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« Plus de 80 % des victimes du djihadisme sont des musulmans »

Le chercheur britannique Peter Neumann analyse l’engouement que suscite l’Etat islamique chez certains jeunes Européens.

Propos recueillis par  (Londres, correspondant)

Publié le 11 décembre 2014 à 04h42, modifié le 19 août 2019 à 14h03

Temps de Lecture 5 min.

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Le Centre international pour l’étude de la radicalisation (ICSR) créé en 2008 analyse la montée de l’islamisme sous toutes ses formes. Son directeur, le politologue Peter Neumann, publie jeudi 11 décembre, en collaboration avec BBC World, la première étude consacrée au coût humain du djihadisme mondial. Le document recense 5 042 morts au cours du mois de novembre dans 664 agressions. Il explique au Monde les mécanismes de l’engagement de ressortissants des pays occidentaux dans le djihadisme.

Capture d’écran d’une vidéo de propagande de l’Etat islamique du 20 novembre 2014, montrant des Français, partis combattre au sein de l'organisation, qui brûlent leurs passeports.
Djihadiste à Gaza, le 4 octobre 2014.

Qu’avez-vous voulu démontrer en dressant ce bilan de conflits qui se poursuivent dans quatorze pays différents ?

L’immense coût humain de ce conflit est mal connu alors que les exécutions d’Occidentaux ont été très médiatisées. Nous insistons sur le fait que plus de 80 % des victimes du djihadisme sont des musulmans. Cela constitue une faiblesse potentielle pour ces mouvements qui prétendent combattre au nom de l’islam.

Ce bilan constitue-t-il un tournant ?

Le paysage a complètement changé en trois ans. En 2011, on pensait que les « printemps arabes » allaient permettre de tourner la page Al-Qaida. En fait, les révolutions ont créé une instabilité qui a fait ressortir les fractures identitaires enfouies du temps des dictatures et ont permis aux groupes djihadistes de rentrer au pays et d’y combattre. Notre étude illustre avec des donnés et des faits la force de cette mutation.

Sur quelle base compilez-vous ces chiffres ? S’agit-il vraiment d’une guerre unique ?

Certes, les groupes locaux sont différents, mais ils ont en commun une conception du djihad que nous avons identifié par deux critères : l’obligation individuelle faite aux jeunes gens de combattre et le projet d’une société sans élection ni droits démocratiques.

En quoi le phénomène est-il nouveau ?

Non seulement par l’intensité de la violence, mais aussi par le fait que, pour la première fois, l’Etat islamique (EI) propose un projet qui paraît tellement enthousiasmant que 16 000 jeunes, venus du monde entier dont plusieurs milliers d’Europe, se sont déplacés pour y participer. Nous les suivons, nous parlons directement à certains et je peux vous dire que certains croient réellement qu’un nouveau califat est en train d’émerger. Je n’ai jamais vu un pareil engouement, ni une pareille participation des femmes. On a désormais toute une nouvelle génération attirée vers l’orbite djihadiste, des jeunes de 15-17 ans qui considèrent Ben Laden comme leur grand-père. La vieille génération est en train de leur passer le relais, ce qui est rare dans l’histoire des mouvements terroristes.

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