Pur produit destiné à flatter le box office chinois, The Meg est de ces productions chino-américaines qui sévissent de plus en plus dans le paysage des blockbusters. Le dernier en date avait été le très déplaisant Skyscraper avec Dwayne Johnson. Ces films à gros budget commencent à dessiner un schéma qui tend à se répéter, entre la présence d'une super star américaine qui mène un casting majoritairement asiatique, situé dans un pays d'Asie et se basant sur un high concept over the top autour de la technologie qui engendre une catastrophe. Ici pas de gratte-ciel futuriste mais une base sous-marine révolutionnaire qui explore les grands fonds et va réveiller un Mégalodon. Et c'est Jason Statham qui se voit la tâche d'être le grand héros dans un film au potentiel délirant assez illimité.


Mais malheureusement dans ce genre de productions, même si on met l'éclairage sur un casting asiatique et que l'on veut très clairement brossé la Chine dans le sens du poil, ceux qui restent les héros de l'histoire sont américains. On reste face à un style assez complaisant qui manque de finesse dans son exécution et où l'Amérique tant un peu trop à tirer la couverture, ici les acteurs asiatiques étant limités aux faire-valoir ou au love interest du héros blanc américain. Une formule qui ne change pas et qui a tendance à être un brin redondante et vieux jeu. Ce ne sera pas le seul problème de ce The Meg qui se prend aussi trop au sérieux, laissant passer son côté délirant. L'humour sera présent mais beaucoup trop beauf et limité pour vraiment faire mouche et l'histoire sera beaucoup tangible dans ses enjeux pour que le ton soit pris à la légère. Le film prend souvent le temps de pleurer ses morts et de créer une vraie menace pour ses protagonistes offrant ici et là quelques moments de tensions bien senties. Car l'ensemble est plutôt géré adroitement, le scénario n'est pas folichon et les explications scientifiques sont totalement foireuses tout comme la caractérisation des personnages très stéréotypés mais le récit enchaîne bien ses péripéties et sait se suivre comme un film catastrophe assez plaisant.


Surtout que dans son accumulation d'over the top, le film arrive à tendre vers un ridicule assez jubilatoire notamment lorsque cela concerne le flegme de son protagoniste. Héros badass proche du sur-homme, il dénote avec l'attitude "réaliste" du film et offre des morceaux de bravoures euphorisants entre le débilité profonde et un vrai souffle épique. Cela s'accentue encore plus à travers le jeu tout en charisme et en second degré d'un Jason Statham très en forme. Le reste du casting s'avère d'ailleurs assez bon, notamment Li Bingbing et Cliff Curtis tout deux solides, même si on regrettera la lourdeur de Rainn Wilson et Page Kennedy en sidekicks comiques vraiment pas drôles. De plus le film peut compter sur une réalisation particulièrement maîtrisée que ce soit avec des effets spéciaux réussis ou une photographie plutôt léchée et qui retransmet bien la claustrophobie liée aux fonds marins. On regrettera surtout une production trop frileuse qui veut privilégier l'aspect "blockbuster des familles" et évite une violence trop graphique ce qui amoindrit beaucoup l'impact des apparitions du Mégalodon. On attendait pas nécessairement grand chose de la mise en scène de Jon Turteltaub, faiseur sans envergure habitué à faire des films de sous-genres, parfois même proche du plagiat. Ici il ne brille pas non plus par son originalité mais se montre plus inspiré que par le passé. Il offre quelques plans assez grisants, notamment ceux des profondeurs, et des morceaux de bravoures savamment exécutés et par instants vraiment spectaculaires. Dans l'accumulation de grandiloquence, il offre même un climax assez fou qui se montre aussi invraisemblable que délectable. Un moment aussi débile que purement épique.


The Meg n'est jamais vraiment ce qu'il aurait pu être. Pas assez débile ou raté pour vraiment profiter de son aura nanardesque et pas assez réussi ou effrayant pour marquer en tant que gros film de requin. Néanmoins, il arrive à tirer profit de quelques fulgurances de ridicule pour se montrer par instant jubilatoire et arrive à offrir des morceaux de bravoures épiques et bien exécutés. On reste donc face à un film qui ne sait jamais vraiment sur quel pied danser, mais qui arrive à ne pas sans sortir trop mal grâce à une réalisation aboutie, un casting en forme et un divertissement qui possède ses moments. The Meg aurait gagné à être un peu plus violent ou un peu plus con pour vraiment se transcender mais il reste au final un blockbuster bête et plaisant.

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le 1 sept. 2018

Critique lue 439 fois

5 j'aime

Flaw 70

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