TECHNO - Si vous avez déjà mis en ligne une vidéo sur internet, vous avez peut-être déjà été confronté à une suppression de votre création pour un problème de droit d'auteur. C'est ce qui est arrivé au pianiste James Rhode, ce 4 septembre, rapporte le site Boingboing.
Jusque là, rien de bien exceptionnel. Sauf qu'il a été accusé de piller l'oeuvre de Jean-Sébastien Bach, le célèbre compositeur de musique baroque, mort en 1750. Facebook a supprimé sa vidéo car "47 secondes du son de votre vidéo appartiennent à Sony Music Entertainment". Dans un message posté sur Twitter, le pianiste précise qu'il a réalisé cet enregistrement sur son piano, dans son salon.
"Hey Sony, apparemment vous 'possédez' 47 secondes de ma performance de Bach. Il est mort il y a 300 ans. Et j'ai réalisé cet enregistrement dans mon salon. Arrêtez d'être des trous du cul. Vous ne possédez RIEN".
Une oeuvre aussi ancienne que celle de Bach est évidemment dans le domaine public. Ce qui s'est certainement passé, c'est que l'algorithme utilisé par Facebook a confondu l'interprétation de ce morceau de Bach par James Rhode avec celle d'un artiste sous contrat avec Sony. La société n'a toujours pas contacté James Rhodes.
Une anecdote avant un vote crucial européen
Le problème n'est pas unique, rappelle Boingboing. Il y a quelques jours, l'ONG Wikimedia publiait le témoignage d'un professeur de musique allemand qui a fait face à de telles suppressions d'oeuvres de musique classique libre de droit, via le même type de système.
Cette histoire, qui est donc loin d'être isolée, se produit alors que ce mercredi 12 septembre, le Parlement européen doit à nouveau se prononcer sur une réforme controversée du droit d'auteur. La directive a été rejetée le 5 juillet et doit à nouveau être étudiée par les députés.
Un très fort lobbying entoure depuis des mois cette réforme, qui oppose des créateurs de contenus du monde entier (du cinéma, de la presse ou de la musique comme récemment Paul McCartney), favorables au texte, aux géants du numérique et aux activistes de la liberté sur internet, qui y sont opposés.
L'objectif principal de cette réforme, proposée par la Commission européenne en septembre 2016, est de moderniser le droit d'auteur à l'ère de la révolution numérique, la dernière législation sur le sujet remontant à 2001.
Deux articles particulièrement critiqués
L'idée est d'obliger les plateformes, comme Youtube par exemple, à mieux rémunérer les créateurs de contenus (article 13). Le texte les rendrait aussi légalement responsables pour le contenu mis en ligne par les utilisateurs. Cet article pourrait imposer, selon les opposants de la réforme, la mise en place un filtrage automatique des contenus, ce qui n'est pas obligatoire actuellement.
L'exemple de James Rhodes permet d'imaginer, selon les critiques de la directive, les dérives que pourrait entraîner l'article 13 si des systèmes de censure a priori et automatisés étaient mis en place.
La directive prévoit aussi la création d'un nouveau "droit voisin" pour les éditeurs de presse (article 11). Il permettrait aux journaux, magazines, mais aussi aux agences de presse comme l'AFP de se faire rémunérer lors de la réutilisation en ligne de leur production. Ici, le texte est flou et les craintes se focalisaient sur la possibilité de bloquer le fonctionnement même des liens hypertextes.
Les Gafa, mais aussi des eurodéputés écologistes et libéraux ou des juristes, affirment que ce projet favoriserait les groupes de presse les plus connus au détriment des médias indépendants et des start-up, au risque d'amoindrir la liberté d'expression. En France, la ministre de la Culture Françoise Nyssen et des artistes comme Jean-Jacques Goldman, IAM ou Stromae appellent les élus européens à voter le texte.
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