La chaîne alimentaire sociale de Denis Villeneuve

Les différents personnages du long-métrage réalisé par Denis Villeneuve pourraient constitués le tissu complexe d'un réseau trophique - au sens figuré du terme bien sûr - où s'oppose proies et prédateurs. Bien plus que cela, l'oeuvre présenterait une chaîne alimentaire, une organisation dynamique de personnages humains - je tiens à le préciser - dans laquelle les prédateurs peuvent devenir des proies, et inversement. Ils peuvent éventuellement être les deux à la fois éventuellement.



Une représentation de la chaîne alimentaire sociale selon Denis Villeneuve :



- A la base de la chaîne alimentaire, les petites filles : innocentes et naïves, impuissantes et vulnérables, elles sont des proies faciles ;
- La mère de famille : si plus robuste physiquement, extrêmement sensible psychologiquement, mais une proie tout de même ;
- Le fils aîné : une proie peu accessible, pouvant potentiellement devenir un prédateur par mégarde ;
- Les jeunes adultes prédatés : des proies faciles, possiblement plus accessibles que des petites filles. Fortement manipulable par le(s) prédateur(s) puisque déjà prédatés, ils peuvent devenir à leur tour des prédateurs ;
- Le père de famille : la proie techniquement la plus difficile à atteindre de part son physique imposant. Une proie possible de briser en s'attaquant à sa progéniture et en l'affaiblissant psychologiquement. Les tentatives de le briser peuvent assurément le faire muter en un véritable prédateur ;
- Le tueur en série : un super prédateur spécialiste ou généraliste, s'attaquant aux juvéniles ou à n'importe quel individu s'il entre dans les critères de sélection du tueur. Il consomme des proies mais aussi d'autres prédateurs de la société.
- La justice : agissant tantôt comme une proie, tantôt comme un prédateur, il tente théoriquement de réguler le réseau trophique pour le bien de ses relatifs ou pour ses propres intérêts. [Plutôt abstrait vous me direz].


L'inspecteur Loki interprété par Jake Gyllenhaal, ne représente pas tant la figure de la justice, mais se positionne plutôt comme un sujet neutre et observateur, quasiment impuissant comme nous spectateur, ce face à un phénomène social (naturel) qui n'est pas prêt de disparaître et qui nous colle à la peau depuis l'origine de notre évolution.
L'homme est un loup pour l'homme, ou si je veux être un tantinet plus original, n'importe quel individu est une proie, mais n'importe lequel peut-être aussi un prédateur momentanément. Je parle toujours au sens figuré. Cette forme de prédation s'étend sur n'importe quelle discipline ; la psychologie, la politique, l'économie, la société, la famille, les amis, les réseaux sociaux... Impossible de s'en défaire. Denis Villeneuve, représente cette vision dichotomique proie/prédateur de la manière la plus élémentaire possible : mettre en scène, en introduction, un plan d'un chasseur chassant.


Prisoners présente tout de même de bien trop grosses longueurs. D.Villeneuve sera être plus synthétique dans ses futurs métrages et c'est tant mieux. Oui, c'est au point que le premier visionnage, je l'avais complètement oublié ! L'autre performance, qui s'ajoute à ce sens du détail et à l'art d'imager, c'est la performance plus que prenante de ces quelques acteurs que sont Hugh Jackman, forcément, Jake Gyllenhaal, et sans oublier Paul Dano, et l'excellent David Dastmalchian (ayant été dans un registre similaire dans The Dark Knight, en tant que sbire du Joker).


Tu as surement bien réfléchi que tu pouvais être proie de quelqu'un, du système ou de je ne sais quel complot, mais as-tu déjà réfléchi à si tu as été un jour toi-même un prédateur ?
[Bon quand mes interprétations vont au delà de la portée du film, c'est signe que je l'ai un minimum apprécié.]

Jordan_Michael
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le 29 sept. 2018

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