La Mia, voiture électrique chère à Ségolène Royal, la présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, va-t-elle verser dans le fossé ? Trésorerie exsangue, production à l'arrêt : huit mois seulement après avoir été reprise par Michelle Boos, une femme d'affaires franco-coréenne censée la sauver, la société de Cerizay (Deux-Sèvres) qui fabrique le petit véhicule se trouve de nouveau menacée d'une faillite imminente.
Le tribunal de commerce de Niort doit statuer, mercredi 12 février, sur le sort de l'entreprise issue de l'éclatement du carrossier Heuliez en 2010. Lors de la dernière audience, le 22 janvier, le procureur de la République a estimé que la cessation des paiements était déjà avérée, et demandé le placement immédiat de Mia Electric en redressement judiciaire.
Sensible aux arguments de la nouvelle actionnaire, le tribunal de commerce a toutefois accepté de patienter encore trois semaines avant de trancher.
« JE ME BATS À MORT »
Mais le prochain rendez-vous judiciaire s'annonce à hauts risques. « Je me bats à mort, on peut encore redresser la situation », assure Mme Boos, qui veut éviter le dépôt de bilan.
D'ici au 12 février, elle entend payer tous les salaires en retard et une partie de ce qu'elle doit à l'Urssaf. « Le tribunal de commerce pourrait alors repousser sa décision et me donner trente jours de plus, espère-t-elle. Les juges sont aussi des chefs d'entreprise ; ils ne vont pas mettre en redressement une société où les salaires sont versés. »
Au siège de la région Poitou-Charentes, actionnaire à 12 % de la société, on craint que ces efforts ne suffisent pas. « L'entreprise a un besoin urgent d'argent, résume un proche de Mme Royal. Soit il arrive avant la décision du tribunal, soit ce sera sans doute le redressement judiciaire. » Il faudra alors trouver un nouveau repreneur.
En juin 2013, l'arrivée de Mme Boos avait redonné espoir aux 200 salariés de Mia Electric. Alternant français et anglais, cette femme énergique de 47 ans avait promis de relancer l'affaire en bousculant les habitudes et en apportant de nouveaux fonds : quelque « 36 millions d'euros » en trois ans, avait-elle fait miroiter.
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