C’est une somme qui tient sur plus de 200 pages. Comme chaque année, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, mercredi 16 mai, son rapport sur « Les retraités et les retraites ». Une publication lancée il y a une douzaine d’années, qui s’inscrit en 2018 dans un contexte particulier, alors que le gouvernement a annoncé une vaste réforme des retraites pour l’an prochain.

De plus en plus de retraités, un effet de la réforme de 2010

Premier constat, le nombre de retraités continue à augmenter. Fin 2016, le nombre de retraités de droit direct atteint 16,1 millions de personnes, soit près de 150 000 en plus au cours de l’année, un rythme équivalent à celui de 2015.

L’augmentation du nombre de retraités s’explique avant tout par des raisons démographiques, avec l’arrivée à la retraite de la génération du baby-boom, mais aussi par les effets de la réforme de 2010. Initiée par Éric Woerth, elle a reculé l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et l’âge automatique de la retraite à taux plein de 65 à 67 ans.

L’étude s’intéresse aussi aux motivations des Français pour prendre leur retraite. Parmi les 676 000 personnes qui ont fait jouer pour la première fois leurs droits à la retraite en 2016, la majorité déclare être partie dès qu’elle en a eu la possibilité, pour profiter de la retraite le plus longtemps possible.

Pour ceux qui ont prolongé leur activité au-delà de l’âge minimum possible, l’intérêt porté au travail et les raisons financières sont les principales motivations avancées.

Près de quarante régimes différents

Un tiers des retraités perçoivent des pensions de plusieurs régimes de base ou intégrés, conséquence d’une carrière sous plusieurs statuts. Un document publié par le Haut-Commissariat chargé par le gouvernement de mener les consultations préalables à la réforme relevait ainsi près de 40 statuts différents.

« Cette grande diversité de régimes obligatoires est assez spécifique à la France et justifie d’ailleurs la sortie de notre étude, la seule à rassembler les données de tous les régimes », détaille Patrick Aubert, sous-directeur de l’observation de la solidarité à la Drees.

Autre conséquence de la même réforme de 2010, l’âge de départ à la retraite continue à augmenter. Il était, en 2016, de 61 ans et dix mois, soit un an et quatre mois de plus qu’en 2010.

Des pensions en hausse

L’étude de la Drees mesure également le niveau des pensions, qui sont en hausse. Le montant moyen de la pension brute s’établissait à 1 389 € mensuels en décembre 2016, soit 0,9 % de plus que l’année précédente. Cette légère augmentation s’explique par l’évolution du profil des retraités, qui sont de plus en plus nombreux à arriver à l’âge de la retraite après des carrières complètes, notamment les femmes.

À noter d’ailleurs que l’écart entre les pensions versées aux femmes (1 065 €) et les hommes (1 739 €) est en baisse. Il est passé de 45,8 % en 2004 à 38,8 % en 2016.

Les pensions ne représentent toutefois pas la totalité du revenu des retraités, mais entre 80 % à 90 %. L’étude souligne que le niveau de vie médian des retraités, c’est-à-dire leurs revenus rapportés à la structure du ménage, est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population : 1 760 € par mois, contre 1 690 €.

« Cette différence s’explique à cause de la structure familiale propre aux retraités, qui n’ont plus d’enfants à charge », explique Patrick Aubert.

La fonction de redistribution des retraites continue à jouer

Contrairement à une idée reçue, le nombre de retraités considérés comme pauvres (6,6 %), c’est-à-dire dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, est relativement moins important que dans l’ensemble de la population (14,2 %). Il y a aussi moins de retraités riches. Seuls 6 % gagnent plus de 3 000 €.