Croisades cinématiques : pourquoi Jumanji aurait pu être un excellent blockbuster ?

Jumanji : Bienvenue dans la jungle, les indignations résonnent encore dans ma tête... Après avoir essuyé la tempête de mécontentement de ces quelques nostalgiques virulents, je me lance dans la critique de ce navet qui aurait pu avoir une bien belle destinée.

Nombreux sont les camarades qui tenaient en joug l’œuvre bien avant sa sortie, prêt à faire feux, dénonçant déjà le film comme étant une réadaptation narrative honteuse et insultante. Ce n'est pas forcément ce que je pointais du doigt. Certes, cette réappropriation scénaristique, remis au goût du jour version high-tech - en troquant le jeu de société par une console vidéo - est complètement nauséeuse; mais ça aurait pu tout de même marcher si les intentions auraient été autre que simplement encaisser du fric sur le dos d'un acteur top tendance et d'un titre nostalgique. Le scénario du film de 1995, de Joe Johnston n'est pas sans défaut qui plus est ; à vrai dire si la première partie délivre des moments intenses, hybride d'un épouvante des années 80 et d'une production Amblin, les trois-quarts restant du film tombent rapidement dans un méli-mélo nanardesque qui perd en saveur. La maison du protagoniste faisant office de huit-clos, et Robin Williams représentaient les clés de voute du succès de l’œuvre.

Par conséquent je ne remets pas en cause le fond, mais plutôt la forme au premier abord. Ce nouveau produit de cinéma, avait très franchement un énorme potentiel. Primo, des CGI utilisés intelligemment aurait pu permettre de plonger le spectateur plus facilement dans la jungle, lieu qui n'avait d'ailleurs pas été exploité dans le film de 1995. Secundo, parmi tous ces super-héros, le cinéma manquait très clairement d'une aventure grand public dans la jungle tropicale, et je parle d'une vraie aventure avec de vrais propos, de vraies symboliques, de vrais enjeux, un vrai méchant, des enfants curieux et courageux, marchant dans les pas d'un grand aventurier, Dwayne Johnson, le grand, le beau, le magnifique !

Oui parce que Dwayne Johnson était selon moi l'élément pionner de la réussite de l’œuvre. Le problème c'est qu'il est très mal exploité par les cinéastes. L'acteur en arrive a sur-carricaturer son personnage. Je vous réfère donc à ce plan cartoonesque où l'ex-catcheur nous ressort un de ces haussements de sourcils, plan visible dans la plupart des vidéos promotionnelles. Le carnage débute durant sa participation dans des grandes licences à succès, et c'est tellement dommage. Dwayne Johnson, c'est Le Roi Scorpion (2002), c'est Bienvenue dans la Jungle (2003), c'est Tolérance Zéro (2004), ces petites perles d'action et d'aventure qui avaient leur lot de divertissement et qui m'avaient autrefois convaincu, moi pro-schwarzenegger, de me tourner vers une nouvelle référence de cinéma. Belle petite transition exotique sur laquelle je misais beaucoup donc. J'en avais fortement apprécié le clin d’œil de cette stratégie de carrière dans le film d'action Bienvenue dans la Jungle, durant lequel Schwarzy, présent le temps d'un caméo, souhaite à D.Johnson de "bien s'amuser". Ce sont ces films qui me manque en réalité. Bien que Brendan Fraser ait tenté (indirectement) de relancer la star avec la suite du sympathique Voyage au centre de la Terre, j'ai bien peur que cela n'a pu être suffisant. Faute à Hollywood, à l'industrie entière qui tient entre les mains, un super acteur de blockbusters. L'utiliser en tant que sidekick dichotomique dans des suites vomitives et des soupes numériques, non ce n'est pas ça la bonne stratégie.

La carrière de D.Johnson, c'est un peu comme une croisade cinématique. L'acteur part à la conquête d'aventures familiales, malheureusement il ne tombe pas sur des as de pique. Tant qu'il sera aux côtés de ces projets foireux il tirera la mauvaise carte, CQFD. Il devrait apprendre à s'émanciper maintenant que sa notoriété est arrivée à son apogée. Des McConaughey, Cage et autre L.Jackson n'hésitent pas à se tourner vers des projets de cinéma peu ambitieux commercialement parlant mais intéressants d'un point de vue artistique et personnel. D.Johnson c'est aussi un sportif et un cascadeur, il serait tend d'arrêter d'exploiter uniquement sa plastique dorée.

Regardez Bienvenue dans la Jungle (2003) de Peter Berg, ça sera une bien meilleure aventure dans laquelle D.Johnson s'amuse bien plus. Et c'est tellement plus spectaculaire que de voir des décors naturels et un casting d'envergure.