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Vers la fin du libre-service pour les podcasts de Radio France

La radio publique, encore dominante sur ce format, veut mieux contrôler leur diffusion et garder ses auditeurs sur ses plates-formes. Le groupe veut procéder à des négociations plate-forme par plate-forme, pour mieux partager la valeur créée. Il demande à Majelan le retrait de ses contenus.

Radio France aimerait que les auditeurs consomment ses podcasts sur ses plates-formes.
Radio France aimerait que les auditeurs consomment ses podcasts sur ses plates-formes. (Les Echos)

Par Nicolas Madelaine

Publié le 4 juin 2019 à 06:00Mis à jour le 4 juin 2019 à 18:22

Les podcasts de Radio France, de loin les plus écoutés dans l'Hexagone pour l'instant, vont être de moins en moins en libre-service pour les plates-formes qui souhaitent les distribuer.

C'est notamment le cas pour les nouveaux entrants français comme Tootak, Sybel et même Majelan, la start-up de Mathieu Gallet qui se lance ce mardi. Les négociations avec eux sont mêmes tendues, selon nos informations, et ceux-ci déplorent que l'application « Podcasts » d'Apple soit bien mieux traitée par le groupe public radiophonique.

Majelan ne devait pas avoir de contenus Radio France à son lancement, selon le média public qui explique que les négociations n'ont pas encore abouti. Finalement, la start-up de celui qui est aussi l'ancien patron de Radio France en propose et argue que les podcasts Radio France étant en flux public RSS, la Maison ronde ne peut l'empêcher de les reprendre. « Nous ne sommes pas d'accord avec cette vision des choses, répond Laurent Frisch, responsable numérique chez Radio France. Cela contrevient aux conditions d'utilisation. Nous leur avons demandé le retrait immédiat de nos podcasts et attendons leur réponse, nous aviserons en fonction ».

Retrait immédiat

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« J'avais pris les devants avec Radio France dès janvier 2018 et j'ai pris la décision, comme toutes les autres plates-formes existantes, de mettre à disposition leurs contenus aux débuts de Tootak en janvier 2019 , explique de son côté Pierre Denis, le fondateur de cette application contenant un segment payant. Aujourd'hui, après m'avoir demandé de les enlever pour négocier, ce que j'ai fait, ils ne proposent rien en définitive, et comme tous les concurrents notamment les majors ont tout, du coup je les ai remis. »

Un son de cloche assez similaire se fait entendre côté Sybel, une plate-forme payante spécialisée sur les fictions . « Les négociations sont au point mort alors que nous proposons, nous, de rémunérer leurs contenus, regrette ainsi Virginie Maire, la fondatrice. La question de l'équité se pose alors que d'autres plates-formes, notamment certains GAFAs, y ont accès. » 

Remettre à plat l'accord avec Apple Podcasts

« Je veux développer un lien direct avec nos auditeurs sur notre plate-forme Radio France », avait déjà expliqué la présidente de Radio France, Sibyle Veil, dans une interview aux « Echos » . Aujourd'hui, la politique de la Maison ronde est de parvenir à une distribution « équilibrée et raisonnée de nos contenus qui ressemble davantage à ce qui se fait pour les programmes télévisuels », explique Laurent Frisch, directeur du numérique chez Radio France.

Le groupe veut procéder à des négociations plate-forme par plate-forme, mieux partager la valeur créée et « placer certains garde-fous ». « Certaines plates-formes interviennent sur les métadonnées des programmes, leur titraille, leur iconographie et parfois même suppriment le média d'origine », poursuit Laurent Frisch.

Les nouveaux entrants n'ont pas l'intention de jeter l'éponge. « Juridiquement, en droit de la concurrence, la position de Radio France est fragile, estime Pierre Denis. Comment l'acteur le plus fort peut-il choisir de privilégier le distributeur dominant (Apple) au profit de start-up françaises qui ne détournent ni l'audience, ni la publicité ? »

Dilemme

Radio France rétorque que ses conditions générales d'utilisations actuelles interdisent de toute façon la reprise de ses contenus à des fins commerciales. Elle précise que les modalités vont être revues avec toutes les plates-formes, y compris Spotify et Deezer. « Avec Apple Podcasts ou même TuneIn, il y a déjà un usage établi et des accords qui datent de plusieurs années, explique Laurent Frisch. Mais il faudra les remettre à plat. »

Une question plus large se pose cependant pour Radio France mais également les radios privées qui ont aujourd'hui des succès dans la radio de rattrapage et qui s'interrogeraient également -telles RTL- sur la reprise de leurs contenus par ces nouvelles plates-formes. « Il est logique qu'elles cherchent à sécuriser leur distribution sur le numérique, explique Joël Ronez, fondateur de Binge (dont « Les Echos » sont actionnaires).Mais elles risquent de contribuer à un déclin qui commence à poindre sur les podcasts par rapport aux nouveaux acteurs natifs. »

Nicolas Madelaine

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