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Municipales : malgré un sondage inespéré à Levallois, le camp Balkany divisé

Municipales : malgré un sondage inespéré à Levallois, le camp Balkany divisé

Hauts-de-Seine

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Selon un sondage commandé par le MoDem, Patrick Balkany ferait 44% au premier tour des élections municipales à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine)… Mais plusieurs proches du maire emprisonné plaident désormais pour une candidature Karoutchi. Et sa directrice de cabinet vient de jeter l’éponge.

Le camp Balkany se lézarde. En fin de semaine dernière, des noms d’oiseaux ont volé en mairie de Levallois-Perret entre Agnès Pottier-Dumas, directrice de cabinet de Patrick Balkany, et Isabelle Balkany, maire par intérim. Selon nos sources, Isabelle Pottier-Dumas, par ailleurs déléguée LR, a suggéré à l’épouse du maire de « passer la main » et de soutenir une autre équipe pour les élections municipales de mars prochain. Un scénario dont Isabelle Balkany, condamnée en première instance à 4 ans de prison ferme et 10 ans d'inéligibilité, ne veut pas entendre parler.

Isabelle Balkany s'accroche

« Isabelle n’en démord pas, elle ou lui seront candidat », confie un Levalloisien de leur entourage. S’il avait été libéré avec interdiction de se rendre dans les Hauts-de-Seine, Patrick Balkany aurait même envisagé de faire des meetings… par hologramme, comme l’avait fait Jean-Luc Mélenchon pendant la dernière présidentielle. Mais la justice en a décidé autrement, estimant que dans le volet blanchiment, il devait rester incarcéré jusqu’au procès en appel, compte tenu notamment des risques de fuite et de concertation. C’est donc son épouse Isabelle, puisque la justice a estimé que son état de santé n’était pas compatible avec la détention, qui mène la danse. Et tient la corde pour être tête de liste. Isabelle Balkany s’accroche pour deux.

"Patrick et Isabelle devraient prendre la mesure de la situation et désigner leurs successeurs"

En désaccord avec ce scénario, la directrice de cabinet en a tiré les conséquences. Dans un courrier adressé aux membres de la majorité ce mardi 19 novembre, Agnès Pottier-Dumas a remis sa démission. « Cette décision, mûrement réfléchie, a été prise en tenant compte de l’intérêt de chacun et je puis vous assurer que tout s’est fait en bonne intelligence, au regard de la situation actuelle », dit-elle de façon policée. « L’empêchement d’un maire étant, il faut bien le dire, une situation plutôt rare et rien ne m’empêchant expressément de poursuivre mes missions auprès d’Isabelle, j’ai continué à exercer mes fonctions lors de cet intérim que nous vivons depuis. J’ai été extrêmement heureuse et fière de le faire et je salue ici le travail et l’énergie dont Isabelle fait preuve depuis le début de cet intérim », poursuit la directrice de cabinet, une fidèle des fidèles des Balkany. « Toutefois, conclut-elle étant donné que mon contrat me lie à Patrick Balkany et non à la fonction du maire, il semblait juste, du fait de son actuel empêchement, d’aller au bout de la logique. » Et donc de partir. « Elle ne veut pas cautionner la suite », croit savoir un de ses proches.

Agnès Pottier-Dumas précise qu’elle restera en fonction jusqu’au 31 décembre, permettant ainsi à l’actuelle équipe municipale de conduire le conseil municipal du 9 décembre au cours duquel doit être voté le budget de la ville pour l’an prochain. « Nous sommes désormais nombreux à penser comme Agnès que Patrick et Isabelle devraient prendre la mesure de la situation et désigner leurs successeurs », confie un élu de la majorité, persuadé qu’en renonçant à se représenter, « ils sortiraient par le haut et permettraient à la ville de rester LR ».

Karoutchi attend son tour

Un scénario sans les Balkany s’esquisse donc en coulisse du côté LR. L’ancien secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, domicilié à Levallois, aurait déjà fait acte de candidature. Il aurait déjà obtenu les soutiens de Christian Jacob, le patron du parti, et de Valérie Pécresse, la présidente du conseil régional d’Ile-de-France. « Mais Roger ne veut pas aller au clash avec les Balkany, il n’ira qu’avec leur accord », glisse un militant. « Tous les élus de Levallois savent bien que la seule personne au monde à pouvoir demander à Patrick et Isabelle de raccrocher les gants, c’est Nicolas Sarkozy », confie un membre de la majorité. Actuellement en déplacement à New York, l’ancien président aurait déjà reçu plusieurs demandes « d’audience » sur le cas des Balkany.

Mais en parallèle de ces grandes manœuvres en coulisses pour demander leur départ, les époux Balkany ont eu une bonne surprise en provenance… du MoDem. Le parti centriste qui a donné l’investiture à Arnaud de Courson, leur éternel rival à Levallois, a commandé un sondage pour les municipales. Le sondage a eu lieu avant la cagnotte du « Balkanyton » mais les résultats n’ont pas été rendus publics à ce jour… Ils semblent inespérés pour l’élu en prison depuis le 13 septembre dernier. Patrick Balkany y est en effet crédité de 44% d’intentions de vote au premier tour. Le scénario de la candidature de sa femme recueille 39% des voix. Et le candidat d’opposition Arnaud de Courson, sous l’étiquette MoDem, reste derrière avec 33%.

« Les Balkany semblent encore très haut mais attention, ils ont toujours fait le plein de leur voix au premier tour et leur adversaire, au second, obtient la somme de tous les autres », décode un expert de Levallois persuadé qu’à la lecture de ce sondage, « le score final reste incertain ». Le RN est crédité de 6% d’intention de vote mais le parti de Marine Le Pen n’a finalement pas présenté de candidat aux dernières municipales. En clair, sur cette base, la réélection des Balkany paraît difficile mais reste… jouable. De quoi pousser les époux sortants à tenter l’aventure coûte que coûte. Malgré les peines de prison déjà prononcées et le premier procès en appel qui se tiendra du 11 au 18 décembre. Un procès avec Isabelle Balkany sur le banc des prévenus et son mari dans le box des détenus. « Cette audience va encore faire des dégâts et on voit mal comment ils échapperaient en appel à une peine… », se désole un élu de la majorité municipale. « Mais c’est terrible, soupire cette source, ce sondage du MoDem risque d’inciter les Balkany à jouer le tout pour le tout…».

La candidate LREM est créditée de 8%. « C’est la bonne nouvelle, ce score peut conduire à une liste commune dès le premier tour », pronostique un proche d’Arnaud de Courson. « Si tout le monde s’y met, on fera barrage aux Balkany, je n’ai pas d’inquiétude », confie ce militant centriste. Prochaine échéance, le conseil municipal du 9 décembre. Puis dans la foulée, le premier procès de la deuxième saison judiciaire des époux Balkany.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne