ce capital d’une partie de l’usufruit de ce meme capital. C’est moralement injustifiable et c’est une ateinte a la propriete privee.
    Par ailleurs je dis que c’est un privilege parce que les patrons n’ont pas le droit de faire la greve du salaire. « tant que vous bosserez pas mieux je paye plus ». Et c’est bien normal que les patrons n’aient pas ce droit, autant qu’il n’est pas normal que les emplyes (publics ou prives) aient des droits sur un capital qui n’est pas le leur.

    • Le droit de faire grève devrait être prévu dans les contrats de travail pour respecter les droits des employeurs.

      Quant aux fonctionnaires, ils ne devraient avoir aucun statut ni droit de faire grève, ni le droit de voter et/ou de faire de la politique.

  • A soumettre à reférendum:
    Les fonctionnaires et agents des entreprises publiques doivent-ils conserver leur statut et abandonner le « droit » de grève ?
    ou, doivent-ils abandonner leur statut et conserver le droit de grève?
    Personnellement, je serai plutôt favorable à la seconde question (sauf pour l’armée, la police, la Justice) ce qui offrirait comme avantage au pays d’être gouverné, à tous les échelons, par des élus autres que des gens accrochés à leurs fiefs sans la moindre prise de risque .

  • Je ne connais pas grand chose à la méthodologie des sondages mais pourquoi n’y a-t-il pas de catégorie « sans opinion » dans les réponses ?

  • Le contrat est clair: les citoyens paient des impôts et en échange reçoivent des services de l’état.

    Ne pas payer ses impôts est un délit, dès lors ne pas rendre le service payé devrait l’être de facto.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

C’est en Angleterre que sont apparus les premiers concepts HACCP suite aux nombreux problèmes d’hygiène rencontrés sur des produits alimentaires. L’origine étant que les salariés des entreprises alimentaires n’avaient pas le réflexe de se laver les mains avant d’opérer sur les lignes de production.

S’en est suivi un certain confort de travail pour les responsables qui, au lieu de se fâcher et risquer les conflits, pouvaient se contenter de se référer aux normes écrites que les salariés avaient eux-mêmes signées. L’autorité était rempla... Poursuivre la lecture

Cette question peut surprendre tant sont nombreux les syndicalistes et dirigeants politiques qui déclarent à l’occasion de chaque grève : « le droit de grève est un droit constitutionnel ». Cette insistance est d’ailleurs étonnante. Est-il rappellé à chaque élection que le droit de vote est un droit constitutionnel ? Pourquoi faut-il le rappeler à l’occasion des grèves ?

 

La réponse n’est pas simple

La Constitution ne mentionne pas le droit de grève.

Certes, son préambule affirme que « le peuple français proclame so... Poursuivre la lecture

1
Sauvegarder cet article

Par Bruno Léoni.

 

En décembre 1965, alors que l’Italie se dirigeait tout droit vers l’« automne chaud » et la rude conflictualité des années soixante, Bruno Leoni rédigeait un article dans lequel il introduisait certaines de ses thèses qu’il illustrera par la suite – sous des formes bien plus amples et approfondies – dans ses écrits fondamentaux de 1967.

Leoni défend le marché et le caractère pacifique de l’échange et du contrat contre les logiques conflictuelles des visions syndicalistes, fortement influencées par le ma... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles