Depuis le succès des Hunger Games et de sa popularité montante au sein de la profession, notamment grâce à ses exploits chez David O. Russell, on assiste petit à petit à la naissance d'un genre, le "Jennifer Lawrence movie". Des films presque totalement tourné à la gloire de l'actrice et qui n'ont en dehors de ça presque rien d'autres à raconter. Une pente dangereuse où O. Russell à malheureusement glissé avec ces derniers films là où Darren Aronofsky avait habilement su contourner ce piège avec le marquant Mother!. Avec Red Sparrow, il semble clair que Francis Lawrence succombe aussi au charme de l'actrice et n'arrive pas à imposer une vision de cinéma assez forte pour éviter de se faire happer par elle.


Francis Lawrence s'est toujours imposé comme un faiseur des plus corrects mais son cinéma à considérablement perdu de son efficacité au fil des ans surtout lors de son passage par les Hunger Games. Et ceux qui espère le retrouver en forme avec Red Sparrow vont vite déchoir. Fidèle à lui-même, il signe un film trop long et au rythme vacillant qui engendre des longueurs soporifiques. Après une première partie plutôt intrigante et efficace, le tout va vite s'effondrer comme un château de cartes. Et plus que les défauts d'un scénario prévisible, peu profond et aux personnages stéréotypés, c'est la représentation de celui-ci qui dérange le plus. Se voulant presque comme un rape & revenge où l'on suit l'affirmation d'une jeune femme sur sa vie et sa sexualité face à une masculinité qui tente de l’asservir, le film coche sur le papier les cases hollywoodienne du "film féministe" mais s'impose dans un écrin qui s'apparente plus à un sexisme daté.


Car c'est dommage de voir un film à la réalisation impeccable, photo léchée et un vrai travail sur l'ambiance qui n'est pas sans rappeler la belle époque de Brian De Palma, au service d'un rendu final misogyne et maladroit. La sexualité est censé représenté un malaise car elle est ici utilisé comme une arme, où le corps de la femme se retourne contre elle et se voit utilisé pour le profit d'autrui. Sauf qu'au lieu d'avoir un regard oppressant sur la chose, Francis Lawrence tombe dans un voyeurisme beauf en filmant le corps de son actrice comme une jolie attraction. Il confond trop souvent le subversif avec le vulgaire et déroule son film avec une mise en scène plate et sans prise de risque notamment sur une violence censé être percutante mais qui se révèle incroyablement propre et peu montrée. Jamais poisseux comme il voudrait l'être ou même dérangeant, Red Sparrow crée juste un malaise gênant face à sa direction des plus douteuses.


Après le film ne fait pas de cadeaux à son actrice et veut vraiment la mettre à l'épreuve mais par ce manque de regard et de sophistication il échoue souvent dans l'entreprise. Ce n'est pas vraiment la faute d'une Jennifer Lawrence qui s'investit totalement dans son rôle et qui se montre encore une fois très convaincante. Même si elle a tendance à répéter un certain style de jeu et qu'elle peine parfois à sortir de sa zone de confort. Chose qui pourra très vite lui porter préjudice. Mais elle est ici soutenu par un très bon casting entre un Joel Edgerton impeccable et un Matthias Schoenaerts trouble et nuancé. Il est juste dommage qu'ils soient au service de personnages peu intéressants dans une histoire qui tourne en rond. De plus, on reste sur une vision très américanisé de la Russie et qui ne se prive pas d'accumuler des éléments très caricaturaux et des discours involontairement drôles dans leur exubérances.


Red Sparrow est une des représentations les moins concluantes de ce que pourrait donner les "JLaw movie". L'actrice est devenue un modèle de marque et est ici vendue comme tel dans un film à sa gloire mais qui finalement la desserre dans une représentation beauf et voyeuriste. De plus Francis Lawrence n'a pas la capacité ni le regard pour sortir le film de ses rails et d'imposer un vrai regard, finissant même par accumuler les maladresses. On notera quand même un travail sur l'ambiance plutôt réussi, un premier tiers correct et un très bon casting mais Red Sparrow reste une oeuvre plate et sans envergure qu'on aura vite fait d'oublier.

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le 11 avr. 2018

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Flaw 70

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