Riss, un exemplaire de Charlie Hebdo à la main.

Riss, un exemplaire de Charlie Hebdo à la main.

PHOTOPQR/LE PARISIEN/ Maxppp

C'est un conflit en plusieurs actes, tous plus complexes les uns que les autres. Il y a d'abord cette Une de Charlie Hebdo sur Tariq Ramadan, accusé de viols et d'agression sexuelle par plusieurs femmes, qui a valu à l'hebdomadaire satirique de nouvelles et nombreuses menaces de mort.

Publicité

Il y a ensuite cette nouvelle Une de Charlie Hebdo, qui met en cause Edwy Plenel: dans son dernier numéro, l'hebdomadaire satirique reproche au cofondateur de Médiapart d'avoir fermé les yeux sur les paroles et les actes de Tariq Ramadan, voire de l'avoir adoubé en le rencontrant à plusieurs reprises sans émettre aucune critique à son encontre. En 2016, Médiapart avait longuement enquêté sur le prédicateur musulman sans faire mention de ses présumés dérapages sexuels.

La couverture a provoqué la fureur des journalistes de Médiapart, ainsi que du principal intéressé, qui, sur Twitter, est allé jusqu'à évoquer "l'affiche rouge", en référence à une campagne de dénonciation contre les résistants pendant l'Occupation.

Le 8 novembre, au micro de France-Info, Edwy Plenel allait plus loin en estimant que la couverture de Charlie Hebdo faisait "partie d'une campagne générale de guerre aux musulmans", notamment menée par Manuel Valls .

"Cette phrase, nous ne l'oublierons jamais"

Ces propos ont profondément choqué Riss. Dans un édito à paraître mercredi (et déjà salué par l'ancien Premier ministre de François Hollande, qui a accusé Edwy Plenel et ses journalistes de ne "pas être républicains", le 13 novembre, sur le plateau de Quotidien), le directeur de la publication de Charlie Hebdo se "permet d'ajouter une dernière remarque" à leur sujet (ci-dessous) .

"On peut passer l'éponge sur beaucoup de choses, et penser que parfois les passions font dire des choses excessives et caricaturales. [...] Mais cette phrase: 'La une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne générale de guerre aux musulmans', nous ne l'oublierons jamais. D'abord parce que Charlie Hebdo n'a nulle envie de faire la guerre à quiconque. Ensuite parce que Charlie Hebdo, tout en affirmant son athéisme et son attachement à la laïcité, respecte le droit de chacun de croire et pratiquer sa religion dans le cadre défini par la République. Mais dans le logiciel Plenel, critique et satire sont métamorphosées en acte de guerre."

Plenel, le "Rouletabille de l'information"

Riss poursuit, s'en prenant à Edwy Plenel, "Rouletabille de l'investigation", qui "range sa carte de presse derrière laquelle il se cachait et brandit celle d'un procureur qui envoie à l'échafaud les ennemis du peuple". Pour le directeur de la publication de Charlie Hebdo, ses propos sont tout simplement dangereux: "Cette phrase [...], nous ne la pardonnerons jamais. Car en la prononçant, Plenel condamne à mort une deuxième fois Charlie Hebdo. Cette phrase n'est plus une opinion, mais un appel au meurtre."

LIRE AUSSI >> Passé l'engouement et malgré les controverses, ils lisent toujours Charlie Hebdo

"Cette phrase, qui parle de notre journal comme d'une arme de guerre, acquitte déjà ceux qui nous tueront demain", s'indigne Riss, espérant que si une nouvelle attaque a lieu, "il subsistera quelques courageux qui demanderont justice [...] contre les esprits qui les auront armés."

Edwy Plenel n'a pas encore répondu à ces accusations. Il s'est contenté de relayer sur Twitter les propos polémiques qu'il a tenus sur France-Info.

Publicité