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Il y a ceux pour qui l’homéopathie est un des pires mensonges de l’histoire moderne de la santé. Et il y a ceux pour qui la détoxification est une des pires arnaques de ce début du XXIe siècle. Qu’arrive-t-il quand les deux sont combinés... par un des chercheurs les plus controversés de la décennie ?

Selon une recherche parue cet été et signée par cinq chercheurs français, un produit appelé Dig1 pourrait « détoxifier » le corps d’une trop grande exposition au pesticide RoundUp. Un des problèmes est que Dig1 est un produit homéopathique, aussi appelé Digeodren. Il est produit par la compagnie Sevene Pharma, qui a financé la recherche. Et ladite recherche est dirigée par un certain Gilles-Éric Séralini, rendu mondialement célèbre il y a quatre ans ans pour ses rats aux tumeurs géantes. Séralini donne également son aval à Sevene Pharma depuis quelques années.

Séralini est plus précisément ce chercheur adulé d’une partie des militants anti-OGM, mais dont les derniers travaux ont été très suspects : l’étude de 2012 sur des rats soi-disant atteints de tumeurs parce que nourris aux OGM additionnés de doses variables du pesticide RoundUp, arrivait à des conclusions douteuses à partir d’une démarche conçue sur mesure pour arriver aux conclusions souhaitées. En revanche, le tout avait bénéficié d’une stratégie de marketing extrêmement efficace.

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De quoi est-il question cette fois ? D’une part, d’un produit homéopathique qui aurait eu un impact mesurable. Ce qui, considérant que l’homéopathie a pour principe de diluer un produit au point qu’il n’est même plus mesurable (il n’en reste plus une seule molécule), demanderait plus de preuves que ce que contient l’article.

D’autre part, cet impact mesurable en serait un de « détoxification », une expression généralement utilisée pour désigner le « nettoyage » de notre foie ou de nos intestins. Ce qui pose un autre problème, puisque quantité d’études sur des produits censés nous détoxifier ne sont pas arrivées à démontrer que ces produits faisaient un meilleur travail que notre propre corps quand il évacue les toxines par l’urine. Séralini contribue en revanche, depuis quelques années, à la promotion des produits «de détoxification» de la firme Sevene.

La littérature scientifique citée par les cinq chercheurs tourne beaucoup autour d'eux-mêmes: une référence sur cinq contient Séralini comme coauteur.

L’expérience consistait à faire boire à trois groupes de 40 rats de l’eau contenant soit du Roundup, soit du D1, soit les deux. Un quatrième groupe servait de groupe de contrôle. Le but étant de chercher si on pouvait mesurer des différences, notamment dans leur locomotion.

Or, avec ces variables et la décision des chercheurs de comparer 29 paramètres, le reproche qui leur a été fait est exactement celui qui avait été fait lors de l’étude des rats à tumeurs : quoi que ce soit qu’on espère obtenir comme résultat (une amélioration, une détérioration, ou pas de changement), on l'obtiendra dans l’une ou l’autre des comparaisons, par le simple jeu du hasard. De la même façon qu’on brassant assez souvent deux dés, on finit par obtenir un double six.

 

 

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