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La pollution des 4×4
en question

Les 4 × 4 compacts de loisirs, comme le Nissan Qashqai (ci-dessus), sont incomparablement moins polluants que les 4x4 de franchissement tel que le Nissan Patrol.On aurait tort de les confondre. LDD

Avec l'instauration hier d'une écopastille, les 4x4 et autres SUV sont mis à l'index. Mais quel est l'impact réel des quatre roues motrices sur les émissions de CO2 ?

De la simple berline à quatre roues motrices au tout-terrain pur et dur, en passant par le véhicule de loisirs ou SUV, comme disent les Américains, on rassemble sous le vocable 4×4 des véhicules de genres fort différents. Le vrai 4×4 de franchissement, incarné par la Jeep Wrangler, le Land Rover Defender ou le Nissan Patrol, est, par nécessité, renforcé de toutes parts pour supporter les pires traitements réservés par des chemins inhospitaliers. Plus lourd et moins aérodynamique que la moyenne des berlines, ce véhicule tout terrain est indiscutablement vorace en carburant. C'est la rançon de sa robustesse et de ses capacités de franchissement.

Quand à son impact sur l'augmentation des émissions de CO2, elle est d'autant plus relative que les ventes de ces authentiques baroudeurs sont en baisse constante. Elles ont encore diminué de 20 % sur les six premiers mois de l'année et ne représentent plus qu'une partie marginale des immatriculations. La pratique du tout-terrain n'étant plus tolérée en France que dans de rares chemins et espaces privés, le 4×4 pur et dur conserve son rôle auprès de quelques amateurs de raids africains ou exploitants agricoles et forestiers. C'est assurément une espèce en voie de disparition sur laquelle il n'y a pas lieu de s'acharner.

La polémique suscitée par la présence de 4×4 en ville concerne plus sûrement les SUV, autrement dit les véhicules de loisirs à quatre roues motrices, dont les ventes sont en plein essor. Leurs détracteurs ne voient pas l'intérêt des quatre roues motrices pour circuler en ville. Ils oublient que l'automobile qui circule en milieu urbain la semaine est aussi celle qui promène la famille le week-end. Et quand il s'agit de rejoindre la station de ski, opter pour un véhicule à quatre roues motrices, c'est investir pour sa sécurité.

On notera au passage que cet achat passe totalement inaperçu quand le choix de la famille se porte sur une discrète berline équipée d'une transmission intégrale, comme une Audi Quattro ou une Subaru Impreza. Alors que la simple apparition en centre-ville d'un Toyota Rav 4 ou d'un Land Rover Freelander déclenche illico l'ire des pourfendeurs de 4×4. Dans les deux cas, l'impact mesuré des quatre roues motrices sur la consommation est pourtant comparable. Nous avons fait les comptes.

Un bilan pas aussi sombre

Pour établir une première base de comparaison, nous avons recensé l'ensemble des automobiles proposées à la fois avec deux et quatre roues motrices. Et nous avons pu relever ce que le strict montage d'une transmission intégrale impliquait en termes d'augmentation de poids, de consommation et, par conséquent, d'émissions de gaz à effet de serre, le fameux CO2.

En partant de la petite Fiat Panda et en montant en gamme jusqu'à la Mercedes Classe E, sans oublier les SUV comme le Nissan Qashqai, le constat est le suivant. Dans tous les cas, le surpoids engendré par une transmission intégrale est de l'ordre de 100 kg, et son impact sur la moyenne des consommations normalisées est d'environ 1l/100 km, soit une augmentation des émissions de CO2 de 24 g/km pour un moteur essence, et 27 g/km pour un moteur Diesel.

Pour les modèles les plus récents, comme le Qashqai, qui bénéficie d'une transmission intégrale temporaire ne passant en mode quatre roues motrices que lorsque cela s'avère nécessaire, l'augmentation de la consommation est limitée à 0,2 l/100 km en essence et 0,5 l/100 km en diesel, soit un accroissement des émissions de CO2 de respectivement 5 et 9 g/km !

Rappelons ici qu'en termes d'émissions la taille et la masse du véhicule comptent autant que la transmission. Prenons notre Qashqai 2.0 dCi à quatre roues motrices. Il pèse 1 580 kg et consomme 6,9 l/100 km. En comparaison, un break Renault Mégane équipé du même moteur pèse 1 315 kg et consomme 5,4 l, tandis qu'un monospace Grand Scenic pèse 1 530 kg et consomme 6,0 l.

Quand ils auront éradiqué les 4×4, les écologistes vont donc logiquement devoir partir en guerre contre les monospaces, plus volumineux et plus lourds qu'une berline. Plus sérieusement, il faudrait admettre que la plupart du temps le choix d'un véhicule résulte de l'usage que l'on compte en faire. Une famille nombreuse a besoin des sept places d'un grand monospace. S'en avisant, le ministre de l'Écologie a d'ailleurs évoqué hier une prime de 5 g/km par enfant au-delà de deux enfants. Et tous ceux qui circulent l'hiver en montagne, pour leur activité professionnelle ou leurs loisirs, ont raison d'opter pour un SUV.

Le bilan écologique du 4×4 n'est finalement pas aussi sombre que certains, sans doute par ignorance, le prétendent. Le 4×4 moderne, qu'il s'appelle SUV ou «crossover» est très proche d'un break surélevé et se voit proposé désormais au choix, avec deux ou quatre roues motrices. Un Nissan Qashqai ou un Hyundai Tucson, ça ressemble à un 4×4, ça a le goût d'un 4×4, mais ce n'est pas toujours un 4×4. Cela mérite-t-il un bannissement de nos cités ?

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2 commentaires
  • Vincent laury Marie

    le

    Autrefois les vrais 4x4 était des véhicules destiné a la montagne où au chemins pas trop praticable .Maintenant sa ne sert qu'a montrer qu'ont a les moyens de monter sur les trottoirs et de forcer le passage par sa grosse silhouette "Les petits n'ont qu'a attendre (90% de mate vue )Les 4x4 n'ont rien apporté a la convivialités sur nos routes et surtout pas en ville!

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