Après la production chaotique du premier Ant-Man, qui a vu Edgar Wright se retirer du projet alors qu'il y avait consacré 8 ans de sa vie pour être remplacé au dernier moment par un yes man comme Peyton Reed, le deuxième film sur le personnage se présente sous des projecteurs plus cléments. Moins parasité par la vision d'un cinéaste à la forte personnalité dont les exécutifs n'avaient pas su en tirer profit ni même su vraiment s'en détacher. En résultait un film creux et maladroit qui n'arrivait jamais à confirmer ses bonnes idées. Ici, même si Reed revient à la réalisation, le film part d'une démarche plus assurée qui est certes moins glamour mais bien plus tenue. Surtout que ce Ant-Man and the Wasp s'inscrit dans un MCU qui a vraiment su briller en sa 3e phase aboutissant même il y a peu à un Avengers: Infinity War des plus réussis ainsi que des films solos plus maîtrisés.


Pourtant, la formule n'a jamais été aussi sérialisé. Paradoxalement la qualité du MCU n'a jamais été aussi stable mais les films n'ont jamais été aussi générique, là où le business plan de Kevin Feige se montre si fort et sans faille qu'il en éclipse les cinéastes qu'il attire dans sa toile, ces derniers ne subsistant plus pour la plupart que dans de timides thématiques ou quelques plans plus recherchés. Et dans cette formule bien huilée, Ant-Man and the Wasp apparaît très clairement comme l'épisode de transition. Celui chargé de faire souffler le spectateur après le massif Infinity War et de le faire patienter avant que les vraies choses sérieuses ne reprennent. Ant-Man était le personnage récréatif par excellence, ayant été introduit de façon très légère dans son premier film solo ou encore réduit au second plan dans Civil War, on lui a clairement apporté bien moins de soin à lui ainsi que son univers par rapport aux autres personnages du MCU. Chose encore plus flagrante dans ce deuxième opus où l'on constate que les relations entre les personnages sont réduits à bien peu de choses, Scott et Hope n'existant à peine en dehors de l'humour et de l'action, et que les personnages les plus intéressants s'avèrent presque les seconds rôles. Ici le personnage le plus épais étant assurément Hank Pym.


On nous embarque dans une intrigue cousue de fil blanc et qui suit ses rails en pilotage automatique. Encore une fois, on se retrouve devant un récit minimaliste qui se compose de plusieurs sous-intrigues plutôt que d'en avoir une seule qui sort vraiment du lot. Il n'y a pas vraiment d'antagoniste en dehors d'un bouffon qui sert d'élément comique ou Ghost, une femme mystérieuse qui tente de jouer sur l'émotion et l'épaisseur mais sans grand succès. Le film manque donc d'enjeux, la quête des héros étant introduite de manière très téléphonés et dont la conclusion nous à été déjà dévoilé par la campagne promotionnelle du film. Et en dehors d'une longue course-poursuite après un macguffin, le film n'a pas grand chose à nous mettre sous la dent en dehors de l'intrigue où Scott doit jongler entre sa vie de super-héros et le fait qu'il est censé être assigné à résidence par le gouvernement ou encore de l'entreprise de sécurité qu'il tente de monter avec Luis et sa bande. Surtout que les sous-intrigues ont tendances à s’entremêler maladroitement ensemble et quelles servent trop souvent à mettre des bâtons dans les roues au sauvetage de Janet van Dyne. Ce qui se montre stupide quand la priorité de Scott devient de vendre un projet en sécurité plutôt que de sauver la mère de celle qu'il est censé aimer. Les ficelles sont grosses et le film use beaucoup de ça pour gonfler artificiellement les enjeux du film car sans ce genre d'idioties il ne pourrait avancer ou tout simplement il ne dépasserait pas la demi-heure.


Mais malgré la maigreur et le manque de soin apporté au scénario, l'ensemble se montre quand même hautement divertissant. Tout d'abord parce que l'élément principal du film fonctionne à merveille, à savoir son humour. Ant-Man and the Wasp est très drôle et même plutôt inventif ou plus abouti qu'il ne l'avait été dans le premier film. L'humour n'est jamais lourd et se fond bien mieux avec la personnalité de Scott qui joue sous des notes absurdes souvent irrésistibles. Les dialogues sont ciselés et le rythme de l'action et de la comédie se montre des plus efficaces et la réussite apparaît d'autant plus quand le film réutilise des gags du premier opus en les améliorant très nettement, comme le monologue de Luis qui fait son retour de façon bien plus drôle. Le film se fait plus assuré sur ce point et cela se sent au niveau du casting. Paul Rudd s'impose avec une candeur rafraîchissante et se montre bien plus convaincant dans la peau de Scott Lang tout comme Michael Douglas qui s'amuse beaucoup et explore un registre plus comique tout en donnant encore plus d'épaisseur à son personnage. L'intégralité du casting est convaincant mais c'est Michael Peña et Walton Goggins qui volent ici la vedette dans leur cabotinage comique savoureux, là où Evangeline Lilly déçoit, ayant probablement été survendue, car même si elle possède une bonne alchimie avec Rudd, elle peine à vraiment faire évoluer son jeu. Pareil pour Hannah John-Kamen qui reste finalement une antagoniste anecdotique. C'est par contre Peyton Reed qui se démarque un peu ici, avec une mise en scène bien plus efficace que celle du précédent épisode et surtout qui tire vraiment profit de la particularité de ses personnages dans des scènes d'actions plus amples et inspirées. Il manque encore par contre d'une vraie personnalité.


Ant-Man and the Wasp est un peu la représentation parfaite des qualités et défauts du business plan de Kevin Feige. Le film est incroyablement bien produit avec sa réalisation technique carré et son humour pour le coup franchement réussi mais il s'avère terriblement impersonnelle. Néanmoins il y a du mieux par rapport au précédent film sur le personnage et on se surprend vraiment à passer un bon moment devant cette suite même si elle ne restera pas dans les mémoires. La faute à un scénario minimaliste et pas très peaufiné qui avoue à demi-mots le désintérêt qu'il a pour ses personnages. L'univers d'Ant-Man est un des plus creux du MCU où la plupart des personnages ne sont réduits qu'à des traits d'humours et de l'action. Reste que sur ces deux éléments ils assurent, l'action se fait plus lisibles et stimulant grâce à une mise en scène plus assurée de Peyton Reed et l'humour profite de l'expertise d'un casting au top dans un absurde plus assumé et souvent irrésistible. Ant-Man and the Wasp est le divertissement sympathique par excellence, celui qui ne prend jamais de risque et touche sa cible même si il le fait sans jamais se démarquer.

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le 25 juil. 2018

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