Il est monnaie courante maintenant à Hollywood que l'on voit des réalisateurs qui se sont principalement spécialisés en comédies se lancer dans l'actionner. Surtout lorsqu'il s'agit de production de Dwayne Johnson qui apprécie souvent s'entourer de ce genre de metteurs en scène pour leurs confier des grosses productions. Ce qui résulte souvent à des résultats hasardeux, où l'envie de bien faire et d'apporter des choses intéressantes se heurte avec un manque évident de savoir-faire dans la technique. Ayant déjà collaboré avec la star sur Central Intelligence, mais c'étant surtout démarqué avec DodgeBall et We're the Millers, Rawson Marshall Thurber se lance donc dans le film d'action issue du cinéma des années 80/90 pour offrir à sa star un spectacle à sa gloire. Le tout en un Skyscraper qui déborde d'ego et d'un manque flagrant d'idées, de quoi l'érigé en nanar de l'été.


Après une introduction qui n'aura rien à voir avec le reste du film, à part pour placer un setup/payoff ridicule pour le final, Rawson Marshall Thurber place les bases de son intrigue qui se situeront entre Die Hard et The Towering Inferno, mais plus que son manque d'originalité le film frappera par son manque de cohérence. Lançant en début de film la piste d'une rivalité fraternelle entre deux amis voués à s'affronter, il laissera très vite ça de côté pour partir sur complètement autre chose et le film changera de direction encore plusieurs fois durant son déroulé. On sent très clairement que le scénario ne sait pas trop où il veut aller et va accumuler des incohérences, facilités et débilités, notamment le plan des méchants qui est une supercherie de haut niveau qui prêtera souvent à d'involontaires fous rires. Le tout est finalement pensé comme une accumulation de séquences qui va voir sa star briller, le fait que la plupart de ses exploits soit sous les yeux d'une foule et de caméras pour que le monde entier puisse l’acclamer trahi bien la démarche. L'ensemble ne tient que sur des setup/payoff criards et souvent minable qui font avancer des personnages désincarnés qui en plus n'ont jamais la place d'exister.


La faute à un Dwayne Johnson qui encore une fois s'accapare l'écran et où il ne peut sortir que seul vainqueur de l'entreprise. L'acteur y croit et impose sans mal son charisme à la cool dans un rôle qui n'est pourtant pas fait pour lui. Trop balourd pour décliner une action sur-vitaminée, il traîne tant bien que mal son imposante carcasse dans une entreprise où il est jamais à l'aise. Qu'importe, ayant désormais conscience d'attirer les foules il ne se contente plus que du strict minimum face à un public qui de toute façon qui de tout façon n'est plus très regardant face à son travail. C'est Dwayne Johnson donc forcément il n'y a rien à dire. Après il a pas vraiment de partenaires pour lui voler la vedette ici, avec un casting chinois tristement laissé sur le bas côté pour laisser la lumière à cette belle histoire de famille américaine qui affronte et surmonte toujours l'adversité dans une morale bien pensante des plus prévisibles. Mais le reste du casting se montre tout simplement mauvais, entre une Neve Campbell à peine reconnaissable et inexpressive et une bande de méchants qui en impose autant qu'une bande de vigiles de supermarché.


Le tout n'est en plus pas du tout aidé par la réalisation technique déplorable du film, entre sa photographie saturée et franchement laide ou des effets spéciaux sortis d'outre-tombe à se demander si la totalité du budget n'est pas partie dans le salaire de Dwayne Johnson. Les effets de flammes sont hideux, les fonds verts visibles à en perdre la vue et le tout conjugue dans un final qui veut se la jouer jeu de miroirs et qui s'impose comme une des séquences les plus immondes vues dans un blockbuster ces 10 dernières années. Les super-productions de Johnson n'ont jamais brillé par leur réussite visuelle mais ici on atteint clairement un nouveau niveau. De plus, ce n'est pas relevé par la mise en scène de Rawson Marshall Thurber, qui au mieux se montre plate et molle et au pire totalement à la ramasse dans ses idées et qui ne parvient jamais à rendre lisible ses scènes d'actions. Le montage est beaucoup trop cut dans les affrontement pour cacher la mollesse des chorégraphies et des acteurs.


Skyscraper est bien partie pour être le nanar de l'été. Avec son scénario à coucher dehors, qui rivalise d'incohérences et de bêtises, couplé avec sa réalisation hideuse et son casting aux fraises il n'y a quasiment rien à sauver de cette entreprise. Quelques sensations de vertiges bien senties ici et là, un humour involontaire face au ridicule des situations et rentrez chez vous il n'y a plus rien à voir. Dwayne Johnson prouve ne plus faire que des films à sa gloire, ne regardant même plus la qualité de ses projets car il sait que sa seule présence suffira à attirer les foules. Pourtant Skyscraper est juste un mauvais film totalement symptomatique des blockbusters d'actions actuelles qui s'imposent par la fainéantise et la facilité. S'érigeant sur la gloire d'une star, l'entourant d'effets spéciaux mal finis dans un scénario creux et sans originalité, voilà ce qu'est pour Hollywood la définition du film d'action made in 2018. Heureusement que Mission: Impossible Fallout sort d'ici peu qui devrait apparaître comme une bouffée d'air frais avec sa volonté du "fait en brut" et l'ambition qu'il semble déployer.

Créée

le 15 juil. 2018

Critique lue 890 fois

11 j'aime

3 commentaires

Flaw 70

Écrit par

Critique lue 890 fois

11
3

D'autres avis sur Skyscraper

Skyscraper
EricDebarnot
3

Feu chatterton

"Skyscraper", c'est le film parfait pour moi, en fait. D'abord parce que j'adore faire le touriste lambda en montant sur les tours les plus hautes - j'ai fait les Twin Towers avant que ce salopiaud...

le 14 juil. 2018

41 j'aime

16

Skyscraper
Mr-Potatoes
1

La Ventoline infernale

Aimer quelqu'un qui adore les films catastrophes pourris (selon sa formule consacrée) n'est pas facile tous les jours. Et pour préserver l'équilibre et la paix du ménage il faut faire des...

le 17 juil. 2018

40 j'aime

7

Skyscraper
HITMAN
6

Papa aime qui ?

Après la parodie d'espionnage Agents presque secrets en 2016, la Star de l'action Bankable, The Rock (oui, c'est vrai j'aime toujours l'appelé ainsi mais c'est quand même son nom de scène qui la...

le 12 juil. 2018

12 j'aime

5

Du même critique

Glass
Frédéric_Perrinot
6

Une bête fragile

Alors en plein renaissance artistique, M. Night Shyamalan avait surpris son monde en 2017 lorsque sort Split et nous laisse la surprise de découvrir lors d'une scène en début du générique de fin...

le 22 janv. 2019

66 j'aime

6

Ça
Frédéric_Perrinot
7

Stand by me

It est probablement un des plus gros succès et une des œuvres les plus connues de Stephen King, et il est presque étrange d’avoir attendu aussi longtemps avant d’avoir eu une vraie adaptation...

le 22 sept. 2017

63 j'aime

1

A Cure for Life
Frédéric_Perrinot
8

BioShock (Spoilers)

Après une décennie à avoir baigné dans les blockbusters de studio, Gore Verbinski tente de se ressourcer avec son dernier film, faisant même de cela la base de son A Cure for Wellness. On ne peut...

le 17 févr. 2017

59 j'aime

3